Cela fait deux semaines que je suis chez Horace pour les grandes vacances. Ses parents ont accepté de me recueillir maintenant que la menace est moins grande. Les Aurors ont protégé leur maison et Horace a insisté à chaque petite vacance sur ma pseudo-dépression et celle de Charline.

J'ai appris que les filles avaient un tuteur au ministère qui ne s'occupait pas vraiment d'elles. Toutefois, il a accepté la venue de Charline chez Horace pour l'été, comme l'an dernier. J'ignore où Maeve passe les siennes. Horace et la rouquine ne le savent pas non plus.

Les parents d'Horace sont perplexes. Ils sont ravis d'être débarrassés de la menace puisque le statut de fille de Morgane de Maeve effraye les mangemorts, mais en même temps, ils appréciaient la jeune fille et s'inquiètent pour elle. Malgré les récents événements, ils ont envoyé un hibou à mon petit canard pour lui dire qu'elle pouvait écrire à Horace et Charline ou à eux en cas de besoin.

Ils ont reçu une réponse polie de Maeve leur disant qu'elle n'avait besoin de rien sauf qu'ils prennent soin de la rouquine maintenant que Charline n'avait plus de sœur. Depuis, aucun courrier ou hibou. Les parents d'Horace redoublent d'efforts pour offrir une vie de famille paisible et aimante à Charline. Ils se sentent un peu coupables envers les filles.

Nous nous amusons tous les trois comme des gamins. La pauvre Charline a du mal à gérer nos chamailleries de mecs en début d'adolescence. La petite est couverte d'attentions, couvée par deux grands frères hyper protecteurs. Pour les câlins, ça reste Horace le préféré. Pour les chamailleries et la bagarre, c'est moi.

Nous sommes en train de courir dans le jardin. J'ai volé la peluche de licorne de Charline et refuse de lui rendre. Horace et elle me poursuivent pour la récupérer, mais je cours vite. Nous cavalons à vive allure avec la fougue de notre jeunesse. Soudain, j'aperçois quelqu'un au loin. Je m'immobilise et sors ma baguette. Je viens de voir ma mère qui atterrit devant moi, vêtue d'une cape noire.

- Rentrez à la maison tout de suite.

Charline s'enfuit tandis qu'Horace lève sa baguette comme moi. Ses parents arrivent en courant et menacent ma mère également. Maman lève les mains et se met à genoux. Elle se rend. Elle semble apeurée et perdue. Je m'aperçois qu'elle est en pleurs et tient une photo de moi dans sa main. On dirait qu'elle ne sait pas où elle se trouve. Maman me reconnaît enfin.

- Mon enfant. Je me suis enfuie. Tu me manquais trop.

Je la regarde droit dans les yeux. Son regard est plein d'amour. C'est celui que j'ai toujours connu. Maman tend ses bras vers moi. Je range ma baguette et m'approche. Maman me serre tendrement et me couvre de baisers. Elle me supplie de la pardonner pour la gifle. Maman me dit ce que je sais déjà, que son corps était contrôlé par quelqu'un d'autre.

Elle est agitée de tremblements et sa voix hoquette entre deux sanglots. Elle me serre si fort qu'elle me fait un peu mal. Comme elle m'a manqué aussi, je lui rends son câlin et ferme les yeux de sentir de nouveau Maman et ses bras.

Des Aurors arrivent suite à l'appel des parents d'Horace. Ils sont stupéfaits de la voir ici et en vie. La maison est censée être introuvable. Ils l'emmènent pour un interrogatoire. Trois jours plus tard, Maman revient plus ou moins blanchie de tout soupçon. Les parents d'Horace acceptent de la recueillir quelques jours, pour que je puisse profiter d'elle avant qu'elle ne rejoigne ma famille maternelle. Elle me raconte alors tout ce qu'elle a pu voir.

Après la première tentative de Carrow de sonder mon esprit, mon père s'est plaint au ministère. Carrow a été interrogé ainsi que ma tante. Le ministère a ouvert une enquête. Mes parents l'ignoraient alors, la famille Lestrange était déjà sous surveillance depuis le décès de mon oncle.

Une semaine avant le début des vacances d'été, mes parents sont allés manger chez ma tante. Ma mère a comme un blanc. Elle se rappelle qu'elle se débattait contre des ombres sombres. Maman ignore tout ce qui s'est passé entre ce dîner et l'agression que j'ai subi. Son premier souvenir remonte à la gifle qu'elle m'a mise. Son corps ne lui répondait plus. Elle s'est vu transplaner et m'emmener à ma tante sans pouvoir agir. Maman était spectatrice de son corps, hurlant mentalement au secours.

Quand Carrow a lancé son sortilège pour entrer dans mon esprit, elle a eu comme l'impression de sortir de son propre corps. Son fantôme se mit entre mon crâne et la baguette de Carrow. L'esprit de Maman tentait d'empêcher Carrow de lire en moi. Alors qu'elle me protégeait, Maman a senti une autre force, une puissante jamais ressenti auparavant. Une bulle est partie de son cœur pour exploser, la libérant ainsi du sortilège. Maman repris le contrôle de son corps et de ses pensées d'un seul coup.

Puis le Basilic est apparu. Maman a eu peur pour moi. Son corps et son esprit n'ont fait plus qu'un. Elle a lancé des sortilèges de protection sur moi puis a invoqué mon balai. Sur le coup, Maman ne comprenait pas pourquoi le Basilic ne se tournait pas vers moi. Elle créa d'épais nuages de fumées pour dissimuler ma fuite.

Le Basilic attaquait Carrow et les autres personnes présentes sauf moi et elle. Une vieille femme qu'elle n'avait pas vue est entrée pendant que je m'enfuyais. Le Basilic s'en est pris directement à elle. La vieille femme a parlé en Fourchelangue. Après un sifflement qui vrilla les oreilles de tout le monde, le Basilic a disparu dans un nuage de fumée violette.

Maman comprit à ce moment-là que ce drôle d'animal avait un lien avec la fillette étrange dont je lui parlais parfois. Elle réalisa que ce monstre était venu pour me protéger et me permettre de fuir. Le reptile ne m'avait pas attaqué puisque j'étais son protégé, et il n'avait pas attaqué Maman puisqu'elle cherchait à m'aider.

Durant toute la scène, mon père était resté immobile comme pétrifié. Carrow et ma tante hurlaient de colère en voyant ma disparition. La vieille femme était furieuse. Ma mère est restée immobile comme papa. Elle était tétanisée de peur, ne comprenant pas ce qui venait de se dérouler en si peu de temps.

Ma tante a ordonné à mes parents de lui dire où me retrouver. Mon père a répondu d'une voix morne que j'avais dû rentrer à notre maison. Maman a trouvé la réponse de Papa illogique, elle et lui me savent bien trop malin pour aller à un endroit aussi évident. Les mangemorts ont transplané. Maman a dû suivre le mouvement afin de ne pas attirer l'attention des autres.

Ma mère ne comprenait pas ce qui se passait. Elle voyait mon père avec des yeux comme éteints. Il ne lui prenait pas la main, il ne la regardait pas. Elle a compris qu'il subissait un Impero lui aussi. Pourtant, sa réponse était illogique. Lorsque ma tante interrogea Maman, elle fit mine d'être sous l'emprise du sortilège et parla d'un lieu encore plus improbable, ma cabane dans le bois enchanté.

En atterrissant, tandis que les autres inspectaient les bois, Maman a soudain entendu une voix enfantine lui dire que j'étais en sécurité et lui demandant de rester là pour en savoir plus. La voix lui a presque ordonné de suivre les mangemorts en simulant un Impero afin de découvrir ce qu'ils voulaient à Oliver. La voix lui a dit de ne pas avoir peur, un complice veillerait à sa sécurité. Maman a obéi, suivant docilement le groupe chez Horace puis Poudlard et tous les lieux qui me sont chers.

Durant un an, elle a suivi le groupe en mimant l'emprise de l'Impero. Ma tante et Carrow portent la marque du seigneur des ténèbres. Carrow n'est pas son compagnon. Il appelle ma tante Madame Lestrange. La vielle est appelée Altesse ou Reine Mère. Maman est sûre de l'avoir déjà vu quelque part, pourtant, elle n'arrive pas à se rappeler où.

Mon oncle était bien un mangemort. Le plus inquiétant est que toute cette bande de mages noirs appellent mon cousin Prince des ténèbres ou Monseigneur. Mis à part la vieille, tous se prosternent devant lui y compris ma tante, sa propre mère.

Maman a raconté tout ce qu'elle a vu au Ministère, y compris qu'un membre important du Ministère français dont elle ignore le nom, travaille pour ma tante. Le Hibou du professeur Bordial venait régulièrement lui donner et prendre des nouvelles. Cependant, les informations reçues ou données étaient bien minces. Le ministère ne parvient pas à comprendre toute cette histoire.

Maman ignore pourquoi ils veulent tuer Maeve. Ils l'appellent l'abomination ou le monstre. La plupart des mangemorts ont peur de Maeve. Seul Benoît et la vieille folle semblent ne pas craindre mon ancienne amie. Tous se réjouissaient à chacune de mes disputes avec elle. Ils étaient joyeux de savoir que nous nous détestions, également de me voir en proie à de violentes colères.

Les mangemorts veulent me contrôler, car seul moi et mon cousin possédons les quatre sangs. C'est-à-dire que nous avons parmi nos ancêtres les quatre fondateurs de Poudlard. Je suis le seul à avoir potentiellement la même puissance magique que mon cousin. C'est pour cela qu'ils m'ont agressé. Les mangemorts veulent que je devienne un des leurs. Cela n'a rien à voir avec Maeve. Ils espèrent y arriver en détenant mes parents malgré leur tentative échouée.

Ma mère a tenu un an, pour me protéger. Elle s'est fait surprendre le matin de son arrivée par la vieille alors qu'elle pleurait en regardant une photo de moi. La vieille a voulu lui lancer un sortilège de mort, mais une créature horrible est apparue. La bête a sifflé et contré le sortilège de la vieille, absorbant la magie funeste.

- Je vous tuerais tous, bande de nazes, a rugi la créature.

Sa queue s'est enroulée autour de ma mère puis elle a décollée sans que Maman ne comprenne. Ma mère s'est retrouvé ici dans le jardin en quelques secondes, encore choquée d'avoir vu la mort de si près. Tout ce qu'elle sait, c'est que la voix de la créature était la même que celle qui lui avait dit que j'étais en sécurité il y a un an. C'est la voix d'une fillette.

Juste avant de partir, maman a pu voir que cet étrange être a terrorisé la vieille. Ma mère a décrit la créature au ministère. Un dessin a été fait. Je reconnais immédiatement l'image. C'est la même créature qui est apparue lors du cours de défense contre les forces du mal, à part qu'elle a les ailes en plumes vertes et violettes au lieu d'écailles noires. Charline, qui espionne, se met à regarder l'image. Elle sourit, caresse l'image et ne dit rien. Tout le monde s'en va pour me laisser seul avec Maman.

Maman retient la main d'Horace quelques secondes. J'apprends avec un peu de surprise même si je l'avais compris à demi-mot que mon cousin a aidé de son mieux maman durant sa période au manoir, la couvrant et lui donnant de mes nouvelles discrètement. Seul moi et Horace devons savoir cette information que Maman a caché aux Aurors à la demande de mon cousin.

Maman a dissimulé aussi une autre information. Benoît a donné l'identité de la vieille folle à Maman. C'est Bellatrix Lestrange qui a survécu. Mon cousin refuse de devenir un mangemort et jouerait double jeu d'après Maman. Bellatrix ayant des espions partout, moi et Horace promettons de ne jamais divulguer cette information.

Toutefois, je n'ai pas pleinement confiance en mon cousin. Je continuerais de me méfier de lui. Cette histoire est des plus bizarres. Maman est du genre naïve et gentille. Je ne peux m'empêcher de penser que mon cousin lui a sûrement menti. Les mangemorts le vénèrent d'après Maman.

Ce serait lui le descendant de Voldemort, le prochain Seigneur des Ténèbres. L'arrière-petit-fils de Bellatrix, celui qui est censé tuer Maeve. Même si j'aime mon cousin, je dois prendre en compte les aspects moins sympas du problème. Je ne peux pas croire qu'il est aussi gentil que Maman le prétend et je dois prévenir Maeve de se méfier de lui alors qu'elle s'en rapproche justement.