Chapitre 11
Nas attendis que Fukume sorte de la grotte. Il inspira un grand coup et sortit à son tour, espérant que la chasseresse ne le remarque pas. Elle trottinait à une allure soutenue, si bien que le rouquin peinait à la garder en vue.
Elle semblait plus vivante que jamais, sautant par dessus les racines, se faufilant entre les branches, traversant les cours d’eau. Un sursaut d’excitation montait dans la poitrine du jeune garçon. Il s’apprêtait à élucider de mystère qu’il avait sous les yeux depuis des semaines.
Il s’appliquait à faire bruisser le moins possible les feuillages de la végétation environnante. Pas question de gâcher cette occasion bêtement. Il accéléra la cadence, de plus en plus essoufflé.
Ils avaient passés le secteur de forêt que Nas connaissais. S'il perdait la jeune fille de vue, il ne retrouverai pas son chemin.
Malgré lui, Nas haletait. Il couraient depuis au moins trente minutes, et le jeune garçon avait les articulations douloureuses. Il espérait ne pas être trahis par son souffle court. Fukume quand à elle ne semblait pas le moins du monde affectée par sa course, sa respiration était normale.
Enfin, elle ralenti l’allure et se mit à marcher. Soulagé, Nas fit de même. La jeune fille semblait comme… En transe. Différente.
La brettelle gauche de sa combinaison était tombée, dévoilant sa marque. Malgré la pénombre, on distinguait parfaitement la peaux boursouflée formant une faux sur son omoplate gauche.
Nas plissa les yeux. Le paysage semblait différent. Les arbres étaient moins denses. Fukume avança encore un peu avant d’arriver à la lisière de la forêt.
Il observait la scène caché derrière un tronc d’arbre. Devant eux, s’étendait la ville de Cayenne. Des rues étroites, irrégulières. Des grandes routes. Des lumières allumées de part et d’autre.
La fureur s’empara du garçon roux. Elle lui avait caché tout ce temps qu’elle savait où trouver la ville. Elle l’avait empêché de rentrer chez lui. Il se sentais trahi. Elle lui avait refusé de revoir sa famille, ses amis. La journée, elle lui apprenais à survivre, elle chassait pour deux. La nuit, elle allait en ville. Sans lui.
Nas aurait pus simplement la laisser et se rendre au poste de police le plus proche. Il aurait donné son nom et son adresse et on l’aurait raccompagné chez lui. Mais la curiosité pris le dessus. Il voulait savoir ce qu’elle faisait en ville toute les nuits.
La chasseresse s’élança dans les rues. Ses pas semblaient ne faire aucun bruit sur les vieux pavés. Elle s’arrêta devant une petite maison à la façade peu entretenue.
Sans aucune hésitation, elle grimpa à la gouttière et se hissa sur le toit avec une agilité qui ne cessait de surprendre le jeune garçon. Il se plaqua au mur, renonçant à la suivre en hauteur. Elle serait partie bien avant qu’il n’atteigne les tuiles du bâtiment. Il la suivit en longeant les bas de toiture.
Soudain, elle se figea en regardant la rue croisant celle dans laquelle Nas se tenait. En se penchant, il aperçu un passant. La suite fut très rapide.
Fukume sortis des lames de ses avants bras. Elle fondit sur le passant. Le sang gicla. Avant d’avoir pu prononcer un mot, l’homme était au sol, la gorge tranchée. Les dernières lueurs de lucidités disparurent de son regard tandis qu’une flaque rouge s’étendait au sol.
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Nas courait dans les rues. Le plus vite possible. Le plus loin possible. Celle avec qui il avait passé les dernières semaines était une tueuse. Son cœur battait à tout rompre. Quelles étaient ces lames ? Pourquoi ne l’avais t’elle pas tué ? Elle allait sûrement le faire maintenant qu’il connaissais son secret. Il devait mettre le plus de distance possible entre lui et elle. Il ne voulait plus la voir. Plus jamais.
Il l’avait considérée comme une camarade. En cet instant elle ne lui inspirait plus que du dégoût. Il voyais la gorge du passant s’ouvrir encore et encore, soulevant un haut le cœur dans sa poitrine.
Un monstre. Il avait vécu avec un monstre. Il la haïssait. Elle s’était fait passé pour quelqu’un de bien. Elle lui avait mentis tout ce temps. Il ne voulait même plus savoir pourquoi elle ne lui avait pas dit comment rentrer chez lui. Il ne voulait plus la voir.
Même en mettant fin à la vie de quelqu’un, son expression était restée de marbre. Il courait. C’était finit. Il ne parlerait d’elle à personne. Il quittait la forêt.
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Ânko emplit ses poumons de l’odeur humide de la canopée. Perchée dans les branches, elle scrutait patiemment le sol. Elle fronça les sourcils.
— Elle sait qu’on est là n’est-ce pas ? Demanda son partenaire dans la pénombre.
Pour toute réponse, la combattante rousse sauta au sol. Les sabres suspendus à sa ceinture émirent un tintement métallique à l’atterrissage.
— Bien sûr. Ce ne serait pas drôle sinon, répondit elle enfin.
Elle se lécha les lèvres supérieures en un sourire énigmatique.
— Ce serait trop facile si on effaçait nos trace derrières nous.
Son coéquipier la rejoint. Ils se jetèrent un regard entendu et se dirigèrent droit devant eux. Ils se trouvaient devant une cavité. L’entrée était couverte d’un rideau en peaux de bêtes. Les partenaires entrèrent l’un derrière l’autre. Ils plissèrent les yeux pour distinguer ce qui se trouvait autour d’eux dans le noir. Vide. Il n’y avait personne
— Le gamin a dû la suivre, supposa l’homme au nez cassé. Elle a enfreint le règlement mais elle poursuit sa mission.
— Je n’en attendais pas moins d’elle, fit la jeune fille rousse.
Elle se retourna vers son camarade.
— La chasse est ouverte. Que le meilleur gagne.
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