Complément d’enquête

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Comté de Rogers, Oklahoma

Dimanche 26 octobre 1980, 10h30

Mark Lobster avait un sentiment de doute en rentrant à Rogers. La copine de cette Becky, Marcie, avait dit qu’une femme était venue la récupérer en fin de journée. Il aurait dû lui demander plus de précisions sur la personne qui était passée à Oologah et aussi sur la voiture qu’elle conduisait. Rentré au bureau du Shérif, après avoir rendu compte par téléphone au lieutenant de sa visite infructueuse à Tulsa, il décida d’appeler la villa des Thompson. La voix qui lui répondit était une voix d’homme mûr, probablement pas celle du jeune homme rencontré la veille, ce Louis Beckman.

« Peter Thompson, annonça la voix visiblement accablée.

— Bonjour Monsieur Thompson, je suis le sergent Lobster, du bureau du Shérif. Je suis chargé de l’affaire qui s’est déroulée chez vous. Toutes mes condoléances.

— Merci Sergent, qu’est-ce que je peux faire pour vous ?

— Je voudrais savoir si l’amie de votre fils, une certaine Marcie Miller est toujours présente.

— Oui, elle est là. Elle était très choquée quand je suis arrivé hier soir, j’ai préféré qu’elle passe la nuit ici. Que lui voulez-vous ?

— J’aurais besoin de lui poser quelques questions à propos de l’autre jeune femme qui était avec votre fils hier, celle qui a tiré. Auriez-vous l’amabilité de lui demander de m’attendre, je peux être chez vous dans quinze minutes.

— Très bien, je vais la prévenir.

— Merci beaucoup, à tout de suite. »

Le sergent engagea sa voiture dans le chemin menant au chalet des Thompson. Une Cadillac Fleetwood flambant neuve était parquée sous un abri, à côté de la Camaro qu’il avait déjà remarquée la veille. Un homme d’une soixantaine d’années vint lui ouvrir et se présenta comme Peter Thompson, propriétaire des lieux et père de la victime.

« Entrez Sergent, Marcie Miller vous attend. »

Mark pénétra dans le vaste salon qu’il n’avait pas eu l’occasion de découvrir la veille, ayant mené les premières constatations à l’extérieur de la maison. Un feu de bois brulait dans la cheminée et une douce chaleur emplissait la pièce. Marcie était assise dans un coin d’un grand canapé, les jambes repliées, comme prostrée.

« Mademoiselle Miller, je suis désolé de vous poser de nouvelles questions, mais votre amie Becky n’était pas à son domicile ce matin quand je m’y suis présenté. J’aurais besoin que vous me donniez quelques précisions sur la personne qui est venue la chercher hier soir.

— Je ne la connais pas, je peux juste dire que c’était une femme blonde, pas aimable, elle a refusé de me ramener à Tulsa.

— Pourriez-vous me donner quelques précisions ? Me la décrire ?

— Elle n’est même pas descendue de la voiture ! Elle doit avoir entre trente et quarante ans. Quand elle a parlé à Becky, j’ai trouvé qu’elle avait l’accent du Sud.

— Et la voiture ? demanda le sergent.

— Un pick-up, pas récent, pas mal cabossé.

— Quelle couleur ? Vous avez reconnu la marque ?

— Orange et blanc, mais très sale, Chevrolet je crois, mais je ne suis pas sûre.

— Becky vous avait parlé de cette femme, vous connaissez son nom ?

— Non, enfin à peine, je sais juste qu’elle partageait son appartement avec une amie plus âgée.

— Mary Anderson ?

— Je ne l’ai jamais entendue prononcer ce nom.

— Comment avez-vous fait connaissance avec cette Becky ?

— C’est Steve qui l’a invitée. Je ne la connaissais pas avant ce week-end. Avec Steve et Louis, on est passés chez elle vendredi soir, c’est tout.

— Et Steve, il la connaissait depuis longtemps ?

— Je ne sais pas, je ne lui ai pas demandé. Je crois qu’il faudrait plutôt demander ça à Louis. Il doit savoir.

— Il est toujours là ce Louis ?

— Je pense, il n’avait pas de voiture pour rentrer, on était tous venus dans la voiture de Steve.

— La Camaro jaune ?

— Oui, c’est ça. »

Louis Beckman était en conversation avec Peter Thompson quand le sergent demanda à lui parler.

« Que pouvez-vous me dire sur cette Becky ? Vous la connaissez depuis longtemps ?

— Non, je l’ai vue pour la première fois vendredi. C’était, comment dire, une fille que Steve avait rencontré dans un bar. Il m’avait juste dit que c’était un super coup ! Vous voyez le genre ?

— Pas vraiment, répliqua le policier.

— Je crois que Steve lui avait filé un peu de pognon pour qu’elle vienne passer le week-end avec nous.

— Une prostituée ?

— Je ne sais pas, c’est sûr qu’elle a de l’expérience, mais je ne peux pas être certain.

— Et Marcie, c’est aussi une fille rencontrée dans un bar ?

— Oh non ! Marcie on la connait depuis longtemps, on a été au collège ensemble avec Steve, mais la petite amie de Steve n’était pas libre, alors il a voulu faire un compte rond !

— Vous saviez qu’elle avait une arme avec elle ?

— Ben non ! Elle l’a sortie quand on a commencé à tirer après la sortie en bateau.

— Vous avez reconnu le modèle du flingue ?

— C’était un revolver, ça c’est sûr, assez gros. Comme ceux que vous utilisez dans la police.

— Un truc de ce genre là ? demanda Lobster en sortant son arme de service.

— Oui, ça ressemblait bien à ça. »

De retour à son bureau, le sergent prit l’initiative de diffuser un avis de recherche pour un pick-up Chevrolet âgé, avec deux femmes à bord. Il ne se faisait que peu d’illusions sur les chances de succès de cette démarche, mais ne pouvait pas l’ignorer. La femme qu’il avait rencontrée un peu plus tôt, Mary Anderson, correspondait à la description donnée par Marcie, mais si elle n’était pas complètement idiote, elle avait sûrement déjà franchi les limites du comté, voire de l’ État. Il lui restait à déterminer les identités complètes des deux femmes, mais pour cela, il lui faudrait passer par le propriétaire du logement, ce qui risquait d’être difficile un dimanche après-midi.


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