Comparution immédiate
Cour de Justice, Las Vegas
Samedi 10 janvier, 11h00
L’agent Brown m’a lu mes droits et il m’a permis de m’habiller avant de me faire descendre l’escalier.
J’ai vu plusieurs infirmiers autour d’une civière. J’ai tout juste eu le temps de reconnaitre les cheveux de Becky avant que les policiers ne m’entrainent à l’extérieur. Deux hommes portant la tenue des adjoints du shérif m’ont fait asseoir à l’arrière de leur voiture et nous sommes partis avec la sirène en marche. J’ai demandé des nouvelles de Becky, je n’ai pas eu de réponse. Arrivée à San Bernardino, j’ai été enfermée dans une cellule jusqu’au moment où John Brown est arrivé, accompagné d’un autre agent. J’ai de nouveau demandé comment allait Becky. Brown a fait un signe de tête et j’ai compris que c’était fini.
Le deuxième homme s’est présenté, Bart Hammer, du bureau du FBI de Las Vegas. Il m’a appris que nous étions recherchées depuis Tulsa et que le FBI avait été saisi à cause du vol de l’arme de Frankie Chance. Le FBI avait fait le lien avec la mort de Robert Frantelli, du fait de la similitude des balles retrouvées dans les corps. J’ai également compris que c’était le client de Becky à Las Vegas qui avait mené la police jusqu’au café de Roy à Barstow. Les deux hommes qui posaient des questions n’étaient pas des amis de Rick, mais les agents spéciaux Brown et Hammer. On m’a donné à manger et je suis restée seule dans ma cellule jusqu’au lendemain matin. J’ai juste eu le droit de passer un coup de téléphone. J’ai appelé Roy. Il m’a dit qu’il allait me trouver un avocat.
Hier, on est venu me chercher pour m’emmener jusqu’à Las Vegas. Ce matin je dois comparaître devant un juge fédéral pour l’audience de comparution immédiate. Un homme en uniforme vient me dire que mon avocat est arrivé. Il me conduit jusqu’à une petite pièce sans ouvertures. Une femme est déjà présente. Elle est jeune, je ne lui donne pas plus de trente ans.
« Je suis Consuela Cordoba, votre avocate. C’est Roy Stallion qui m’envoie. Nous n’avons pas beaucoup de temps, les charges qui pèsent contrent vous sont très importantes. J’ai besoin que vous me donniez un maximum de détails avant de rencontrer le juge Mason. »
Je lui raconte les événements qui se sont déroulés depuis l’agression dans le bar de Billy à Saint Gabriel.
« Ce qui s’est passé dans cette forêt n’apparait nulle part dans les rapports de la police. N’en parlez surtout pas. Le FBI est au courant pour le vol de l’arme du shérif. Ils ont aussi tous les éléments concernant le jeune homme tué en Oklahoma et celui abattu ici, à Las Vegas. S’ils font bien leur boulot, et avec le Bureau, je n’ai pas de doutes, ils retrouveront aussi celui de Memphis. Le point important, c’est qu’à chaque fois, nous devrons prouver que vous ne pouviez pas être sur les lieux. Pour Tulsa et Las Vegas, ce sera facile, pour Memphis, pouvez vous justifier que vous n’étiez pas avec Becky ?
— Je travaillais dans un bar, et il y a aussi Moïse, le gérant de l’hôtel où nous vivions. Il me voyait entrer et sortir.
— Dans ce cas, ils vont sûrement se contenter d’une inculpation pour complicité, en plus de l’agression du policier en Louisiane. »
La discussion dure encore quelques minutes, je réponds aux questions, mais j’ai l’impression d’être dans un état second. Quand le gardien vient nous chercher pour nous conduire à la salle d’audience, je me sens totalement égarée. Consuela me conseille de ne rien dire, en dehors des réponses aux questions précises et de la laisser gérer le reste.
Nous entrons dans le tribunal. Il y a très peu de personnes dans la salle. Je remarque les deux agents du FBI au premier rang, puis l’huissier annonce le juge. Tout le monde se leve. Le juge Mason monte jusqu’à son siège. Je remarque juste sa robe noire. Il saisit un marteau et frappe son pupitre en prononçant l’ouverture de la séance. Après les préliminaires, un homme prend la parole, Consuela m’explique que c’était un assistant du procureur. Il résume la situation et demande à Bart Hammer de préciser la façon dont ils nous ont retrouvées et les conditions de mon arrestation et de la mort de Becky. Le juge demande alors à mon avocate si elle a des éléments à ajouter. Elle répond que non. Le juge Mason,alors, annonce que compte-tenu du risque de fuite élevé, il s’oppose à ma remise en liberté sous caution et demande mon incarcération immédiate. Je suis ramenée au centre de détention de Clark.
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