Identification
Tulsa, Oklahoma
Lundi 27 octobre 1980, 9h30
Le sergent Lobster ayant assuré la permanence du week-end était normalement de repos ce lundi matin. Il était toutefois passé au bureau du Shérif pour passer les consignes à son équipier habituel, Tsali Sands. Tsali, jeune officier d’origine Cherokee, était un enquêteur prometteur, particulièrement efficace pour mener les investigations dans les fichiers des différentes administrations. Après quelques coups de téléphone, il avait réussi à identifier le propriétaire de l’immeuble dans lequel vivaient les deux femmes recherchées à Tulsa. Le bâtiment tout entier appartenait à une compagnie d’assurances qui en avait confié la gestion à un agent immobilier situé dans l’East Village District. Après un coup de téléphone de confirmation, le jeune officier prit la route pour Tulsa.
Le gestionnaire était en fait une société importante, disposant de vastes bureaux sur Elgin Avenue. Tsali se présenta et expliqua sa requête à une jeune réceptionniste qui le dirigea vers un employé âgé.
« Bonjour, je suis l’officier Sands, du bureau du Shérif de Rogers, nous aurions besoin d’identifier deux personnes qui habitent un immeuble dont vous êtes les gérants.
— Oui, bien sûr, j’espère pouvoir vous aider. Pouvez-vous me donner l’adresse de l’immeuble en question ?
— Il s’agit du 1781, South Cheyenne Avenue.
— Accordez-moi un moment, je vais aller chercher le dossier de cet immeuble. »
Sands attendit deux ou trois minutes avant que l’homme revienne avec un volumineux classeur.
« Je suis désolé de l’attente, mais nous commençons tout juste à entrer les données dans l’ordinateur, comme vous le voyez, moi je n’ai pas encore d’écran. Ils ont commencé par les jeunes. Voilà, il y a beaucoup de mouvement dans cet immeuble, les locataires ne restent généralement pas longtemps. Il y a huit appartements. Que pouvez-vous me dire pour identifier le bon ?
— Le logement a été loué par deux femmes, l’une doit avoir à peu près trente-cinq ans, l’autre une vingtaine d’années.
— Voyons cela, nous avons cinq logements occupés par des couples avec des enfants, deux par des personnes âgées qui vivent seules, il ne nous en reste donc qu’un qui pourrait correspondre.
— Parfait, que pouvez-vous me dire sur les occupants.
— Le bail est au nom de Jennifer Boudreaux et Rebecca Page. Madame Boudreaux a déclaré travailler dans un bar, le Hooker, c’est au bord de la rivière et elle nous a montré son bulletin de salaire. La plus jeune femme n’a pas d’emploi.
— Depuis combien de temps habitent-elles à cette adresse.
— C’est récent, elles ont signé le bail il y a juste deux semaines, lundi 13.
— Avez-vous autre chose qui pourrait m’aider ?
— Non, je suis désolé. Vous savez, il s’agit de logements modestes, nous nous assurons juste de la solvabilité des locataires. »
En quittant les bureaux, le policier décida d’aller se renseigner au Hooker. L’établissement venait juste d’ouvrir et il n’y avait encore aucun client. Deux jeunes femmes remettaient de l’ordre dans la salle. Sands demanda à parler au patron. Une des filles indiqua une petite pièce au fond de la salle.
« Bonjour Officier, que puis-je faire pour vous ?
— Je voudrais que vous me parliez de l’une de vos employées, Jennifer Boudreaux.
— Qu’est-ce qui lui est arrivé ?
— Je ne peux pas vous donner de détails. Quand l’avez-vous vue pour la dernière fois ?
— C’était samedi, en fin d’après-midi. Elle a reçu un coup de téléphone et elle partie affolée, avant la fin de son service.
— Vous pourriez être plus précis sur l’heure de son départ ?
— Je n’ai pas regardé, mais il devait être à peu près cinq heures.
— Depuis combien de temps travaille-t-elle pour vous ?
— Trois semaines, c’est une employée sérieuse et travailleuse, je n’ai eu aucun problème avec elle. Elle sert au bar et supervise la salle quand je suis absent ou occupé.
— Connaissez-vous Rebecca Page ?
— Ce nom ne me dit rien, mais je me souviens que Jenny a reçu de la visite vendredi en fin de journée. Une jolie fille d’à peu près vingt ans. Je lui ai même dit qu’elle pouvait travailler ici, si elle le voulait.
— Que voulait-elle ?
— Je ne sais pas trop, elles se sont isolées pour discuter un moment, puis Jenny m’a dit qu’elle était venue lui dire qu’elle partait pour le week-end. Je n’en sais pas plus.
— Je vous remercie, je vous laisse ma carte, au cas où Madame Boudreaux reviendrait, je vous serais reconnaissant de bien vouloir nous en avertir. Une dernière chose, savez-vous si Madame Boudreaux a une voiture ?
— Oui, je l’ai déjà vue dans un vieux pick-up Chevrolet. Un C10 bicolore, orange et crème. J’ai même remarqué qu’elle avait une plaque du Tennessee. Pourquoi pensez-vous qu’elle ne reviendra pas ?
— Une intuition, rien de plus. »
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