Maeve continue de s'étriper avec mon cousin. Ils ont tous les deux le même caractère. C'est impressionnant de voir comme ils se ressemblent comme deux gouttes d'eau. Si physiquement ils sont différents, mentalement, ils sont jumeaux. Les mêmes accès de colère. La même envie de justice. La même confiance en eux inébranlable. La même prétention. Le même humour merdique. J'ai parfois l'impression d'être avec mon cousin alors que c'est elle.

J'en ai parlé vite fait avec Horace une fois lors d'un de leurs rendez-vous. Il est d'accord avec moi. Maeve et Oliver ont été faits dans le même moule de chiantittude. Ces deux-là l'épuisent avec leurs incessantes bagarres. Mon pote s'est fichu de moi en disant que d'après ses souvenirs, je suis le troisième à avoir bénéficié de ce moule. Étant le plus vieux des trois, c'est moi l'ébauche pour atteindre la perfection des casse-pieds que sont les deux sales gosses.

Cette andouille a raison. J'ai attrapé un fou rire à sa remarque. Lorsque je l'ai répété à Maeve dans la grande salle, j'ai été repris d'un fou rire de gamin avec Louise. Qui est devenu incontrôlable quand Maléfique m'a tiré la langue avec espièglerie. Elle assume totalement son coté casse-pieds. Ce qui la dérange, c'est de ressembler autant à Oliver. Ma remarque l'a troublée.

Je taquine mon amie pendant plusieurs jours. Je lui cherche la moindre ressemblance même lointaine. Colorant ses cheveux en blond, je me prends un seau d'eau sur la tête avant de parvenir à lui faire les yeux gris. Je m'amuse à lui faire porter la même écharpe ou le même pull que mon cousin pour qu'elle le croise dans la même tenue. Je souligne chaque mot ou attitude proche. Bref, j'exaspère ma jolie brunette et me fais botter les fesses en riant.

Mon petit jeu amuse ma bande de potes et perturbe un peu Maeve. Quelque chose la tracasse dans le fait de ressembler autant mentalement à mon petit crétin de cousin. J'ai souligné trop de similitudes, et Horace aussi pour que ce soit pure coïncidence d'après Maléfique. Elle a peur que leur lien télépathique modifie leurs caractères respectifs. Je la rassure sur ce point. Oliver a toujours été comme cela, bien avant de connaître Maeve. 

Charline valide mes propos. Maeve est, depuis toute petite, chiante. Ils se ressemblent, toutefois ce n'est pas en raison de leur lien télépathique. La brunette reste perplexe, elle se demande si elle n'a pas ce lien depuis plus longtemps que son arrivée à Poudlard, ce qui est improbable.

Avec Louise, nous avons trouvé un stratagème pour que Horace et Charline puissent voir librement Maeve facilement. Nous nous sommes inscrits tous les cinq à un cours de danse celtique qui a lieu tous les lundis et jeudi soir à Pré au Lard. Il n'y a quasi personne à ce cours et surtout aucun élève ou professeur. Ainsi, ils peuvent passer du temps ensemble trois fois par semaine avec un rendez-vous le week-end.

Personne ne soupçonne qu'ils sont toujours aussi proches. Maeve câline Horace de la même manière qu'elle me colle, voire même plus. Elle déborde de joie depuis que nous avons trouvé cette astuce. Le moral de Maléfique grimpe en flèche et elle se montre plus tolérante et plus rieuse avec tout le monde. Aucun doute, la brunette était en manque de câlins. À moins que ce ne soit Horace qui sache mieux l'apaiser que moi.

Sans devenir ami avec Charline qui continue à se méfier de moi, je peux passer du temps avec ma jolie rouquine. Je l'admire quand elle danse, me faisant taper sur la tête par Louise ou Maeve quand je reluque de trop. J'ai beau tout essayer, la petite fée refuse d'être ma cavalière. Elle préfère danser seule plutôt qu'avec moi. Charline me déteste malgré les remarques gentilles de sa soeur. Cela me rend triste.

Horace est plus cool et écoute les propos de Maeve. Lui et moi avons de nombreuses discussions "entre mecs" dans les vestiaires pendant que les filles se changent. Au début, son ton était cordial mais méfiant. Peu à peu, en papotant, en entendant Maeve et Louise parler de moi avec gentillesse et surtout en voyant sa sœur s'épanouir et être couverte d'attentions fraternelles de ma part, mon pote me donne une chance.

Peu à peu, je redeviens ami avec lui. Un pote secret, qui me rassure sur l'état mental de mon cousin et m'aide à gérer Maléfique et son sale caractère. Horace prend soin d'Oliver et Charline comme je prends soin de Maeve et Louise. Il m'a même remercié une fois d'avoir protégé la maman d'Oliver durant son séjour au manoir. Je lui ai donné ma parole de continuer à veiller sur mon oncle de mon mieux. Même si je sens qu'il a encore quelques doutes, il m'accorde suffisamment de confiance pour me donner des informations sur la progression de l'enquête des Aurors à propos de ma famille.

De toute manière, je l'interroge peu sur ce sujet. Nous discutons beaucoup de Maeve, Oliver et de la bande. Il est le seul à qui je parle librement des pouvoirs émergents de la brunette. Tout comme moi, il est impressionné par sa puissance et il a remarqué les étranges phénomènes qui se passent en marge des cours. Charline et lui ne savent pas pourquoi Maléfique est si respectueuse de ce professeur. Horace trouve également leur relation étrange. Il me confirme que ni lui, ni Charline, ni Oliver, ni le professeur n'ont peur de Maeve. Et il ignore pourquoi Bordial est si peu craintif.

Suite à une question de la part de mon pote, j'ai expliqué à Horace comment je justifie la présence de Maeve à mes côtés auprès de ma famille. Je lui fais lire régulièrement les hiboux de Bellatrix qui m'interroge régulièrement sur l'avancée du projet " séduction du monstre et de l'idiote de Nott". Je raconte des bobards à la folle avec la complicité de mes amis.

Le temps que je passe à la bibliothèque avec Maléfique devient une initiation à la magie noire avec renseignements sur les sorts le plus funestes, alors qu'en réalité, nous recherchons les contre- sorts. L'adoucissement de mes propos envers les moldus, une manière de plaire à la brunette. Je ne cache rien à mon ami Horace. Il a pour preuve de ma bonne foi la transmission des données importantes au Professeur Bordial. Doucement, mon pote apprend à me faire confiance.

Nous avons tous ri quand j'ai justifié auprès de Bellatrix de mes sorties à Pré au lard comme des rendez-vous amoureux avec les deux filles. Ma galanterie est aux yeux de la folle des mensonges pour séduire deux idiotes. L'espion au Ministère relate des rapports confirmant mes dires. Aux yeux de Bellatrix, je suis le parfait descendant et héritier. Elle me fait une confiance absolue. Je justifie chacun de mes actes avec des propos plaisants pour les mangemorts. Je manie avec succès l'art de la duperie et des tournures de phrases ambiguës.

Nous approchons des vacances de Pâques et Maeve me supplie de l'emmener en Irlande, cette terre de légendes et de créatures magiques. Elle a une intuition et sent qu'elle doit s'y rendre. Mon amie est très insistante et bien qu'elle n'ait aucune preuve concrète de pourquoi elle doit y aller, je cède à son caprice. Louise nous couvre, disant à tous que nous sommes chez elle, ses parents étant en déplacement, personne ne peut vérifier nos propos.

Par un beau matin ensoleillé, nous décollons de la demeure Nott pour rejoindre l'Irlande sur nos balais. Durant tout le trajet, Maeve est nerveuse, migraineuse. Elle m'avoue entendre des voix dans sa tête qui lui indique un chemin à suivre. Sur place, Maléfique se laisse guider et marche les yeux fermés. Je serre ma baguette et observe les alentours. Nous nous retrouvons perdus en plein milieu d'une forêt. Soudain, je perçois un changement d'ambiance. Nous ne sommes plus dans une simple forêt. Ce lieu est inconnu du monde moldu et du monde des sorciers.

Je perçois une magie différente de celle que je connais. Un dragon nous survole, me faisant me coucher au sol apeuré. Les yeux de Maeve deviennent d'un violet intense comme ses cheveux et elle continue d'avancer. La brunette me dit de ne pas avoir peur, que nous n'avons rien à craindre et me demande de reposer ma baguette dans ma poche. J'ignore où on est, mon amie aussi, cependant, elle doit aller dans la direction d'où provient le dragon.

Nous arrivons à une espèce de rivière avec un petit étang. Maeve est de plus en plus fébrile. Selon elle, nous sommes proches du but. Sur le chemin, j'ai aperçu des créatures de types fées ou leprechauns qui se sont enfuis en me voyant. Maléfique qui était devant ne les faisaient pas fuir, ils se prosternaient. C'est de plus en plus bizarre. Si j'exclus le dragon, je n'ai vu aucune créature dangereuse ou vindicative. Avançant de plus en plus, la brunette se retrouve au bord d'une petite étendue d'eau. Soudain, un buisson à forme humaine me bloque le passage, m'empêchant de rejoindre Maeve. J'appelle mon amie un peu inquiet.

- Il est avec moi. Je réponds de lui. Je viens voir Ondine, la reine des Naïades et des Merrow terrestres.

Le buisson se prosterne devant Maeve qui enlève ses chaussures et plonge ses pieds dans l'étang. D'un geste, mon amie m'invite à faire de même. L'eau est glaciale. Nous nous prenons la main et la mare se met à frémir. Une couronne d'eau sort d'abord. Un cercle s'étirant vers le haut et dont les sommets des pointes sont de parfaites petites boules. La tiare qui émerge ressemble aux projections que fait une goutte d'eau qui tombe.

Puis, une silhouette féminine ailée sort peu à peu. Elle irradie de lumière et semble constituée d'eau. Les contours de son corps bougent sans cesse, animés de courants aquatiques visibles aux quelques morceaux de feuilles ou lentilles d'eau qui circulent à travers la femme qui se dresse devant nous.

D'abord en forme de queue de poisson, les membres inférieurs de la créature se transforment en jambes doucement afin de lui permettre de se tenir debout à notre hauteur. Son corps, fait de liquides, devient au fur et à mesure solide. Les poissons et grenouilles le quittent pour faire place à un être de chair. Elle nous regarde tous les deux puis se prosterne devant Maeve.

L'eau se réchauffe et est plus agréable au contact. Mon amie ne lâche pas ma main. Elle est si calme, paisible et sans peur. Cela me rassure dans cet endroit étrange. Je n'arrive pas vraiment à identifier la créature. J'ai vu un génie de l'eau, puis une fée et ensuite une Merrow et une Naïade comme l'avait annoncé Maeve. Je suis à la fois inquiet, fasciné et heureux.

La brunette et la femme se regardent. Elles semblent se parler. Maléfique s'enflamme sans me brûler et la créature tend la main vers elle. Un cœur de vapeur se crée entre elles, comme la fois où Maeve avait failli me tuer de colère au début de la deuxième année. Mon amie redevient normale et me désigne. C'est sûr. Elles se parlent mentalement. La créature touche mon amie qui se met à briller comme elle. Des ailes faites d'eau et de glace se forment dans le dos de la brunette.

- Il a le don de l'eau. Mais c'est la tendresse qu'il te porte qui a crée cette barrière, t'empêchant de lui faire du mal. Benoît t'aime. Je le sens dans l'eau en lui.

La femme vient de parler et me regarde avec douceur. Son beau visage encore liquide me sourit et un brin fasciné, je lui rends son sourire. Ses traits sont fins et délicats. Plus elle se rapproche de moi, plus son visage est humain. Sa tête est ornée d'une couronne dont les pierres précieuses sont des gouttes d'eau gelées. Ses cheveux longs et soyeux sont blancs comme de la neige et aussi fin que le fil d'une toile d'araignée. Ses yeux varient en fonction de la lumière entre blanc neige et bleu glace en passant parfois par des tons de vert algue. Elle est très belle et semble douce.

Elle me touche le visage et je perçois une douce chaleur m'envahir. Maeve ne me lâche pas la main et surveille le moindre fait et geste de la reine en face de nous. Je me sens soudainement fort, animée d'un nouveau feu. J'ai l'impression d'avoir vu une grande quantité de boissons énergisantes. J'ai une nouvelle puissance en moi. Quelque chose que je possède sans savoir l'utiliser.

La femme retire sa main en me laissant la bouche ouverte, le cœur battant. La créature redevient eau et rentre dans l'étang. Je suis en état de choc. Maeve est perplexe. Elle finit par me saisir la main et me faire sortir de l'eau. Après avoir remis nos chaussures, nous rentrons à Poudlard directement.