Une offre de vie

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Barstow, Californie

Mercredi 31 décembre, 12h00

La fin de l’année est là. Becky est partie pour Palm Springs et je dois avouer que ça me libère d’un poids. Roy a prévu une soirée un peu prolongée pour le nouvel an. Il m’a demandé si j’accepterais de faire quelques heures supplémentaires. Je n’ai bien entendu rien d’autre de prévu. À la pause déjeuner, mon patron vient me retrouver dans la petite pièce de repos. Il a un paquet à la main. Il me le tend. L’objet est enveloppé d’un chiffon gras. Je le déballe, c’est un Colt 1911. Je le reconnais tout de suite, mon père avait le même et c’est avec cette arme qu’il m’a appris à tirer au fond du jardin. J’avais douze ans.

« Sept balles dans le chargeur, plus une dans le canon, me précise Roy, cette arme est tout ce qu’il y a de plus légale, c’était celle de mon père pendant la guerre. »

Je soupèse l’arme, elle est lourde et rassurante à la fois.

« J’espère que je n’aurai pas besoin de l’utiliser.

— Mieux vaut l’avoir et ne pas s’en servir, répond Roy.

— Tu crois qu’il va venir ici ? demandé-je.

— Je n’en ai aucune idée, mais il vaut mieux être prêt. J’avoue que j’aimerais mieux qu’elle reste discrète.

— Ne t’inquiète pas, je ne vais pas la laisser trainer.

— Où est ton amie ?

— Elle m’a dit qu’elle partait pour Palm Springs avec des amis, je n’en sais pas plus.

— Ça ne t’interpelle pas plus que ça ? Cette fille est la cause de tous tes problèmes.

— C’est compliqué… Je sais bien que je devrais la laisser vivre sa vie, mais je m’y suis attachée. Sans moi, elle risque de mal tourner et d’avoir de sérieux problèmes.

— Tu ne crois pas que c’est elle qui les attire, les problèmes ? demande Roy.

— Oui, tu as raison, mais je ne peux me résoudre à l’abandonner. C’est peut-être parce que je n’ai pas eu d’enfant moi-même.

— Il n’est pas trop tard, me souffle Roy. »

Je me tourne vers lui, son regard est franc. Cet homme a déjà vécu, et il a eu bien des malheurs, mais moi aussi. Après tout, je n’ai que trente cinq ans, quelle vie puis-je espérer si je reste seule ? Un enfant ? Je n’y ai jamais pensé. J’aurais sûrement dû en avoir un avec Luke, mais ça ne s’est pas fait. Je ne me suis jamais demandé pourquoi. Était-ce lui ou moi, ou juste le hasard ?

« Tu est seule Jenny, et moi aussi !

— Tu as Peggy !

— Dans un an tout au plus, elle partira pour Los Angeles ou San Francisco, pour faire des études. Moi je resterai ici. Tous les deux, on pourrait développer cet endroit.

— Tu me proposes de vivre avec toi ?

— Rien ne presse, mais si tu es d’accord, tu pourrais venir t’installer chez moi.

— C’est un peu soudain pour moi, balbutié-je. Il faut que j’y réfléchisse. Je te remercie de m’offrir cette chance.

— Cette vie est assez difficile comme ça, autant l’affronter à deux !

— Oui, tu as raison. Je parlerai à Becky dès son retour.

— Elle finira par s’éloigner, tôt ou tard, j’espère juste que ça ne sera pas trop difficile pour toi. »

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