Chapitre 13
Dans quelques heures, Nas serait chez lui. Il n’entendrai plus jamais parler de Fukume, de la forêt ni de meurtres. Plus de cueillettes de fruits, plus d’explorations, plus de pêches. Ses plus gros problèmes seront de finir son DM de math à l’heure et convaincre ses parents de le laisser dormir chez Evan un lundi soir.
Il se força presque à sourire. Ils lui avaient manqués. Ses parents, Evan, sa vie normale de collégien. Il inspira l’odeur du béton fraîchement coulé. Il allait retourner à sa petite vie ennuyeuse. C’était mieux comme ça. Il lui faudrait inventer une histoire sur ce qu’il avait fait pendant tout ce temps. Mais c’était le mieux à faire.
Sans savoir pourquoi, le jeune garçon avait un goût amer en bouche. Pendant si longtemps, il avait voulu vivre une aventure.
Dans son imagination, affronter les dangers semblait si facile. Comme si la peur n’existait pas. Mais dans son imagination, pas besoin courage. Dans son imagination, ses compagnons de route ne se révélaient pas être des meurtriers. Dans son imagination, il n’était pas trahis.
Soudain, une silhouette descendit du toit d’un bâtiment. Dans sa course, à peine eût il eut le temps d’essayer de distinguer ce que c’était qu’il se trouvait nez à nez avec elle. Fukume.
Il essaya tant bien que mal de s’enfuir, mais elle le plaqua au mur. Un filet de sang coulait des avant bras de la jeune fille. À présent, il savait pourquoi. Elle était faite pour l’assassina. Sa force, sa vitesse, son agilité, tout cela n’était pas pour survivre mais pour tuer.
Il ferma les yeux. Il ne voulais pas mourir. Pas comme ça. Pas aussi bêtement. Il avait l’air d’un lâche. Alors, il ouvrit les yeux et enfoui son regard au plus profond des iris gris ternes de celle qu’il avait considérée comme une camarade. Ses pupilles se firent aussi noires qu’il avait de colère en lui. D’un battement de paupière, il lui communiqua tout le dégoût qu’il éprouvais à son égard. Puis, d’une voix sourde et défiante il articula :
- Tue moi.
Elle le détailla de haut en bas, comme si elle ne comprenais pas.
- Tue moi ! Hurla-t-il, ça n’a pas été si compliqué tout à l’heure hein ?! Alors vas-y, tue moi.
Elle le lâcha et recula d’un pas.
- On rentre.
Nas était haletant, son cœur battait aussi fort que sa rancœur. Il ne comprenais pas. Il avait découvert son secret. Elle ne voulait sans doute pas que l’on sache qu’une tueuse en série vivait en liberté en Amazonie. Alors pourquoi ? Pourquoi ne le tuait elle pas ? Qu’attendais t’elle ?
- Je ne vais nulle part avec toi, fit il d’une voix grondante.
Elle lui attrapa le poignet.
- On rentre, répéta t-elle.
-Tue moi ici si tu veux ! Mais pas question de faire comme si de rien n’était. Je ne veux plus te voir tu entends ?! Je ne veux plus te voir ! Tu es un monstre.
Il tenta de s’enfuir, mais il reçu un violent coup sur la tête.
___
Nas se réveilla avec une douleur criarde à l’arrière du crâne. Il palpa prudemment sa tête, et constata que l’endroit où il avait reçu le coup était légèrement gonflé.
Reprenant ses esprits, il regarda autour de lui. Il faisait jour, et au dessus de lui se trouvait un plafond en pierre. Il était de retour dans la caverne. Tout semblait si calme.
Il aperçut Fukume, assise contre la paroi de la grotte, face à lui. Et tout lui revînt.
Comment il avait suivit la chasseresse dans la nuit. Comment elle avait tué un homme de sang froid. Sa fuite à travers les rues. Sa confrontation avec elle. Elle l’avait assommé pour le ramener ici. Sa colère revînt d’un coup. Elle l’avait trahis.
Encore sonné, il se leva malgré la douleur. Il se plaça au dessus d’elle.
- Je t’avais dit que je ne veux plus rien avoir à faire avec toi. Fous moi la paix.
Fukume ne répondit pas.
Il se tourna vers la sortie de la grotte. La jeune fille lui attrapa l’avant bras sans prendre la peine de lui adresser un regard. Ce à quoi il répondit en lui lançant une œillade hargneuse.
- Je rentre chez moi.
Il se dégagea d’un geste vif. Elle n’essayait même pas de maintenir sa poigne.
Elle leva vers lui un regard presque arrogant.
- Rentre chez toi et tu es mort, fit elle d’une voix froide.
Nas vit rouge.
- C’est une menace ?! Mais je t’en prie tue moi, je préfère ça que passer le reste de ma vie avec toi.
C’était un mensonge. Il n’y avait plus qu’une chose dont il était sûr, il ne voulait pas mourir.
La jeune fille le regarda sans comprendre.
- Pourquoi ?
Pour la deuxième fois, il s’emporta pour de bon.
- Pourquoi ?! Mais parce que tu m’as trahis, tu m’as caché que tu savais comment je pouvait rentrer chez moi, et par dessus tout, tu as tué un homme de sang froids ! Et tu l’as certainement fait beaucoup de fois dans mon dos.
Fukume haussa les épaules.
- Et alors ?
- Et alors ? Et alors tu es un monstre. Et alors je te déteste !
Elle haussa un sourcil. Elle ne comprenais pas, et elle ne s’en cachait pas.
Le dégoût que Nas éprouvait à son égard ne cessait d’augmenter.
- D’ici quelques jours , au lieu d’aller en cours, des enfants iront à un enterrement ! Des femmes s’habilleront en noir et des amis pleureront. Personne n’a le droit de décider quand la vie de quelqu’un se termine !
Des larmes roulèrent sur les joues du jeune garçon. Des larmes amères. C’était la même jeune fille qu’il avait rencontré quelques semaines lus tôt. Mais il ne pourrait plus jamais la regarder de la même façon. Chaque fois qu’il croisait son regard, il voyais un innocent mourir.
- Pourquoi tu ne m’as pas tué ? Finit il par dire. Je ne suis qu’une source de problèmes après tout. Alors pourquoi ?
Il aurait juré voir un sourire mélancolique passer sur son visage.
- Parce-que… Tu me rappelles quelqu’un, répondit-elle.
Pendant un instant, Nas oublia sa haine, et sa curiosité refit surface. Qui ? Qui lui rappelait elle ? Et qui était ce quelqu'un pour elle ? Mais sa rancœur refit surface.
- Je ne suis pas cette personne, fit il d’un ton sec.
Elle soupira.
- Je sais. Mais c’est la raison pour laquelle je ne t’ai pas tué quand je t’ai vu. Maintenant je n’ai plus envie de te tuer. Je t’aime bien.
Le jeune garçon avança vers la sortie.
- Dommage. Parce que je te déteste.
Il se dirigea vers la sortie. Alors qu’il s’apprêtait à soulever le rideau en peau de bêtes, elle lui barra la route.
- Sors d’ici et tu moura.
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