L’arme volée
Claremore, Oklahoma
Vendredi 7 novembre 1980, 8h00
Lorsque Tsali Sands entra dans les locaux du Shérif, la réceptionniste l’interpella en lui tendant une feuille imprimée.
« J’ai trouvé cela sur le fax en arrivant ce matin. C’est adressé au sergent Lobster, mais comme il n’est pas encore arrivé…
— Merci Maureen, répondit l’adjoint en prenant le document. »
Sa curiosité fut immédiatement éveillée en décryptant l’en-tête du fax : Bureau du Shérif de la paroisse d’Iberville, Louisiane. Sans grand espoir, en dépit des réticences de son collègue, le jeune policier avait envoyé quelques demandes d’information aux différents services de police de la région de Bâton-Rouge, évoquant son intérêt pour une certaine Jennifer Boudreaux. C’était la première réponse qu’il recevait.
Le texte était court, il suggérait au demandeur de prendre contact directement avec le Shérif. C’était signé John W. Pfeiffer. Le jeune officier dût faire un effort pour résister à l’envie de décrocher son téléphone, mais il préféra attendre son partenaire et mentor.
Mark Lobster arriva quelques minutes plus tard. Après quelques échanges de banalités, Tsali lui tendit le fax.
« Nous avons reçu une réponse de Louisiane, j’ai préféré attendre avant de les rappeler.
— Tu as bien fait, tu te souviens de ce que je t’ai dit lundi ?
— Oui, je sais, mais un coup de fil, ça ne prendra que quelques minutes.
— Ok, ok ! concéda le sergent. Appelle-les, tu auras la conscience tranquille. »
La première tentative de Tsali Sands fut infructueuse, son correspondant lui expliqua que le Shérif Pfeiffer n’était pas encore arrivé et suggéra de rappeler vers dix heures. À l’heure dite, il eut plus de chance, après quelques minutes d’attente, il eut le Shérif en ligne. Il fallut quelques instants au jeune policier pour assimiler le parler trainant de son correspondant. Lorsqu’il eut expliqué l’objet de ses recherches, il entendit un grand éclat de rire à l’autre bout du fil.
« Comme ça cette imbécile de Jenny Boudreaux est allée se foutre dans la merde dans votre bled ! Remarquez, ça ne m’étonne pas. Il fallait bien qu’elle se fasse choper quelque part.
— Qu’est-ce que vous voulez dire ? demanda Sands.
— Ce que je vais te dire, mon gars, j’en suis pas spécialement fier, mais bon, entre flics on doit bien collaborer… Cette nana a filé entre les pattes de l’un de mes adjoints il y a quelques semaines, et avec une voiture quasiment volée. Et comme ça ne suffisait pas, elle a trouvé le moyen de lui piquer son flingue.
— Un .38 Spécial ?
— Oui, en effet, pourquoi tu me demandes ça ?
— Il se pourrait bien qu’il ait été utilisé chez nous ! »
Sands relata l’accident survenu le samedi précédent.
« Le coroner a extrait la balle, c’était bien du calibre 38 et quand j’ai montré mon arme de service à l’un des témoins, il a reconnu le modèle.
— Ah merde ! siffla Pfeiffer, c’est du sérieux ça. Et c’est Jenny Boudreaux qui a tiré ?
— Non, c’est une de ses amies qui vit avec elle.
— Elle était seule quand elle a quitté la Louisiane, précisa le Shérif. Et elles sont où, maintenant ?
— On n’en sait rien pour le moment, en cavale. Mon partenaire a croisé cette Jenny au pied de son immeuble quand il a fait ses premières investigations, mais à ce moment, ce n’était pas elle qui était recherchée. Quand nous y sommes retournés, les filles s’étaient fait la belle. Elles peuvent être n’importe où, Tulsa n’est qu’à une heure de la frontière du Kansas.
— Et bien bon courage, les gars, conclut le Shérif Pfeiffer avant de raccrocher. »
Sands prit le temps de noter les éléments qu’il avait récoltés avant de partager ces informations avec le sergent.
« Ça ne changera pas grand-chose, mais on est à peu près sûrs que le môme a été tué par une arme volée à un policier de Louisiane il y a quelques semaines. »
Sands rapporta l’échange qu’il venait d’avoir avec le Shérif Pfeiffer.
« Je te l’avais bien dit, Tsali, tout cela nous dépasse. Si ces filles ont commis des crimes dans plusieurs États, c’est au FBI de reprendre le dossier. On va aller voir le Chef, mais je suis à peu près certain qu’il nous confirmera cela. »
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