Invitation soudaine
Tulsa, Oklahoma
Vendredi 24 octobre 1980, 18h00
Nous avons trouvé un certain équilibre à Tulsa. J’ai trouvé un travail dans un grand bar du centre ville. C’est un établissement qui emploie surtout des filles jeunes et jolies, qui portent toutes une sorte d’uniforme sexy, un t-shirt échancré très ajusté et un mini-short. Moi, j’ai été embauchée pour seconder le patron, qui a apprécié mon expérience. J’ai été dispensée du short ! Le bar est installé au bord de la rivière Arkansas, et propose une grande terrasse. C’est la grosse affluence à l’heure de sortie des bureaux. Je prends mon service à 4 heures jusqu’à 10 ou 11 heures le soir. La paye est bonne et les clients ne lésinent pas sur les pourboires. Sur la base de mon salaire, j’ai pu louer un petit appartement dans un quartier populaire. Becky continue de rapporter de l’argent liquide et contribue généreusement à nos dépenses communes. J’ai décidé de ne plus m’inquiéter pour elle. Après tout, nous ne sommes que co-locataires.
Il est 18h, c’est l’heure de pointe un vendredi. La température est encore très douce et la terrasse est bondée. La bière coule à flots. Tout se passe au mieux lorsque je repère Becky qui se fraie un chemin jusqu’au comptoir. Ça ne lui ressemble pas trop de venir me voir au travail. Il doit y avoir quelque chose d’anormal. Je préviens le patron que je m’absente cinq minutes et je fais signe à mon amie de me suivre au fond de la salle où nous avons une petite salle de repos.
« Qu’est-ce qui se passe ? Il est arrivé quelque chose ? demandé-je angoissée.
— Oh, cool ! me répond Becky. Ne t’inquiète pas, il ne s’est rien passé, je voulais juste passer te prévenir.
— Me prévenir de quoi, ça ne pouvait pas attendre demain ?
— Ben non, justement. Je voulais te prévenir que je ne rentrerai pas ce soir et peut être pas non plus demain soir.
— Et pourquoi ?
— On m’a proposé de participer à un week-end dans un chalet au bord du lac Oologah.
— Mais qui ?
— Des amis que j’ai rencontrés ces derniers soirs. Ils sont jeunes et sympas, et surtout, pleins de fric. Le chalet, c’est pas le campement de Chad et Mike. On pourra même faire du ski nautique sur le lac.
— Je ne suis pas ta mère, ni même ta sœur, et ici, tu es majeure. Ce n’est pas à moi de te dire ce que tu peux faire ou pas, mais je n’aime pas trop ça !
— Je ne suis pas la seule fille et puis j’ai pris ton flingue, par précaution. »
Je l’avais presque oubliée cette arme. Depuis que nous avons emménagé, elle est rangée dans le tiroir d’une commode.
« Tu aurais pu m’en parler avant !
— On me l’a proposé tout à l’heure. J’ai juste eu le temps de préparer un sac et Steve est passé me prendre.
— C’est qui Steve ?
— Le chalet est à lui, enfin, c’est le fils du propriétaire. Son père travaille dans le pétrole.
— Vous partez quand ? demandé-je à court d’arguments.
— Tout de suite, Steve et les autres filles m’attendent dans la voiture. »
Elle ne me laisse pas le temps de répliquer et part sans se retourner.
« Téléphone-moi au moins ! »
Elle me fait juste un signe de la main et sort.
J’ai beau me dire que tous les jeunes de vingt ans profitent de ce genre d’opportunités de nos jours, je ne peux pas m’empêcher d’éprouver un moment d’inquiétude. Lorsque je reviens au bar, le boss m’interroge du regard.
« Tout va bien, mon amie voulait juste me dire qu’elle s’absentait pour le week-end.
— Elle est mignonne, si elle veut travailler ici, je lui trouve une place tout de suite.
— Elle a déjà un job, mais merci pour la proposition. »
Je termine mon service sans problème. Il est presque minuit quand je rentre à la maison. Becky n’a pas cherché à me contacter, mais je ne suis pas vraiment surprise. De toute façon, je ne peux rien y faire. Elle ne m’a laissé aucun moyen de la joindre. Je ne connais même pas le nom de son ami.
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