Disparition inquiétante

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Barstow, Californie

Lundi 15 décembre 1980, 10:00

Le lundi est mon jour de repos. Depuis que je suis arrivée à Barstow, je vis au motel de Roy. Je ne suis pas très exigeante, mais j’aimerais me sentir chez moi. Même s’il me consent une remise significative sur le prix de la chambre, ça fait quand même un budget important. J’ai profité d’un peu de temps libre pour lire les petites annonces et j’ai trouvé un petit appartement meublé, pas trop loin du bar. Ce n’est pas très grand, il n’y a que deux pièces, ni très luxueux, mais le logement est propre. J’ai versé une avance de deux semaines, jusqu’à la fin du mois. Becky passant de moins en moins de temps avec moi, je ne lui ai pas demandé son avis. Je lui ai juste annoncé ma décision de déménager. Ça n’a suscité aucune réaction particulière de sa part. De toute façon, elle est de nouveau partie pour Vegas. Elle a pris le Desert Wind[1] hier après-midi sans me préciser quand elle rentrerait.

J’entreprends d’emballer mes affaires, ce qui ne prend pas vraiment longtemps, toutes mes possessions tiennent dans deux valises. Quand je sors le sac de voyage acheté à Vicksburg de sous le lit, je le trouve anormalement léger. C’est dans ce sac que j’ai pour habitude de ranger le Smith & Wesson. Lorsque j’ouvre le sac, il n’y a plus de doute, le revolver a disparu. Bien sûr, j’aurais dû depuis longtemps me débarrasser de ce flingue compromettant, mais je me suis dit à chaque fois que j’ai envisagé de le jeter au fond d’un lac, que deux femmes voyageant seules en voiture pourraient avoir besoin d’un moyen de défense. J’ai gardé en tête l’aventure de la forêt d’Homochitto. Pas besoin de me creuser la cervelle pour savoir ce qu’il est devenu. Une seule personne sait que je garde une arme dans ce sac et cette personne vient de partir seule. Sans doute a-t-elle fait de même à chacune de ses escapades. J’espère au moins qu’elle n’a pas eu de nouvelle occasion de s’en servir. Pas de question à se poser, cette arme n’existe pas, pas besoin de déclarer sa perte. Il sera temps d’aviser lorsque mon amie rentrera.

Connaissant Becky, je me doute qu’elle n’est pas retournée dans le Nevada pour faire du tourisme. Elle s’imagine sans doute que cette arme la protège. C’est vrai qu’à Memphis, elle lui a bien rendu service, mais ce genre de chance ne dure jamais bien longtemps. Que fait-elle lorsqu’elle part ainsi ? Elle n’a jamais vraiment voulu me donner de détails, pourtant je peux l’imaginer. Les casinos sont une aubaine pour les jeunes femmes comme elle. Les hommes seuls s’y trouvent en nombre et s’ils ont eu la chance de gagner un peu à une table de jeu, ils sont prompts à partager leurs gains avec une jeune et jolie escorte. Cependant, les établissements doivent avoir du personnel pour surveiller ce genre de choses, et on sait que les casinos sont tous plus ou moins contrôlés par la Mafia. Becky n’est pas encore une habituée et elle sans doute l’idée de changer de coin chaque soir, mais ça ne pourra pas durer longtemps.

De toute façon, je n’y peux rien, je termine mes bagages et je les charge dans la voiture. Je laisse un message à la réception avec ma nouvelle adresse et je quitte le motel.

[1] Une branche de l’Amtrak desservant Las Vegas depuis Barstow

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