CHAPITRE 7 : L’appel des ténèbres

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Les pas d’Iris résonnaient doucement sur le gravier du parc, chaque crissement semblant amplifié dans le silence nocturne. Les ombres des arbres dansaient sous la lumière vacillante des lampadaires, créant une atmosphère irréelle. Elle serra les poings, son souffle court, tandis que la silhouette assise sur le banc devenait plus distincte.

C’était un homme. Grand, vêtu d’un trench-coat sombre, il était penché en avant, les coudes appuyés sur ses genoux. Il releva la tête en entendant les pas d’Iris approcher. Son visage, partiellement caché par une casquette, restait dans l’ombre.

— Miss Wolfe, murmura-t-il, sa voix rauque brisant le silence. Merci d’être venue.

Iris s’arrêta à quelques mètres, ses jambes tendues comme des ressorts prêts à fuir. Elle le dévisagea, tentant de dissimuler sa nervosité.

— Qui êtes-vous ? Et pourquoi m’avez-vous demandé de venir ?

L’homme resta silencieux un instant, puis se redressa lentement. La lumière d’un lampadaire effleura son visage, révélant des traits marqués par le temps, un regard perçant et une barbe mal rasée.

— Appelez-moi Marcus, dit-il finalement. Je suis ici pour vous avertir. Vous êtes en train de vous aventurer dans un monde où chaque décision a un prix… et certains sont plus élevés que vous ne pouvez l’imaginer.

Iris plissa les yeux, son cœur battant à tout rompre.

— Quel monde ? De quoi parlez-vous ?

Marcus esquissa un sourire triste.

— Elliot Grayson. Ce n’est pas un simple mécène, Miss Wolfe. C’est un homme de pouvoir, et il utilise ce pouvoir pour manipuler tout et tout le monde autour de lui. Artistes, galeries, collectionneurs… Personne n’est à l’abri de ses jeux.

Les mots de Marcus résonnèrent dans l’esprit d’Iris, mais elle refusait de céder si facilement.

— Et pourquoi devrais-je vous croire ? Vous pourriez être n’importe qui, essayant de semer le doute ou de m’intimider.

Marcus hocha la tête, comme s’il s’attendait à cette réponse. Il glissa une main dans la poche intérieure de son manteau et en sortit une enveloppe qu’il tendit à Iris.

— Regardez ça. Ça vous donnera une idée de ce qu’il est capable de faire.

Iris hésita, mais finit par attraper l’enveloppe, ses doigts tremblants. Elle l’ouvrit rapidement, découvrant des photographies et des documents. Sur les premières images, elle reconnut plusieurs artistes qu’elle avait croisés lors de soirées organisées par Elliot. Mais les photos racontaient une histoire bien différente : des confrontations, des scandales étouffés, et même des accidents suspects. L’un des documents semblait détailler des sommes exorbitantes transférées à des comptes offshore, reliés à des noms qui lui étaient familiers.

Son souffle se bloqua dans sa gorge.

— Qu’est-ce que c’est ? murmura-t-elle, les yeux rivés sur les preuves.

— Des fragments de vérité, répondit Marcus. Grayson détruit ceux qui ne jouent pas selon ses règles. Il enrobe tout de glamour et de promesses, mais au fond, il ne cherche qu’une chose : le contrôle. Et vous, Miss Wolfe, êtes sa nouvelle cible.

Iris sentit une vague de froid la traverser. Elle avait déjà ressenti cette tension étrange autour d’Elliot, ce mélange de fascination et de menace. Mais voir ces preuves rendait la menace beaucoup plus réelle.

— Pourquoi me montrer ça ? Pourquoi maintenant ?

Marcus s’approcha légèrement, son ton devenant plus pressant.

— Parce que vous êtes encore en position de choix. Vous pouvez vous éloigner, abandonner ce qu’il vous offre avant qu’il ne soit trop tard. Croyez-moi, une fois qu’il aura ce qu’il veut de vous, il n’hésitera pas à vous détruire si cela sert ses intérêts.

Un bruissement derrière elle la fit sursauter. Iris se retourna brusquement, son regard balayant les ombres. Elle savait que Serena était quelque part, veillant à distance, mais le bruit ne semblait pas venir d’elle.

— On n’est pas seuls, murmura-t-elle en revenant vers Marcus.

Il hocha la tête, son expression devenant grave.

— Je m’y attendais. Vous devriez partir, maintenant.

— Non ! Pas sans plus d’explications, protesta Iris, son ton plus ferme malgré la peur qui la tenaillait. Vous avez déclenché tout ça. Dites-moi ce que je dois faire.

Marcus se pencha vers elle, son visage soudain très proche.

— Faites semblant. Faites croire à Grayson que vous êtes de son côté. Mais cherchez la vérité par vous-même, discrètement. Il y a des gens qui peuvent vous aider, des gens comme moi. Mais soyez prudente, Miss Wolfe. Le moindre faux pas pourrait être fatal.

Avant qu’Iris ne puisse répondre, Marcus recula brusquement, disparaissant dans les ombres comme s’il n’avait jamais été là. Elle resta immobile, ses pensées en ébullition, avant que la voix pressante de Serena n’éclate derrière elle.

— Wolfe, on doit partir. Maintenant.

Iris se retourna pour trouver Serena qui arrivait en courant, ses traits marqués par une tension inhabituelle.

— Quelqu’un nous suit, ajouta-t-elle en jetant des regards furtifs autour d’eux. Et ce n’est pas un amateur.

Iris, le cœur battant, hocha la tête et suivit Serena hors du parc. Elles coururent dans le silence oppressant de la nuit, les sons étouffés de la ville les entourant comme un drap lourd.

Ce n’est qu’une fois montées dans un taxi, essoufflées et tremblantes, qu’Iris laissa enfin échapper un soupir.

— Serena… Qu’est-ce que j’ai fait ?

Serena posa une main rassurante sur son épaule, son regard dur mais protecteur.

— Ce n’est pas ce que tu as fait, Wolfe. C’est ce que tu fais encore. Et maintenant, il faut décider si tu veux continuer à jouer ce jeu… ou trouver un moyen d’y mettre fin avant qu’il ne te détruise.

Iris hocha lentement la tête, réalisant que ce qu’elle venait de vivre n’était que le début.

Le taxi filait à travers les rues de Manhattan, les lampadaires projetant des ombres mouvantes à travers les vitres embuées. Iris fixait ses mains posées sur ses genoux, les doigts toujours tremblants après l’intensité de la rencontre. À côté d’elle, Serena observait la rue, ses sourcils froncés et sa mâchoire serrée. Elle n’avait jamais vu Serena dans un tel état d’alerte.

— Qui était ce type ? demanda Serena, rompant le silence.

Iris hésita, ses pensées encore embrouillées par les mots de Marcus et les images qu’il lui avait montrées.

— Il s’appelle Marcus, murmura-t-elle. Il prétend vouloir m’aider… mais il m’a surtout mise en garde contre Elliot.

Serena tourna la tête vers elle, son regard flamboyant.

— Wolfe, je t’ai dit que ce Grayson était dangereux. Mais si Marcus est impliqué, ça devient encore plus compliqué. Ce mec a une réputation. Il sait des choses, mais il joue rarement franc jeu.

— Et maintenant ? demanda Iris, sa voix tremblante. Que suis-je censée faire avec tout ça ? Il m’a donné des preuves… des preuves que Grayson manipule les gens, les détruit.

— Alors garde-les, répondit Serena. Et surtout, ne fais rien de stupide. Si Marcus te surveille, il y a de grandes chances que Grayson sache déjà que tu as rencontré quelqu’un ce soir.

Le taxi s’arrêta devant l’immeuble d’Iris. Serena paya rapidement la course et descendit avec elle, balayant la rue d’un regard rapide avant de la pousser doucement vers la porte d’entrée.

— On monte, décréta Serena. Je ne te laisse pas seule cette nuit.

— Serena, protesta faiblement Iris, mais son amie ne lui laissa pas le choix.

Une fois dans l’appartement, Serena verrouilla la porte derrière elles et tira les rideaux, plongeant le loft dans une pénombre étouffante. Iris se laissa tomber sur le canapé, ses jambes cédant sous elle. Elle sortit l’enveloppe que Marcus lui avait donnée et la posa sur la table basse, hésitant à l’ouvrir de nouveau.

Serena s’approcha, s’accroupissant devant elle, et posa une main ferme sur sa jambe.

— Wolfe, écoute-moi bien. Tu es dans quelque chose de beaucoup plus grand que toi. Grayson n’est pas le genre d’homme à laisser ses pions bouger sans contrôle. Et maintenant, tu es un pion. Que ça te plaise ou non.

— Je ne veux pas jouer à ce jeu, Serena, murmura Iris. Je voulais juste faire mon travail, capturer la vérité…

— Parfois, chercher la vérité te met en danger, dit Serena doucement. Mais si tu veux vraiment continuer, tu dois être plus maligne que ces types. Grayson, Marcus… ils ne jouent pas avec les mêmes règles que toi.

Iris leva les yeux, une lueur d’inquiétude et de détermination dans le regard.

— Tu crois que je devrais arrêter ?

Serena secoua la tête, un sourire triste effleurant ses lèvres.

— Non. Parce que ce n’est pas toi. Mais tu dois apprendre à te protéger. Et pour ça, tu vas avoir besoin d’aide.

Iris sentit une chaleur inattendue monter dans sa poitrine. Serena avait ce don étrange de mêler cynisme et loyauté désarmante, et en cet instant, elle était la seule ancre qui l’empêchait de sombrer.

— Merci, Serena, murmura-t-elle.

— Ne me remercie pas encore, répondit Serena en se redressant. On n’a pas encore gagné cette partie.

La nuit avançait, et malgré l’épuisement, Iris ne trouva pas le sommeil. Les images de l’enveloppe tournaient dans sa tête, ainsi que les avertissements de Marcus. Elliot Grayson n’était pas simplement un mécène charismatique. Il était bien plus que cela, une ombre qui planait au-dessus de ce monde qu’elle pensait connaître.

Tandis qu’elle regardait Serena s’endormir sur le fauteuil près de la fenêtre, une résolution naquit en elle. Elle n’était peut-être qu’un pion, mais elle avait aussi une arme : son objectif, son art, et sa capacité à voir au-delà des façades. Si elle devait jouer à ce jeu, alors elle le ferait à sa manière. Et cette fois, elle capturerait la vérité, quelle qu’en soit la conséquence.

Les premières lueurs de l’aube s’infiltraient à travers les rideaux tirés du loft, projetant une lumière douce sur les murs. Iris était restée éveillée, assise sur le bord du canapé, le regard perdu dans le vide. La conversation avec Serena, les avertissements de Marcus, et les preuves qu’il avait laissées s’entremêlaient dans son esprit, formant un labyrinthe dont elle ne voyait pas encore la sortie.

Serena émergea lentement du sommeil, se redressant avec un grognement léger. Ses cheveux roux en désordre encadraient son visage, mais ses yeux étaient alertes.

— Tu n’as pas dormi, constata-t-elle, la voix rauque.

— Non, répondit simplement Iris, les yeux toujours fixés sur l’enveloppe posée sur la table basse.

Serena se leva et s’étira avant de s’asseoir à côté d’Iris. Elle saisit une tasse de café froid abandonnée sur la table et prit une gorgée, grimaçant.

— Qu’est-ce que tu veux faire ? demanda-t-elle finalement.

Iris inspira profondément, croisant ses bras sur sa poitrine comme pour se protéger.

— Marcus m’a dit de faire semblant, murmura-t-elle. De prétendre que tout est normal, que je suis encore sous le charme d’Elliot. Mais…

— Mais quoi ? l’interrompit Serena, son ton direct.

— Mais si je fais ça, je deviens exactement ce qu’il veut que je sois : un pion. Une marionnette qu’il peut manipuler.

Serena posa la tasse et se tourna pour faire face à Iris, ses yeux verts brillant d’intensité.

— Wolfe, ce n’est pas un choix entre être son pion ou te battre seule. C’est un jeu d’échecs, et tu es assez intelligente pour jouer à ton avantage. Si tu veux des réponses, tu vas devoir entrer dans son monde sans qu’il sache ce que tu cherches vraiment.

Iris releva les yeux vers Serena, cherchant une validation dans ses paroles. Elle détestait l’idée de jouer un rôle, mais elle savait que Serena avait raison. Elliot était dangereux, et Marcus n’était pas forcément digne de confiance non plus.

— Très bien, dit-elle enfin. Je vais continuer à le voir. À jouer le jeu. Mais je veux que tu sois là, Serena. Je ne peux pas faire ça seule.

Un sourire en coin apparut sur les lèvres de Serena.

— Toujours, Wolfe. Tu ne te débarrasseras pas de moi aussi facilement.

Les jours suivants furent une danse délicate pour Iris. Elle s’efforça de maintenir une façade, répondant aux messages d’Elliot avec légèreté et acceptant une nouvelle invitation à un dîner privé, tout en cachant ses véritables intentions. Mais chaque échange avec lui semblait désormais teinté d’un double sens, chaque sourire masquait une vérité qu’elle ne pouvait encore saisir.

Serena, fidèle à sa promesse, veillait en arrière-plan. Elle avait établi un système de surveillance rudimentaire autour du loft d’Iris, notant chaque visite suspecte et chaque mouvement étrange dans le quartier. Elles partageaient leurs observations chaque soir, essayant de reconstituer le puzzle.

Une semaine après la rencontre avec Marcus, Iris reçut un nouvel appel d’Elliot.

— Iris, dit-il avec sa voix chaude et contrôlée. J’ai une surprise pour toi. Un projet que j’aimerais t confier. Peux-tu me rejoindre demain à mon bureau ? Disons… 15 heures ?

— Bien sûr, répondit Iris, masquant l’hésitation dans sa voix.

— Parfait. J’ai hâte de voir comment tu brilleras sous une nouvelle lumière, ajouta-t-il avant de raccrocher.

Iris posa lentement le téléphone, une boule d’appréhension se formant dans son estomac. Serena, assise sur le rebord de la fenêtre, lui lança un regard interrogateur.

— Qu’est-ce qu’il veut ? demanda-t-elle.

— Un projet, répondit Iris, la voix basse. Je ne sais pas quoi, mais… il a un plan. Et je vais devoir m’y plier pour le découvrir.

Serena hocha la tête, mais son expression se durcit.

— Si ça tourne mal, Wolfe, tu sors de là. Peu importe ce que tu cherches, ça ne vaut pas ta sécurité.

Iris hocha la tête, bien qu’elle sache au fond d’elle qu’elle n’abandonnerait pas aussi facilement.

Le lendemain, Iris pénétra dans l’imposant immeuble où se trouvait le bureau d’Elliot. Les murs de verre et de marbre luisaient sous les lumières froides, une représentation parfaite du pouvoir qu’il incarnait. Elle fut escortée par une assistante jusqu’à une vaste salle de conférence, où Elliot l’attendait, debout devant une maquette d’exposition.

— Iris, dit-il en s’avançant pour lui serrer la main. Merci d’être venue. Tu es exactement ce qu’il faut pour ce projet.

— Quel projet ? demanda-t-elle en s’efforçant de sourire.

Elliot posa une main légère sur la table, son regard intense capturant le sien.

— Un vernissage privé. Une série de photographies exclusives, réalisées par vous, mettant en lumière les âmes de Manhattan. Mais pas seulement… Il s’agit d’un partenariat avec des mécènes influents. Une opportunité pour vous de briller au-delà de ce que vous imaginez.

Iris sentit son estomac se nouer. Ce projet semblait parfait en surface, mais elle savait qu’il y avait plus. Elliot ne faisait rien sans raison.

— C’est… incroyable, répondit-elle, jouant l’émerveillement. Pourquoi moi ?

Elliot esquissa un sourire, un mélange de charme et de calcul.

— Parce que tu voies ce que les autres ne voient pas, Iris. Et parce que, avec moi, tu pourrais atteindre des sommets que tu n’aurais jamais crus possibles.

Iris hocha la tête, mais au fond d’elle, elle savait que cet accord avait un prix. Et elle était déterminée à découvrir lequel, même si cela signifiait se rapprocher dangereusement des ombres qui entouraient Elliot Grayson.

Le sourire d’Elliot semblait suspendu dans le temps, tout comme l’atmosphère oppressante de cette vaste salle de conférence. Iris se força à répondre par un sourire en coin, cachant l’effroi qui grandissait en elle. Ses instincts lui criaient qu’Elliot avait soigneusement calculé cette proposition, et qu’accepter le projet signifiait s’engager plus profondément dans son univers complexe et inquiétant.

— C’est une opportunité incroyable, Elliot, dit-elle enfin, sa voix légèrement tremblante malgré ses efforts. Mais… peux-tu m’en dire un peu plus sur tes mécènes ? Je veux être sûre que mes œuvres résonnent avec leurs valeurs.

Elliot haussa un sourcil, amusé, avant de poser une main légère sur son propre menton, un geste qui trahissait une réflexion rapide.

— Curieuse, comme toujours. C’est ce que j’apprécie chez toi, Iris, dit-il, sa voix douce comme du velours. Les mécènes sont des passionnés d’art, des visionnaires. Mais ne t'inquiètes pas, je m’occupe de tout. Concentre-toi sur ton art. Laissez-moi gérer les détails.

Iris hocha la tête, bien qu’intérieurement, la réponse d’Elliot la dérangeait. Il avait délibérément évité sa question, et cela ne faisait que confirmer ses soupçons. Elle était une pièce sur son échiquier, un outil pour un plan qu’elle n’avait pas encore compris.

— Très bien, dit-elle avec un sourire calculé. Alors… quelles sont les prochaines étapes ?

Elliot se redressa, son sourire s’élargissant légèrement. Il semblait satisfait de sa réponse, comme s’il avait gagné une bataille silencieuse.

— Tu auras accès à un studio que j’ai réservé pour toi. Tout l’équipement dont tu as besoin sera fourni. Tu commenceras par capturer des clichés de moments bruts et authentiques dans Manhattan. Pas de limites, pas de restrictions. Je veux que tes œuvres parlent de la ville telle que tu la vois.

Iris sentit un mélange de nervosité et d’excitation monter en elle. La liberté qu’il offrait semblait alléchante, mais elle savait qu’elle n’était qu’une façade.

— D’accord, répondit-elle. J’ai hâte de commencer.

Elliot s’approcha, et pour un bref instant, son regard se fit plus intense, presque hypnotique.

— N’oublie jamais, Iris… Chaque photo que tu prends raconte une histoire. Mais certaines histoires doivent rester dans l’ombre. Choisis judicieusement ce que tu veux exposer à la lumière.

Elle sentit un frisson parcourir son échine. Ces mots, bien qu’énigmatiques, sonnaient comme un avertissement déguisé en conseil. Elle se força à garder son calme, même si une vague d’appréhension la submergeait.

— Je n’oublierai pas, répondit-elle doucement.

Elliot inclina légèrement la tête, satisfait. Il tendit la main, et elle la serra, son geste ferme mais rapide, avant de se diriger vers la porte.

— À très bientôt, Iris, lança-t-il alors qu’elle quittait la pièce.

Iris retrouva Serena quelques heures plus tard dans un café discret de Brooklyn. Serena l’attendait dans un coin isolé, une tasse de thé entre les mains et une expression impatiente sur le visage.

— Alors ? demanda-t-elle dès qu’Iris s’assit en face d’elle.

Iris posa son sac sur la chaise voisine et se pencha en avant, baissant instinctivement la voix.

— Il veut que je fasse une série sur Manhattan, dit-elle, résumant rapidement la conversation. Il parle de liberté, de contrôle total sur mon art, mais…

— Mais c’est une embuscade, termina Serena, son ton sec. Ce type ne fait rien sans raison, Wolfe. Et je parie que ce projet est un moyen de te faire plonger encore plus profondément dans ses filets.

— Je sais, répondit Iris, sa voix trahissant sa fatigue. Mais je n’ai pas le choix, Serena. Si je refuse, il saura que je me méfie. Et si je joue son jeu, peut-être que je pourrai découvrir ce qu’il cache vraiment.

Serena fronça les sourcils, puis soupira en croisant les bras.

— Très bien. Mais tu ne fais rien seule, d’accord ? Je veux être là à chaque étape. Si Grayson essaie de te manipuler, il devra aussi me manipuler, et crois-moi, je ne suis pas si facile à impressionner.

Un sourire discret éclaira le visage d’Iris. Serena était son ancre, son filet de sécurité dans ce chaos.

— Merci, Serena, murmura-t-elle.

Serena hocha la tête, son expression se radoucissant légèrement.

— On va traverser ça ensemble, Wolfe. Et quand tout sera fini, Grayson regrettera d’avoir essayé de te contrôler.

Cette nuit-là, alors qu’Iris parcourait ses anciennes photographies pour trouver de l’inspiration, elle sentit un regain de détermination. Peu importe les jeux de pouvoir d’Elliot ou les avertissements cryptiques de Marcus. Elle utiliserait son art comme une arme, non pas pour jouer leur jeu, mais pour réécrire les règles.

Le combat ne faisait que commencer.

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