Bombe

9 minutes de lecture

* Texte "légèrement" inspiré de la série "The Boys" ^^ bonne lecture ;) *

« Bombe ». Tel était le surnom que s’était choisi cette mystérieuse héroïne qui allait rejoindre le clan des Supers. Max, plus connu sous son surnom « Spectre » pour sa capacité à devenir invisible, avait hâte de la rencontrer. Les Supers étaient composés de douze membres, dont seulement trois femmes et celles-ci n’étaient pas très intéressantes… et surtout deux d’entre elles étaient déjà en couple ! Bien sûr il avait tout un tas de fans qui ne rêvaient que de lui, mais comment dire ? Ce n’était pas pareil que de se faire une Super !

Ils étaient déjà presque tous rassemblés dans la Super Salle de réunion, assis autour de la table en arc de cercle derrière laquelle une immense baie vitrée surplombait toute la ville. Le placement dépendait de l’ancienneté et de la puissance du Super. Max se trouvait à trois places de l’une des extrémités, une bonne place quand on savait qu’il avait intégré ces rangs seulement deux ans auparavant. La place centrale revenait au plus ancien et meilleur d’entre eux : « Jupiter », un sale prétentieux dont l’égo n’avait d’égal que la taille de la planète du même nom.

Max dévisagea ses collègues et soupira avant de se pencher sur son téléphone et de reprendre ses recherches sur cette nénette ! Son nom de Super était plutôt approprié, elle intervenait en ultime recours et pour cause : ses victimes avaient la tête qui explosait ! Personne n’avait encore été témoin de son don. Jusqu’à ce jour ! Songea Max avec un sourire carnassier.

« Spectre ! Planque ton putain de téléphone, il arrive ! Lui murmura Masse à sa droite.

— Il arrive, oui, et il entend tout ! » Résonna une voix riche, profonde, celle de Jupiter. C’est ton deuxième avertissement Spectre.

Max releva les yeux et fit face à cet abruti condescendant. Grand, musclé, la peau lisse et couleur bronze issue de ses origines arabes, les yeux bleus perçants de sa mère danoise. Les femmes et même les hommes du monde entier bavaient devant lui. Mais pas Max, lui ne pouvait pas le voir en peinture ; ce qui était plutôt dur à vivre au quotidien, car son fichu portait était PARTOUT : des affiches de métro promouvant les Supers, jusqu’aux emballages de dentifrice en passant par les cannettes de soda. L’homme vêtu de bleu et d’or tendit la main face à lui. Max serra les dents, il avait payé cher ce téléphone dernier cri ! Il le posa néanmoins dans la main de son supérieur et le regarda le broyer, quelques étincelles apparurent vaguement, jusqu’à ce qu’il n’en reste qu’une poussière métallique.

« Omnia ! D’autres mutins dans les rangs ? Tonna le surhomme, les yeux rivés sur Max

— Non, Jupiter. Répondit l’interpellée d’une voix mielleuse.

— Bien. Est-il nécessaire que je te rappelle ce que tu encours la prochaine fois que je te prends à violer une de nos règles ?

Max sentait son sang bouillir et, à voir le sourire espiègle d’Omnia, elle lisait parfaitement ses pensées. Heureusement, cette garce méprisait aussi Jupiter. D’ailleurs, elle méprisait tout le monde, certainement le résultat de son pouvoir.

— Non, Jupiter.

— Bien. Nous allons pouvoir commencer. »

Jupiter ne prit pas la peine de contourner la table pour prendre place, il survola ses collègues et la table avant de s’installer au centre. Il passa une demi-heure à rappeler les actes héroïques de chacun pour la semaine passée — appuyant surtout sur les siens —, puis il rappela les faux pas et erreurs de chacun à ne surtout pas reproduire si la situation se répétait — évitant soigneusement les siens. Max ne put s’empêcher de s’enorgueillir d’être dans la première catégorie et pas la seconde.

« A présent, il est temps de passer au grand sujet du jour : l’admission de notre treizième Super. Nous avons voté pour cette admission la semaine dernière.

Max se mordit la joue pour retenir un rire sarcastique. Le vote avait été nul : six partout, mais Juju étant dans les favorables à cette admission, sa voix avait fait la différence et personne n’avait osé s’interposer. Il le vit se redresser tandis qu’Il s’écoutait parler, narrant les hauts-faits de la nouvelle recrue. Il plana jusqu’à la porte faisant face à la table et s’arrêta à côté pour l’ouvrir, la révélant.

Une Bombe, une vraie. Voilà ce que pensa Max et certainement tous les autres super — sauf Juju, lui semblait indifférent, Max ne l’imaginait s’extasier que devant son propre reflet. La femme qui se tenait face à eux ne dévoilait rien : habillée d’un long manteau noir, épais et flottant ; il était difficile de distinguer sa silhouette ni ses formes et pourtant nul doute qu’elles étaient rondes et sensuelles ! Sa peau était couverte de partout, impossible d’en déterminer la couleur ! Un tissu couvrait ses cheveux et ses oreilles. Enfin, elle portait un masque pour cacher son visage, un masque japonais d’apparence colérique avec deux cornes rouges pointues, des grands yeux tristes et haineux, un sourire démoniaque avec des canines pointues, elles aussi rouges.

La jeune femme fit quelques pas gracieux, croisa les mains devant elle et s’inclina légèrement.

« Bonjour à tous. Je suis honorée d’intégrer vos rangs et je ferai tout pour me montrer digne de cet honneur. »

Max avait lu qu’elle était japonaise, il fut surpris de l’entendre s’exprimer dans un français si limpide, son léger accent la rendait adorable. Mais il y avait quelque chose en plus dans sa voix, quelque chose qui la rendait délectable, transcendante, addictive ! Se sentant observé, il détourna son regard et croisa celui d’Omnia ; Super Garce semblait se moquer de lui. Que savait-elle qu’il ne savait pas ?

Bombe se redressa et Jupiter la conduisit à son siège, en bout de table à l’opposée de Max, la place des nouveaux tant qu’ils n’avaient pas fait leurs preuves au sein des Supers. Jupiter, qui avait regagné sa place, prit la parole.

« Nous sommes tous convaincus que tu seras à la hauteur de cet honneur, Bombe. Déclara-t-il avec superbe. J’espère que vous avez tous apprécié le son de sa voix, car Bombe est plutôt taciturne. Elle m’a demandé de faire moi-même sa présentation. Bombe, de son vrai prénom Asami, qu’il vous est bien sûr interdit de révéler, est japonaise. Au Japon, elle était connue sous le nom de « Bakudan ». Elle se présente toujours sous la présente apparence, car elle veut préserver son identité. Il vous est interdit, à tous ! Son regard s’arrêta sur plusieurs Super, notamment Max. Il vous est interdit d’aller à l’encontre de ce désir de rester anonyme ! Pour les daleux parmi vous, dit-il avec mépris, sachez qu’elle est mariée, alors ne perdez pas votre temps à vainement essayer de la séduire.

Max jeta un œil à Super Garce ; c’était donc ça.

« Enfin, s’il devait arriver que son don soit utilisé, vous êtes tous tenus d’évacuer les lieux. Si vous ne pouvez pas sortir, recroquevillez-vous dans un coin, bouchez vos oreilles et fermez les yeux, c’est un ordre, mais aussi un conseil si vous tenez à rester en vie ! »

Un silence pesant s’installa, des questions brûlaient toutes les lèvres, mais personne n’osa les poser. Omnia arborait un sourire suffisant de son côté, elle savait, elle.

La demi-heure suivante fut employée à l’attribution de missions de surveillance ou des directives pour arrêter des trafics et autres coups montés. Max ne fut pas étonné d’être assigné à plusieurs missions, ses dons étaient remarquables et fort utiles !

Les semaines passèrent, des vies furent sauvées, des malfrats mis en prison… Un quotidien presque devenu ennuyeux pour un Super ! Et jusque-là, seule la force physique de Bombe fut employée, aucune mission ne nécessita son ultime recours. Max et d’autres tentèrent d’arracher des réponses à l’intéressée sur le comment de son pouvoir, elle resta muette. Quant à Omnia, il était peine perdue d’essayer de lui demander quoi que ce soit, aussi garce soit-elle, son intégrité l’empêchait de divulguer tous les secrets qu’elle connaissait.

Les missions se succédèrent et l’intérêt pour Bombe retomba dans les rangs. Elle conserva sa dernière place à la table de réunion. Jusqu’au jour où.

Jusqu’au jour où une bande organisée ultra discrète avait réussi à monter un braquage dans la célèbre bijouterie Harry Winston, à Paris. Toute forme de négociation échoua et plusieurs otages furent tués. Par un tour de force qui couta la vie à deux braqueurs, Jupiter, Bombe et Max parvinrent à rentrer dans l’arrière-boutique. Juju prit la parole.

« Bombe, je pense qu’il est temps de nous montrer tes talents. L’intéressée hocha la tête sobrement, son masque Hannya cachant son expression. Spectre, jette un œil à l’intérieur, compte-les, rassemble-les si tu le peux et donne nous leurs positions, Bombes opérera là où ils seront le plus nombreux nous nous occuperons du reste. »

Max hocha la tête et se dévêtit pendant que ses collègues regardaient ailleurs. Malgré toutes les recherches, les scientifiques n’étaient toujours pas parvenus à créer une matière qui disparaisse aussi bien que lui, mais peu lui importait, il n’était pas pudique et était fier de son corps. De tout son corps. Nu, il se concentra et devint invisible, spectral.

« J’y vais » avertit-il.

Non seulement son corps disparaissait, mais sa masse s’affaiblissait considérablement. Enfin, détail inconnu du grand public, il lui était possible de passer à travers la matière, donnant tout son sens à son nom de Super.

Il traversa sans difficulté la porte blindée. Le tour fut rapide et instructif : il restait cinq braqueurs et trois otages, les restes de quatre autres otages avaient été entassés dans un des petits salons, du sang maculait les murs et le sol, jurant cruellement avec le gris sobre de la boutique. Les bijoux et autres montres de luxe avaient tous été salement rassemblés dans un sac, les bandits étaient en train de discuter de comment se le partager et comment buter ce connard de Jupiter à l’arrière-boutique, car ils étaient au fait de son arrivée. Rapide et discret, Spectre murmura ses consignes aux oreilles des otages, qui eurent le bon sens de rester indifférent.

« Ici Spectre, nous allons intervenir. Restez calme et quoi qu’il arrive gardez les yeux clos ! »

Arrivé à hauteur du directeur de la bijouterie, il répéta sa consigne et demanda le code de la porte de l’arrière boutique. Le directeur ne se fit pas répéter deux fois la question et murmura la combinaison le plus faiblement possible.

Spectre revint sur ses pas. Une fois assuré d’être seul, il composa le code et ouvrit la porte à ses collègues. Il leur murmura ses observations. Jupiter hocha la tête, la mine sombre.

« Bien Spectre, à présent l’un de nous doit rester ici et l’autre vers l’entrée côté rue pour empêcher les fuites…

— Je prends côté rue ! L’interrompit Spectre, il espérait bien pouvoir assister à l’utilisation du don de la nouvelle recrue, en dépit des ordres.

Jupiter acquiesça, la mâchoire serrée. Il n’aimait pas être interrompu et il aimait encore moins rester en arrière.

« Soit. Bombe, tu sais ce qu’il te reste à faire. Spectre, bouche-toi tout de suite les oreilles et fermes les yeux une fois qu’elle est en place. »

Il n’attendit pas sa réponse et plaça des boules quies dans ses propres oreilles. Si même Jupiter prenait de telles précautions, il devait y avoir une bonne raison ! Spectre boucha ses oreilles de ses mains et suivit sa collègue.

Il l’entendit vaguement chanter, il lutta férocement contre l’envie de l’écouter. Il l'accompagna jusque dans le salon où se trouvaient tous les braqueurs. Ils étaient tous tournés vers eux. Non, vers elle ! Il se dépêcha de se placer vers l’entrée, mais ne put s’empêcher de garder ses yeux sur elle. Les voleurs étaient sous le charme, pourtant ils gardaient leurs armes pointées dans sa direction. Bombe détacha le tissu qui camouflait ses cheveux, révélant une cascade couleur ébène. Elle ôta sensuellement ses gants, dévoilant des mains délicates couleur miel.

Un parfum de jasmin flotta jusqu’à Max, l’envoutant. Malgré lui, ses mains descendirent le long de ses flans, il fut alors ensorcelé par le chant terrible d’Asami. Il la vit ouvrir son manteau face aux truands, leur offrant la vision divine de son corps sublime, parfait, surnaturel. Deux d’entre eux tombèrent à terre, victimes de convulsions et pourtant incapables de détacher leur regard de la déesse de la Mort. Sans s’en rendre compte, Max s’était lui-même quelque peu déplacé pour profiter du spectacle inédit, sous le regard jaloux des otages attachés et incapables de se mouvoir. Le chant de Bombe se fit plus rythmé, plus violent et alors qu’elle terminait sur une note haute et longue, elle détacha son masque, révélant son visage. Nul mot ne pouvait décrire la pureté et la perfection de ses traits. Max assista impuissant à l’explosion des têtes de toutes les personnes présentes, avant que la sienne ne cède également, incapable de supporter la vision du divin.

Annotations

Vous aimez lire Pattelisse ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0