4.2.5 Prise de pouvoir
Mon amie ne parle guère durant notre trajet. Elle est soucieuse. Quand elle s'aperçoit de mon inquiétude, elle rapproche nos balais pour qu'ils soient côte à côte et en se mettant à califourchon sur les deux en même temps, elle vient se blottir dans mon dos pour me faire un câlin. En la sentant si proche, mes craintes s'apaisent. Maeve consent à me dire qu'Ondine, la reine que nous venons de rencontrer, lui a parlé de Morgane et aussi des créatures magiques aquatiques. L'immense savoir qu'elle lui a transmis via l'eau a donné une migraine à mon amie et c'est pour cela qu'elle semble tracassée.
L'année scolaire se termine sans que la brunette daigne m'expliquer ce qui s'est passé là-bas et où on était. Quelque chose est débloqué en moi. Quoi je l'ignore, mais je le sens. Ma magie est différente, plus puissante et mieux contrôlée. Les sorts fusent de ma baguette plus vite et parfois, j'ai l'impression qu'ils partent de ma main et non du morceau de bois que je tiens.
Ce qui est le plus étrange, c'est que le contact de l'eau m'apaise ou me redonne des forces. Si je fais une nuit blanche, il me suffit de prendre une douche et je suis frais comme si j'avais dormi deux jours. Si je m'énerve, je bois un verre d'eau et ma colère redescend immédiatement. Et surtout, j'ai traversé le lac d'une traite à la nage sous la surveillance de Maeve, et ce, sans être fatigué.
Fin des cours. Nous sommes de retour au Manoir pour l'été. Nous n'avons pas eu le choix. Bellatrix veut se rapprocher de "sa fille". La folle veut connaître davantage la brunette afin d'évaluer par elle-même si mon amie ferait une intéressante recrue mangemort. Mon arrière-grand-mère veut faire bonne impression auprès de Maléfique avant de lui révéler sa véritable identité et de se faire pardonner ses erreurs.
Sous son apparence déguisée, la folle passe de nombreux moments avec nous deux, nous couvant des yeux. Si nous ne la connaissions pas aussi bien, nous jurerions avoir une mère poule. Bellatrix ment pour plaire. Elle sent que je m'éloigne d'elle et veut me faire revenir, tout comme elle cherche à intégrer Maeve dans son troupeau de moutons noirs. À notre plus grand désespoir, nous n'arrivons pas à nous débarrasser d'elle.
Maeve fait d'énormes efforts pour se contrôler et ne pas exploser quand Bellatrix ou les mangemorts critiquent les moldus ou s'amusent à humilier des gens. Si nous voulons que notre plan marche, il faut que les mages noirs pensent que j'ai converti la brunette. Mon amie est incapable de dire du mal des moldus et encore moins de leur faire du mal. Maléfique se contrôle avec difficulté. Heureusement, pour remettre à leur place les sorciers, elle excelle et ainsi, à l'aide de quelques phrases bien placées et de sorts humiliants sur mages noirs, notre mensonge devient crédible.
Toutefois, pour plaire davantage à Bellatrix, et la duper plus facilement, Maeve s'invente des ressemblances avec elle de plus en plus affirmées. Cela va de ses sourcils qui s'épaississent, à des mimiques de cruauté, une passion pour jouer dans le feu et surtout pour rabaisser les larbins. la brunette s'amuse à devenir une mini frappa dingue.
Dans la bibliothèque secrète des Lestrange, j'ai trouvé un livre ou plutôt un journal intime appartenant à Rodolphus, le mari de Bellatrix. Il était amoureux d'elle depuis un grand nombre d'années avant de l'épouser et parmi les anecdotes d'enfance et d'adolescence qu'il raconte, certaines évoquent des péripéties qu'il a eu avec sa future épouse alors qu'ils étaient tout deux très jeunes. Nous utilisons ces informations pour mettre en place des petites scénettes avec Maeve en actrice principale pour rappeler des souvenirs d'enfance à mon arrière-grand-mère et lui faire croire que mon amie est bien sa digne fille.
Aujourd'hui, Carrow nous emmène voir un fabricant de baguette pour que mon amie en ai une de qualité. Un cadeau de Bellatrix qui a remarqué son bout de bambou. La folle a insisté pour offrir une baguette de qualité à cette si gentille fille sans famille qu'est notre très chère Maeve. Alors, nous n'avons pas pu refuser bien que Maléfique ait répété plusieurs fois, ne pas avoir besoin de nouvelle baguette. Je soupçonne la brunette de ne pas avoir besoin du tout de cet accessoire pour lancer sa magie. Mais nous devons continuer de sauver les apparences. J'ai aussi tout fait pour changer d'accompagnant, car s'il y en a bien un qu'on ne peut pas blairer, c'est bien lui.
Dans le magasin, le fabricant de baguette essaye de trouver la perle rare pour Maeve. Toutes les baguettes de la boutique s'agitent et plusieurs, parmi les meilleures associations bois / cœur, s'échappent de leurs étuis pour se présenter à mon amie. Le commerçant est stupéfait de voir ses productions volaient d'elles-mêmes vers la brunette. Ca sent la supercherie à plein nez. Carrow est bouche bée. La petite chipie a bien appris ses leçons. Elle choisit une baguette faite de noyer avec un ventricule de dragon, comme la toute première baguette de Bellatrix. Histoire de lui faire croire à leur lien de sang si "spécial".
En voyant le petit sourire de mon amie quand les baguettes volantes tombent toutes par terre, j'ai confirmation que cette chipie fait l'andouille. Je suis hilare de la supercherie. Maeve me confirme l'inutilité de la baguette en reprenant son bout de bambou en cachette et en lançant un sortilège de cheveux arcs en ciel de sa main sur Carrow qui ne comprend pas pourquoi les gens sourient autant à son passage. Cette mini humiliation a au moins le bénéfice de nous soulager des inepties qu'il raconte.
Nous rentrons au manoir et abandonnons le sale con pour aller passer du temps rien que tous les deux. Nous avons besoin d'une pause après avoir passé plus de deux heures avec Carrow et sa bêtise. Si Maeve ne se calme pas un peu, il va y avoir un massacre de mages noirs sous peu. Fort heureusement, le manoir est quasi vide et nous pouvons nous isoler et nous reposer quelques heures.
Mon amie et moi sommes tranquillement en train de bouquiner dans la bibliothèque du manoir. On est sur le canapé en cuir noir. Je suis assis. Elle est allongée la tête reposant sur mes cuisses. On est bien ainsi tous les deux, un peu seuls au monde. Mère entre dans la pièce. Elle reste silencieuse quelques instants en nous observant. Nous avons tourné notre regard vers elle. Je lui demande ce qu'elle veut.
- On dirait des jumeaux. C'est fou ce que vous vous ressemblez.....
- Vous n'êtes certainement pas venues pour nous dire cela Madame Lestrange, ironise Maeve.
- Non, je.... Son Altesse vous demande.
Nous nous levons sans hâte. Maeve s'étire et me prend le bras. Cela va faire plaisir aux mangemorts, toutefois, je sais que son geste de tendresse est sincère. Nous nous rendons dans le salon. Il y a une réunion de mages noirs. Bellatrix est de mauvais poil. Un autre sorcier nous a croisé alors que Carrow avait les cheveux arcs en ciel. La folle veut qu'on s'explique.
Nous ne devons pas ridiculiser nos fidèles. Mon arrière-grand-mère tente de rentrer dans mon esprit et celui de Maeve, de force. C'est une très mauvaise idée. Maléfique s'énerve illico avant que la folle n'ait fini de lancer son sort. La langue de mon amie devient fourchue et ses cheveux verdissent. Deux crochets pointus apparaissent dans sa mâchoire. Son visage se couvre de petites écailles reptiliennes noires aux reflets violets. Tous les mages noirs sauf la frappa-dingue reculent, effrayés. La brunette reptilienne siffle et se met à parler à Bellatrix en fourchelangue.
- Je fais ce que je veux. Ce connard a de la chance que j'étais de bonne humeur et que me suis contenté de colorer ses cheveux. Si Benoît n'avait pas été là, j'aurais réduit en cendres ce tas de merde pour les conneries qu'il débite sans réfléchir et si je trouve qui a envoyé une Morticia à Oliver, je le brûle vif sans préavis.
Le reste de l'assemblée est inquiet devant le début de transformation. Bellatrix se met à crier sur Maeve. Ce n'est pas une gamine de quinze ans à peine qui va faire sa loi. La folle lance soudain un DOLORIS contre mon amie et moi. Sans même nous consulter, nous nous défendons. Le salon se transforme en brasier et en tempête de neige.
Tous ont du mal à résister à l'ouragan de glace et à l'océan de flammes. Plusieurs mangemorts transplanent hors de la pièce. Maeve et moi restons parfaitement immobiles au centre de la pièce, main dans la main, face à Bellatrix qui se défend avec brio durant une bonne minute. Juste qu'à ce que la folle se mette à tousser, suffocant dans la fumée épaisse. Maléfique lève d'un coup nos sorts. La pièce redevient aussi calme qu'avant.
- Vous ne faites pas le poids face à moi ou Benoît les nullos. Un seul mot de lui et je vous tue tous sans ménagement, bande de nazes.
Nous tournons les talons d'un air fier. Par ces mots, Maeve vient de confirmer être responsable de la fuite de ma tante. L'assistance blanchit en comprenant l'allégeance de Maléfique. Ils se méprennent et croient que mon amie a agi sur mon ordre, puisque je ne tolère pas qu'on touche à ma tante ou mon oncle. Je foudroie Bellatrix du regard.
- Je suis son descendant. Son héritier légitime. Tu n'es qu'une poule pondeuse aux yeux du seigneur. Envoie encore un sort contre moi et je te tue de mes propres mains, vieille folle.
Je crache au visage de mon arrière-grand-mère. Pour la première fois, aidé de Maeve qui a pris le contrôle de mes pouvoirs, j'ai senti la puissance des quatre sangs. Ma Puissance. Je n'ai plus peur de Bellatrix. Je suis plus puissant qu'elle. Plus puissant que quiconque, sauf Maeve et Oliver, mais eux, ils ne me font pas peur. Je les aime.
Nous rentrons dans nos chambres et faisons nos valises de suite. Furieux, nous préférons partir pour Poudlard avec une semaine d'avance. Bellatrix nous envoie des hiboux d'excuses. Elle a cru que nous lui mentions. La folle accuse les larbins de lui avoir monté la tête contre nous. Un comble. Maeve et moi ne décolérons pas. Nous effrayons la frappa-dingue, lui faisant croire que nous lui échappons et que je ne veux pas le retour du Seigneur, mais devenir le nouveau Seigneur avec pour bras droit Maléfique et Louise.
Grâce à Felly, mon elfe de maison, aussi dévoué à Maeve qu'à moi, j'ai une personne de confiance au manoir. Je le conjure de veiller sur mon oncle. Je fais en sorte que mon oncle soit en sécurité et l'envoie loin du manoir en mission avec des sorciers de faible niveau qui me sont dévoués. Ils ne lui feront jamais de mal. Je leur ai interdit. Je suis plus puissant que Bellatrix, plus puissant que Voldemort à leurs yeux. Je suis le nouveau mage noir. Le nouveau Seigneur pour eux. Mon oncle est en sécurité.
Ils m'ont juré fidélité et ont fait le serment de veiller précieusement sur mon oncle. Je leur ai menti en disant qu'il aura un rôle à jouer en tant que père d'un descendant aux quatre sangs et doit donc rester vivant et en bonne santé. De toute façon, Felly ne le quittera pas des yeux une seconde et le protégera à ma demande.
Par sécurité, Maeve place une sorte d'alerte mentale sur lui. S'il est en danger, elle le saura immédiatement. Nous avons confié à mon oncle une sorte de portoloin modifié. C'est un bonbon au caramel dur que l'on peut cacher dans sa poche. Mon oncle nous a dit que c'est le bonbon préféré d'Oliver.
Une fois mis dans la bouche, la sucrerie emmènes la personne dans un lieu secret et sûr. En réalité, en plein cœur de la forêt interdite de Poudlard, auprès du troupeau de licornes protégé par les centaures. Maeve a donné une photo de mon oncle aux créatures équines en leur demandant de veiller sur lui si jamais il apparaissait un jour.
Pour être certain que personne ne touche à mon oncle, y compris Bellatrix, nous envoyons depuis Poudlard, des pluies de serpents ou d'acromentules au manoir chaque matin à huit heures trente, au moment du petit-déjeuner dans la salle à manger commune. Histoire de rappeler à tous que nous savons envoyer des sorts à distance et que nous ne sommes pas des bisounours. Je reçois de nombreux hiboux d'allégeance, des mages noirs qui me suivent et cessent d'obéir aveuglément à la folle. Nous affaiblissons ses rangs peu à peu sans qu'elle ne se doute de nos plans.
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