Epilogue, la version de l’auteur

2 minutes de lecture

Federal Correction Institution

San Francisco, Californie

Lundi 4 mars 1996


Si vous lisez ces lignes, c’est que j’ai quitté ce monde, pour un autre qui ne pourra sans doute pas être pire. J’ai écrit ces pages durant les derniers mois avec l’aide de Consuela et de l’officier de police Tsali Sands. Ce dernier devait rédiger un mémoire universitaire de criminologie et il s’est souvenu de moi et du procès qui s’est déroulé en 1982. En se basant sur les documents judiciaires et en interrogeant les différents protagonistes, il a reconstitué les éléments manquants.

Durant l’année 1981, nous avons eu de longues discussions, mon avocate et moi. Elle avait obtenu du procureur un accord dans le cas où j’accepterais de plaider coupable : dix ans de prison, avec une réduction envisageable au bout de cinq ans. Persuadée de n’avoir rien commis de plus grave que d’avoir humilié mon ancien flirt Frank Chance, j’ai refusé, préférant le risque d’un procès. Consuela a insisté, essayé de me faire changer d’avis, mais je me suis obstinée. Le procureur l’a très mal pris et il s’est acharné à me faire passer pour une nouvelle Bonnie Parker[1], égrenant les cadavres dans le sillage de ma cavale avec Becky. Les jurés se sont laissés influencer et j’ai été condamnée à 20 ans sans possibilité de sortie anticipée. On m’a envoyée à la FCI[2] de Dublin, près de San Francisco.

Il y a un peu plus de six mois, je me suis mise à tousser. Le médecin de la prison m’a examinée et il a remarqué une grosseur suspecte au niveau de mon sein gauche. Il m’a envoyée à l’hôpital sous bonne escorte pour que j’y passe plusieurs examens, dont une biopsie. À mon retour, son verdict a été une nouvelle fois sans appel. Je pouvais tout au plus envisager des soins palliatifs sans réel espoir de guérison. J’ai refusé cette ultime dégradation, n’ayant plus aucun désir de prolonger cette vie sans issue. J’ai mis à profit le temps qui me restait pour rédiger cette histoire tragique. Consuela avait pour dernière consigne de la rendre publique après ma mort. Voilà qui est fait.



FIN



[1] Partenaire de Clyde Barrow, Bonnie and Clyde

[2] Federal Correction Institution, prison fédérale pour femmes

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