Rendez-vous révélateur
de francois18480
Le son sourd et régulier des cloches de l’église de mon village me réveille ce matin à neuf heures, à l’aube pour moi un dimanche. D’habitude, je ne les entends pas, ça fait vingt-cinq ans qu’elles font partie de mon environnement. Mais aujourd’hui n’est pas un jour comme les autres…
Avant de vous raconter pourquoi je suis aussi matinal, laissez-moi me présenter en quelques mots. Je me prénomme Enguerrand, ne riez pas, j’ai eu droit à suffisamment de quolibets de mes camarades durant mon enfance de par l’originalité (pour ne pas dire autre chose) de mon prénom. Une idée de mon père qui avait un de ses ancêtres qui portait ce nom. C’est pourtant un prénom que j’aime beaucoup, un prénom courant au Moyen-âge. Mais allez faire comprendre ça à des gamins de dix ans qui savent à peine que cette période de l’histoire existe…
Comme je l’ai dit précédemment, j’ai 25 ans depuis quelques jours. Physiquement, je suis très quelconque, ni vraiment beau, ni franchement laid. Brun aux yeux marron, je plafonne à 172 centimètres. Les cheveux courts, aucun piercing ou tatouage, je passe complètement inaperçu dans un groupe de jeunes. Faisant peu de sport, ma musculature est peu développée, c’est le moins que l’on puisse dire…
Professionnellement, j’exerce depuis maintenant deux ans au sein d’une grande entreprise les fonctions d’assistant en ressources humaines. Pour résumer, je participe à la sélection des curriculum vitae des candidats aux postes vacants dans la boîte, prépare les entretiens que fera passer mon chef et au milieu de tout ça, fait de la paperasserie administrative. Je gagne pas mal ma vie d’autant plus que je loge encore chez mes parents, le temps d’accumuler assez d’économies pour obtenir un emprunt en vue de l’achat d’un appartement. La cohabitation se passe très bien, ils ne sont pas envahissants, du moment que je participe un minimum aux travaux quotidiens.
J’ai une sœur, Marie. Oui, vous allez me dire que mes parents ont eu moins d’imagination pour elle. Je ne peux pas vous donner tort… Elle est mariée avec Cédric et a deux petits garçons, des jumeaux que j’adore. Clément et Tom, tout juste trois ans. Au moins, elle a assuré la descendance de la famille parce que moi, je passerai mon tour. Non pas que je n’aime pas les enfants, au contraire. Ce sont juste les futures mères que je n’aime pas, je suis gay… Une information que vous seuls, amis lecteurs, connaissez.
Voilà, maintenant que vous en savez un peu plus sur moi, je peux vous expliquer la raison pour laquelle je me suis réveillé aussi « tôt ». J’ai rendez-vous avec un garçon. Quelqu’un dont je connais tout le parcours mais que je n’ai aperçu qu’une fois, au détour d’un couloir. Suffisamment longtemps pourtant pour qu’il me fasse un clin d’œil en voyant que je l’observais. Suffisamment longtemps pour que j’ai instantanément la certitude que c’est le bon. Suffisamment longtemps pour que je remarque que j’avais l’air de lui plaire. Ce garçon, j’ai eu son CV (avec photo) entre les mains. Je l’ai sélectionné pour un entretien, même si je savais qu’il ne correspondait pas au profil recherché. Et je me suis arrangé pour passer dans le couloir à l’heure de son rendez-vous.
Il s’est avéré que l’original était encore mieux que la photo… Après ma journée de travail, j’ai alors pris mon courage à deux mains et lui ai envoyé un message à partir du numéro récupéré sur sa fiche. Je lui ai simplement dit que je l’avais croisé dans le couloir ce matin juste avant l’entretien, que j’espérais qu’il se rappelait de moi et que j’aimerais beaucoup le revoir. Il m’a répondu dans les trois minutes suivantes. Oui, il se souvenait de moi et oui il voulait me revoir et beaucoup plus longuement. Rendez-vous à 11 heures ce dimanche devant la Fnac d’Amiens. C’était lundi, ça fait donc une semaine que j’attends ce jour. On y est. Enfin…
Il est temps que je me lève si je ne veux pas être en retard. Je n’en ai pas pour très longtemps à aller sur le lieu du rendez-vous, le plus difficile sera de trouver une place de parking à proximité. Mais avant de penser à ça, réfléchissons plutôt aux vêtements que je vais arborer pour cette première rencontre. Je m’étais depuis plusieurs jours fait une première sélection, retenant trois tenues différentes. Une plutôt classe (chemisette blanche et jean noir), une décontractée (tee-shirt rouge et toujours un jean mais bleu cette fois) et une troisième composée d’un polo avec le petit crocodile et un pantacourt, au cas où la température de ce début d’été aurait commencé à réchauffer. L’ouverture de mes volets m’amène à éliminer cette dernière possibilité, une pluie fine tombant dans le jardin. Il m’en faut plus que ça pour perdre le sourire affiché sur mon visage depuis ce matin… Je me donne le temps de la douche pour prendre ma décision vestimentaire, en espérant ne pas me tromper et plaire au garçon que j’ai osé aborder…
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