CHAPITRE 11 : Dans les marges de la vérité

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Le vent glacial de Manhattan giflait le visage. Ses pensées tourbillonnaient, chaque mot d’Elliot et chaque mise en garde de Marcus résonnant dans son esprit. Son instinct lui criait que tout cela allait bien au-delà d’un simple projet artistique. Elle était plongée dans un monde d’ombres où vérité et mensonges s’entremêlaient, et elle devait apprendre à naviguer dans cette obscurité.

Serena l’attendait à quelques rues de là, appuyée contre sa moto, les bras croisés. Ses cheveux roux flamboyaient sous les lampadaires, et son regard perçant se fixa immédiatement sur Iris.

— Alors ? lança-t-elle sans préambule. Qu’est-ce qu’il voulait ?

Iris inspira profondément avant de répondre.

— Il voulait que je voie l’Observatory. Et il m’a proposé un marché : travailler pour lui, mais à mes conditions.

Serena haussa un sourcil, sceptique.

— À tes conditions ? Tu crois vraiment qu’il va respecter ça ? Ce type ne fait rien sans avoir un plan derrière la tête.

— Je sais, répondit Iris en se frottant les bras pour chasser le froid. Mais je ne pouvais pas refuser. Pas si je veux comprendre ce qui se passe ici.

Serena soupira et fit un signe de tête vers la moto.

— Monte. On ne peut pas rester ici. Quelqu’un pourrait nous surveiller.

Iris obéit sans discuter, grimpant derrière Serena. Le moteur rugit, vibrant sous elles, et Iris, instinctivement, passa ses bras autour de la taille de Serena. Le contact de son corps chaud à travers le cuir contrastait avec le froid mordant de la nuit.

Alors que la moto s’élançait dans les rues illuminées de la ville, les lumières des néons et des réverbères dansaient sur le bitume humide, créant une symphonie de reflets éphémères. Iris se rapprocha un peu plus de Serena, calant son visage contre l’épaule de cette dernière, à la fois pour se protéger du vent glacial et pour chercher une forme de réconfort dans cette proximité.

Chaque virage semblait ralentir le temps. La sensation du vent sur son visage, glacé mais vivifiant, mêlée à l’odeur de la nuit urbaine – un mélange de béton, de fumée et d’humidité – la ramenait à la réalité. Pourtant, il y avait quelque chose de presque sensuel dans cette course à travers la ville : la chaleur de Serena contre elle, les vibrations de la moto sous leurs corps, et le bruit sourd du moteur, comme un battement de cœur mécanique.

Iris posa le pied à terre lorsque Serena arrêta la moto devant leur immeuble. Pendant une fraction de seconde, elle resta immobile, ses bras encore autour de la taille de Serena, profitant des derniers instants de cette chaleur réconfortante. Le moteur s’éteignit, brisant l’enveloppe sonore qui avait accompagné leur course, et un silence presque intimidant s’installa, interrompu seulement par le lointain bruit des klaxons de la ville.

Serena tourna légèrement la tête, un sourire en coin, remarquant l’hésitation d’Iris à la lâcher.

— Tout va bien ? murmura-t-elle, sa voix un mélange de taquinerie et de sincérité.

Iris se redressa brusquement, retirant ses bras avec un léger rougissement qu’elle tenta de cacher en baissant la tête.

— Oui, ça va. Il fait juste froid, répondit-elle en serrant les pans de son manteau.

Serena ne dit rien, mais un éclat amusé brilla dans son regard avant qu’elle ne descende de la moto. Elles montèrent rapidement les marches, et Serena ouvrit la porte du loft, jetant immédiatement un coup d’œil autour d’elle. Ses gestes étaient précis, presque militaires, comme si elle s’attendait à trouver une menace tapie dans l’ombre.

Iris referma la porte derrière elles et s’appuya un instant contre le bois, fermant les yeux. Le loft était plongé dans une pénombre accueillante, seulement éclairé par les lampadaires de la rue qui projetaient des faisceaux orangés à travers les grandes fenêtres. La chaleur intérieure contrastait avec le froid mordant de l’extérieur, mais son esprit, lui, restait tourmenté.

Serena verrouilla la porte, tourna la poignée pour vérifier, puis se dirigea vers les fenêtres. Elle tira les rideaux avec des gestes précis, laissant à peine un espace pour voir l’extérieur.

— Tu crois vraiment qu’on est surveillées ? demanda Iris d’une voix faible, encore engourdie par la fatigue et les émotions du trajet.

Serena se tourna vers elle, le visage grave.

— Avec Grayson ? Toujours. Ce type ne laisse rien au hasard. Et toi, Wolfe, tu viens de devenir son centre d’intérêt. Alors oui, on est sûrement surveillées.

Iris frissonna, mais elle ne savait pas si c’était dû aux paroles de Serena ou à la pensée d’Elliot, avec son sourire calculé et ses mots lourds de sous-entendus. Elle se dirigea vers le canapé, s’effondrant dessus comme si son corps ne pouvait plus supporter le poids de la journée. Elle attrapa son sac, sortit son ordinateur et ouvrit rapidement le dossier que Marcus lui avait confié. Les photos, les noms, les articles... Tout semblait ramener à l’Observatory, une toile complexe de secrets qu’elle n’arrivait pas encore à déchiffrer.

Serena s’approcha, s’appuyant contre le dossier du canapé pour observer l’écran.

— Alors, qu’est-ce que tu espères trouver exactement ? demanda-t-elle, ses bras croisés.

Iris haussa les épaules, ses yeux restant fixés sur les lignes de texte.

— Des réponses. Quelque chose qui explique pourquoi tout semble tourner autour de cet endroit. Marcus dit qu’Elliot manipule les artistes, mais il y a autre chose. Je le sens. Tout ça va bien au-delà d’un simple projet artistique.

Serena la fixa un instant, puis désigna un des noms sur l’écran.

— Jonathan Armitage. Tu as trouvé quelque chose sur lui ?

Iris hocha la tête, tapotant sur le clavier pour ouvrir un article.

— Il était mentionné dans plusieurs scandales liés à l’Observatory. Apparemment, il aurait tenté de dénoncer certaines pratiques, mais tout a été étouffé. Depuis, il a disparu. Plus de traces de lui nulle part. Ni dans les médias, ni sur les réseaux sociaux. C’est comme s’il n’avait jamais existé.

Serena fronça les sourcils, ses doigts tapotant légèrement le dossier du canapé.

— Et si Grayson l’avait réduit au silence ? Ce ne serait pas la première fois qu’un homme de pouvoir fait disparaître une menace.

Iris poussa un soupir frustré, passant une main dans ses cheveux.

— Peut-être. Mais s’il est encore en vie, il pourrait avoir des réponses. Des réponses que personne d’autre ne peut me donner.

Serena posa une main sur son épaule, son ton adouci.

— Écoute, Wolfe, je sais que tu veux des réponses, mais fais attention. Ce genre de vérité a un prix. Et avec Grayson dans l’équation, ce prix pourrait être bien plus élevé que tu ne le crois.

Iris se tourna vers Serena, ses yeux brillant d’une lueur de défi.

— J’en suis consciente. Mais si je ne le fais pas, qui le fera ?

Serena fronça les sourcils, pensant intensément.

— S’il est toujours en vie, il pourrait avoir des réponses. Mais si Grayson l’a réduit au silence, ça risque d’être compliqué.

— Il faut essayer, répondit Iris. Je vais continuer à chercher.

Le silence était retombé dans le loft, seulement perturbé par le bruit léger des touches du clavier d’Iris. Serena s’était assise sur le canapé, ses jambes croisées sous elle, observant en silence les documents qui défilaient à l’écran. Les tensions de la journée semblaient s’être relâchées, mais une énergie palpable flottait encore dans l’air.

Ses pensées la ramenèrent à Seattle, à ce jour où tout avait changé. Elle se souvenait de cette galerie modeste, où l’une de ses photographies avait été exposée sans son accord. C’était une image qu’elle avait prise par hasard, une famille réunie lors d’un événement public.
La photo, qu’elle pensait anodine, avait révélé trop. Une femme, rayonnante aux côtés d’un homme… mais ce n’était pas son mari. La tempête médiatique qui avait suivi avait tout emporté : la vie privée des sujets, l’éthique de son art, et finalement, son propre équilibre.
À Seattle, elle avait senti les regards accusateurs, les murmures étouffés qui s’élevaient à son passage. Partir était devenu une évidence. Manhattan lui avait offert un refuge, mais pas un oubli.

— Tu vas passer la nuit à travailler ? demanda Serena d’un ton nonchalant, mais ses yeux trahissaient une certaine inquiétude.

Iris soupira, repoussant son ordinateur et se massant les tempes.

— Probablement, répondit-elle. Chaque fois que je pense avoir une piste, tout devient encore plus confus. Mais je ne peux pas arrêter maintenant.

Serena la fixa un instant, puis se leva et se dirigea vers la cuisine ouverte. Elle attrapa une bouteille de vin et deux verres, qu’elle posa sur la table basse devant le canapé.

— Prends une pause, Wolfe. Si tu continues comme ça, tu vas exploser. Et crois-moi, tu n’as pas besoin de plus de chaos dans ta vie en ce moment.

Iris leva un sourcil, amusée malgré elle.

— Tu t’inquiètes pour moi maintenant ?

Serena haussa les épaules, son sourire en coin.

— Peut-être. Mais si tu le répètes, je nierai tout en bloc.

Elles échangèrent un regard, et pour la première fois depuis longtemps, Iris se surprit à sourire. Serena lui tendit un verre de vin, puis s’installa à côté d’elle, si proche que leurs épaules se touchaient. Le contact était léger, presque imperceptible, mais suffisant pour réchauffer Iris après la froideur de la nuit passée.

— Merci, murmura Iris, sa voix presque inaudible.

Serena la regarda, son expression adoucie.

— Pour quoi ?

Iris détourna les yeux, jouant avec le pied de son verre.

— Pour… être là. Je sais que je peux être obstinée, mais tu restes malgré tout.

Serena haussa un sourcil, feignant la surprise.

— Obstinée ? Tu ? Je ne vois pas du tout de quoi tu parles, Wolfe.

Elles éclatèrent de rire, le son léger dissipant un peu la tension qui pesait dans l’air. Serena posa son verre et tourna légèrement son corps vers Iris, une lueur sérieuse dans les yeux.

— Tu sais, Wolfe, tu n’as pas à tout affronter seule. Je suis là. Et quoi qu’il arrive, je ne te laisserai pas tomber.

Iris releva les yeux, surprise par l’intensité de ces mots. Elle sentit une chaleur monter dans sa poitrine, une reconnaissance qu’elle n’avait pas les mots pour exprimer. Instinctivement, elle posa une main sur celle de Serena.

— Je sais, répondit-elle simplement.

Leurs regards se croisèrent, le moment s’étirant dans un silence lourd de significations non dites. L’ombre de la nuit et des secrets semblait s’être dissipée, juste pour un instant, laissant place à une connexion sincère et palpable. Iris sentit son cœur battre un peu plus vite, mais elle ne détourna pas les yeux.

Serena, fidèle à elle-même, fut la première à rompre la tension en se levant brusquement.

— Allez, Wolfe. Tu finis ce verre et après, tu dors. Je veille au cas où.

Iris ne put s’empêcher de sourire en voyant Serena s’éloigner, son assurance teintée d’un soin discret mais sincère. Elle savait qu’au-delà des ombres et des dangers qui les entouraient, Serena était une constante, un refuge dans le chaos.

Et ce soir, c’était tout ce dont elle avait besoin.

Iris termina son verre de vin en silence, réfléchissant à la manière dont Serena parvenait toujours à allier force et douceur. Alors qu’elle posait le verre sur la table basse, elle remarqua que Serena avait laissé la lumière du couloir allumée, menant vers la chambre. L’éclat diffus semblait l’appeler, créant une atmosphère feutrée et presque envoûtante.

Un peu hésitante, Iris se leva et suivit ce chemin lumineux, ses pas résonnant doucement sur le parquet. La porte de la chambre était entrouverte, laissant entrevoir une lumière tamisée qui dansait sur les murs. Elle frappa légèrement du bout des doigts avant de pousser la porte.

La pièce était baignée d’une lumière douce, émanant d’une lampe posée sur la table de chevet. Serena se tenait au centre, son dos tourné, occupée à ajuster quelque chose dans un miroir. Iris resta un instant, figée sur le seuil, ses yeux absorbant chaque détail de la scène devant elle. Serena était adossée au cadre du lit, une jambe légèrement pliée, son attitude un mélange de nonchalance et de confiance assumée. Sous la lumière tamisée, la fine dentelle noire qui la recouvrait semblait presque vibrer, dessinant des motifs délicats sur sa peau.

La bralette en dentelle dévoilait juste assez pour suggérer, laissant des ombres légères s’insinuer dans les courbes naturelles de son corps. Les motifs floraux complexes semblaient dansaient doucement, accentués par la lumière chaude. Les bretelles fines, ajustées à ses épaules, apportaient une touche de sophistication, encadrant son port de tête fier.

En bas, la culotte assortie était taillée dans un tissu soyeux qui épousait ses hanches avec élégance. Les bordures en dentelle transparente laissaient entrevoir la douceur de sa peau, tandis qu’un petit ruban noir au centre ajoutait une pointe de fantaisie presque innocente. La matière, légèrement scintillante sous la lumière, contrastait avec l’audace naturelle de Serena.

Serena croisa les bras, un sourire presque imperceptible jouant sur ses lèvres alors qu’elle observait la réaction d’Iris.

— Alors, Wolfe, tu comptes rester plantée là toute la nuit ? murmura-t-elle, son ton à la fois moqueur et invitant.

Iris sentit sa gorge se serrer légèrement, comme si les mots lui échappaient. Elle fit un pas en avant, les yeux captés par la manière dont la dentelle bougeait légèrement avec les mouvements de Serena. Elle détourna le regard brièvement, tentant de reprendre son souffle.

— Je… tu es magnifique, souffla-t-elle finalement, sa voix presque inaudible.

Serena arqua un sourcil, un éclat amusé dans les yeux.

— Magnifique, hein ? murmura-t-elle en s’approchant lentement. Je vais prendre ça comme un compliment.

Elle tendit une main vers Iris, effleurant légèrement sa joue. Ses doigts étaient doux mais fermes, guidant délicatement le visage d’Iris pour croiser son regard.

— Je t’ai dit de ne pas réfléchir, Wolfe, reprit-elle doucement. Ce soir, il n’y a que toi et moi. Rien d’autre.

Le ton de Serena était ferme mais réconfortant, et Iris sentit une vague de chaleur l’envahir. Elle se laissa guider à nouveau, suivant les mouvements de Serena jusqu’au bord du lit. Ses pensées tourbillonnaient encore, mais une certitude prenait forme : Serena était là pour elle, dans ce moment suspendu hors du chaos.

Serena, avec un sourire joueur, fit glisser une main le long du bras d’Iris, l’attirant doucement plus près. La lumière du chevet dansait toujours sur la dentelle noire, accentuant chaque détail et chaque mouvement, comme un tableau vivant empreint d’élégance et de sensualité.

Serena était si proche qu’Iris pouvait sentir la chaleur émanant de son corps, contrastant avec la fraîcheur persistante de la nuit. Les doigts de Serena glissèrent doucement sur le bras d’Iris, laissant une traînée de frissons dans leur sillage. Leur proximité était enveloppante, comme si l’espace autour d’elles s’était évaporé, ne laissant qu’une bulle hors du temps.

Iris posa une main hésitante sur la hanche de Serena, effleurant le tissu délicat de la dentelle. Elle sentit la douceur du tissu contre ses doigts, mais ce fut surtout la tension sous-jacente de ce geste qui accéléra son souffle. Serena ne bougea pas, son regard toujours ancré dans celui d’Iris, lisant chaque émotion qui traversait son visage.

— Wolfe, murmura Serena, sa voix plus douce qu’un souffle. Tu n’as pas besoin de réfléchir à ce que tu fais. Laisse-toi porter.

Ces mots furent comme une clé, déverrouillant quelque chose de profond en Iris. Elle hocha lentement la tête, ses yeux brillants d’une émotion qu’elle ne pouvait pas nommer. Elle se laissa guider par Serena, qui recula légèrement pour s’asseoir sur le bord du lit, tirant Iris avec elle.

Serena leva une main et repoussa une mèche de cheveux qui tombait sur le visage d’Iris. Ses doigts effleurèrent sa joue, descendant lentement le long de sa mâchoire jusqu’à son cou, dessinant un chemin presque imperceptible. Iris ferma les yeux un instant, se concentrant sur cette sensation, chaque nerf de son corps vibrant sous ce contact.

— Regarde-moi, murmura Serena.

Iris obéit, ses paupières se relevant lentement pour croiser à nouveau le regard de Serena. Il y avait une intensité dans ses yeux, une promesse silencieuse qui fit monter une chaleur dans le bas de son ventre. Serena prit doucement la main d’Iris et la guida sur sa propre taille, l’encourageant à explorer la douceur de la dentelle qui ornait son corps.

Le souffle d’Iris s’accéléra, et elle sentit son courage grandir sous le regard patient et confiant de Serena. Elle laissa ses doigts glisser sur la courbe de sa hanche, explorant les contours que le tissu délicat semblait magnifier. Serena ferma brièvement les yeux, une légère inspiration trahissant l’effet de ce toucher.

— Voilà, dit Serena, sa voix presque rauque. C’est toi qui as le contrôle, Wolfe.

Ces mots résonnèrent en Iris. Dans un monde où elle avait constamment l’impression d’être manipulée, ces instants lui donnaient un sentiment nouveau, puissant. Elle se rapprocha un peu plus, ses lèvres effleurant la clavicule de Serena, sa respiration chaude contre sa peau.

Serena leva doucement le menton d’Iris, leurs visages à quelques centimètres l’un de l’autre.

— Tu es magnifique quand tu lâches prise, murmura Serena avant de poser un baiser léger mais chargé de promesses sur les lèvres d’Iris.

Ce fut un baiser lent, exploratoire, où chaque mouvement semblait destiné à découvrir quelque chose de nouveau. Leurs mains trouvèrent naturellement leur chemin l’une vers l’autre, traçant des chemins sur des peaux qui frissonnaient à chaque contact.

Iris sentit son esprit se libérer. Tout ce qui pesait sur elle – l’Observatory, Elliot, les mystères et les dangers – s’évanouissait dans ce moment suspendu, où seule Serena existait.

Serena s’allongea doucement sur le lit, ses cheveux roux s’étalant comme une flamme sur les draps sombres. Elle observait Iris avec cette intensité habituelle, mais cette fois, une curiosité nouvelle dans les yeux, comme si elle attendait de voir ce qu’Iris ferait ensuite.

Iris resta debout un instant, son regard parcourant la silhouette de Serena. Ses pensées tourbillonnaient, mais cette fois, ce n’était pas de confusion. C’était une certitude, une confiance qu’elle n’avait jamais pleinement explorée. Ce moment n’était pas seulement une évasion : c’était une affirmation de ce qu’elle était et de ce qu’elle voulait.

Sans un mot, Iris s’approcha du lit et posa une main ferme sur la hanche de Serena, le tissu délicat de la dentelle glissant sous ses doigts. Elle se pencha, ses lèvres effleurant à peine celles de Serena dans un baiser qui semblait poser une question silencieuse. Serena répondit en approfondissant le contact, un sourire se dessinant sur ses lèvres.

Avec une audace qu’elle ne se connaissait pas, Iris se redressa légèrement et ouvrit le tiroir de la table de chevet à côté du lit. Elle en sortit un objet soigneusement enveloppé dans un tissu noir. La manière dont elle déplia lentement le tissu, révélant le jouet, fit monter une lueur d’amusement dans les yeux de Serena.

— Wolfe, murmura Serena avec un sourire en coin, tu caches bien ton jeu.

Iris haussa un sourcil, un éclat de défi dans son regard.

— Peut-être que je ne fais que commencer, répondit-elle doucement, sa voix basse mais ferme.

Elle posa le jouet sur le lit, laissant Serena deviner ce qui allait suivre. Iris se rapprocha, prenant doucement le contrôle de la situation. Elle effleura les épaules de Serena, glissant ses mains le long de ses bras, explorant chaque centimètre de peau. C’était un moment où elle voulait tout découvrir, où chaque geste était une affirmation silencieuse de son désir et de sa confiance.

Serena, habituellement celle qui prenait les devants, sembla surprise mais ravie de ce changement. Elle se laissa guider par Iris, son sourire joueur remplacé par une expression plus douce, plus vulnérable.

— Alors, qu’est-ce que tu attends ? murmura-t-elle.

Iris posa un doigt sur ses lèvres, demandant silencieusement à Serena de ne pas parler. Ce moment n’était pas pour les mots : il était pour les gestes, les sensations, et une exploration mutuelle où le contrôle changeait de mains, mais où la confiance restait le fil conducteur.

Iris fit glisser ses doigts sur la peau de Serena, ses gestes à la fois délicats et assurés. Chaque mouvement était une exploration, une manière de découvrir et de revendiquer un contrôle nouveau, mais jamais imposé. Le sourire en coin de Serena laissait transparaître un mélange d’amusement et d’anticipation, tandis qu’elle observait Iris avec un intérêt palpable.

Iris ouvrit doucement le tiroir de la table de chevet. À l’intérieur, parmi des objets soigneusement rangés, ses doigts s’arrêtèrent sur un accessoire qu’elle savait être là. Elle hésita une fraction de seconde, cherchant le regard de Serena, comme pour obtenir son accord tacite.

Serena inclina légèrement la tête, ses yeux brillant d’une confiance silencieuse. Ce simple geste, cette absence de mots, donnèrent à Iris la certitude qu’elle avait besoin. Elle sortit l’objet, le tenant avec précaution, presque avec révérence. La lumière tamisée du chevet accentuait les contours de ses traits concentrés.

— Tu es pleine de surprises, murmura Serena, un sourire joueur flottant sur ses lèvres.

Iris se rapprocha, le jouet dans une main, son autre main glissant sur le bras de Serena, effleurant doucement sa peau jusqu’à atteindre son poignet. Elle guida lentement Serena à s’allonger complètement sur le lit, ses gestes empreints d’une tendresse qui adoucissait l’audace de son initiative.

Elle activa l’objet, qui émit un léger bourdonnement, discret mais suffisant pour remplir la pièce d’une nouvelle énergie. Iris effleura le long du bras de Serena avec l’appareil, explorant avec une précision délicate, observant chaque réaction – un frisson léger, une respiration plus profonde, une tension qui disparaissait sous son toucher. C’était une danse silencieuse, où chaque mouvement révélait une connexion plus profonde.

— Tu prends goût à ça, Wolfe, murmura Serena, sa voix légèrement rauque.

Iris sourit, son regard fixé sur Serena. Elle guida lentement le jouet vers d’autres parties du corps de Serena, explorant chaque courbe avec la même minutie, cherchant à comprendre non seulement les réactions physiques, mais aussi les émotions qui se cachaient derrière. C’était plus qu’un simple moment de plaisir : c’était une manière pour Iris de prendre confiance, de s’exprimer dans un langage qu’elle n’avait jamais pleinement exploré.

Serena, d’ordinaire si assurée, semblait se laisser aller complètement. Ses mains agrippèrent légèrement les draps, et ses yeux, à demi-fermés, révélaient une vulnérabilité rare. Iris sentit une vague de chaleur monter en elle, mais c’était plus qu’un désir : c’était une responsabilité, une reconnaissance de la confiance que Serena lui accordait.

— Tu es parfaite comme ça, murmura Iris, sa voix à peine audible.

Serena ouvrit les yeux, capturant le regard d’Iris dans une expression de sincérité brute. Elle tendit une main, attrapant doucement le poignet d’Iris pour la tirer vers elle.

— Viens ici, dit-elle, son ton doux mais impérieux.

Iris posa le jouet sur le côté et se rapprocha, leurs corps maintenant presque entremêlés. Serena posa une main sur sa joue, un sourire tendre illuminant son visage.

— C’est ton tour, Wolfe.

Iris, surprise par l’invitation silencieuse de Serena, se laissa glisser sur le lit à ses côtés. La lumière tamisée du chevet illuminait leurs visages, créant un jeu d’ombres délicat sur leurs traits. Serena tendit une main, effleurant la joue d’Iris avec une douceur infinie, ses doigts traçant un chemin jusqu’à sa mâchoire.

— Tu es pleine de surprises ce soir, murmura Serena, ses lèvres se courbant en un sourire qui alliait taquinerie et sincérité.

Iris ne répondit pas immédiatement. Elle se contenta de fixer Serena, ses yeux capturant chaque détail : la lueur joueuse dans ses pupilles, le mouvement imperceptible de sa respiration, la manière dont la dentelle noire contrastait avec sa peau. Il y avait une poésie dans ce moment, une harmonie qu’Iris voulait préserver.

Elle posa une main sur la hanche de Serena, ses doigts suivant les motifs délicats du tissu, comme pour prolonger leur danse silencieuse. Puis, d’un geste calme mais assuré, elle saisit doucement le jouet qu’elle avait posé sur le côté. Elle le fit glisser le long du bras de Serena, reprenant leur exploration, mais cette fois avec une légèreté amplifiée par leur proximité.

Serena inclina la tête en arrière, ses paupières mi-closes. Ses lèvres laissèrent échapper un soupir discret, presque imperceptible, mais suffisant pour donner à Iris la certitude qu’elle avançait dans la bonne direction. Le jouet traça un chemin délicat, contournant chaque courbe, amplifiant la sensibilité de chaque contact.

— Tu apprends vite, dit Serena, sa voix plus basse, vibrante de douceur.

Iris se pencha légèrement, rapprochant leurs visages. Elle n’avait jamais ressenti une telle alchimie, où chaque geste, chaque souffle partagé semblait transcender les mots. Elle éteignit doucement l’appareil et posa une main sur la poitrine de Serena, sentant les battements réguliers de son cœur sous la dentelle. Ce simple contact, si intime dans sa simplicité, fit monter une chaleur dans ses propres joues.

— Merci de me faire confiance, murmura Iris, ses mots à peine audibles, mais lourds de sens.

Serena ouvrit les yeux et plongea son regard dans celui d’Iris. Elle leva une main et effleura les cheveux d’Iris, les faisant glisser entre ses doigts.

— C’est toi qui fais tout le travail ce soir, Wolfe, répondit-elle avec un sourire doux. Mais je crois que c’est mon tour maintenant.

D’un geste fluide, Serena inversa doucement leurs positions, sa silhouette se découpant élégamment contre la lumière du chevet. Son sourire s’élargit alors qu’elle observa le visage surpris d’Iris.

— Tu es magnifique quand tu lâches prise, murmura Serena.

Iris sentit ses joues s’embraser, mais elle ne détourna pas les yeux. Elle était prête à explorer ce moment, à s’abandonner totalement à la confiance qu’elles construisaient ensemble, geste après geste, souffle après souffle.

Serena se laissa retomber à côté d’Iris, le souffle court, mais un sourire satisfait éclairant son visage. La lumière tamisée jouait encore sur leurs peaux légèrement luisantes, dessinant des ombres délicates dans la pénombre de la pièce. Elles restèrent silencieuses un moment, simplement allongées côte à côte, leurs respirations se synchronisant lentement.

Iris tourna la tête pour regarder Serena. Ses cheveux roux s’éparpillaient sur l’oreiller comme une couronne de flammes, et son regard était plus doux qu’elle ne l’avait jamais vu.

— Merci, murmura Iris, sa voix à peine un souffle. Pour ce moment… pour tout.

Serena tourna légèrement la tête, ses lèvres s’étirant en un sourire en coin.

— Arrête de me remercier, Wolfe. C’est toi qui as pris les devants ce soir. Et tu as été parfaite.

Iris sentit ses joues s’empourprer légèrement, mais cette fois, elle ne détourna pas les yeux. Il y avait dans ce moment une chaleur et une sincérité qu’elle n’aurait jamais imaginées possibles au milieu du chaos de sa vie. Avec Serena, tout semblait s’arrêter, même si ce n’était que temporaire.

Serena tendit un bras et tira doucement Iris contre elle, leurs corps s’imbriquant naturellement. Leurs souffles étaient calmes maintenant, et la ville en contrebas semblait lointaine, presque irréelle.

— Tu sais, Wolfe, murmura Serena, ses doigts traçant des cercles légers sur l’épaule d’Iris, peu importe ce qui nous attend, on affrontera ça ensemble. Grayson, l’Observatory, tout ça… ça ne nous aura pas.

Iris ferma les yeux, se laissant porter par ces mots. Elle savait que la bataille qui l’attendait serait rude, mais pour la première fois, elle n’avait pas l’impression d’être seule. Serena était là, un pilier de force et de loyauté dans un monde rempli d’incertitudes.

— Ensemble, répondit Iris d’une voix ferme.

Et dans ce mot, elle trouva une nouvelle résolution. Ce qu’elle vivait avec Serena était plus qu’un simple moment d’évasion : c’était un rappel qu’au milieu des ombres, il y avait toujours une lumière à suivre.

Elles s’endormirent ainsi, enroulées l’une contre l’autre, tandis que la nuit de Manhattan s’étendait autour d’elles, pleine de promesses et de dangers. Mais ce soir, rien d’autre n’importait que cet instant partagé, où elles pouvaient enfin être elles-mêmes, loin des manipulations et des jeux de pouvoir.

Les jours suivants, Iris jongla entre son travail pour le projet d’Elliot et ses recherches sur Jonathan Armitage. Chaque photographie qu’elle prenait pour le projet semblait porter un poids nouveau, comme si elle capturait non seulement les fragments de Manhattan, mais aussi les ombres qui planaient sur elle.

Elliot, fidèle à son habitude, restait charmant et encourageant, mais ses remarques subtiles rappelaient constamment à Iris qu’il observait chaque mouvement.

— Ces clichés sont excellents, Miss Wolfe, dit-il lors d’une réunion dans son bureau. Mais souvenez-vous : la beauté réside dans le détail. Et les détails les plus intéressants sont souvent ceux qu’on ne veut pas voir.

Iris se contenta de hocher la tête, masquant son agacement. Elle savait qu’il testait ses limites, cherchant à voir jusqu’où elle était prête à aller. Mais elle jouait un jeu tout aussi dangereux, capturant des vérités qu’il n’avait pas prévues.

Un soir, alors qu’elle était plongée dans ses recherches, son téléphone vibra. Un numéro inconnu. Elle hésita, mais finit par répondre.

— Allô ?

Une voix rauque et fatiguée résonna à l’autre bout.

— Miss Wolfe ? C’est Jonathan Armitage.

Iris se redressa brusquement, son cœur battant à tout rompre.

— Monsieur Armitage ? Je… je cherchais à vous contacter. Comment avez-vous eu mon numéro ?

— Disons que j’ai encore quelques contacts. Mais si vous voulez des réponses, vous devez me rencontrer. Pas au téléphone. Pas par mail. En personne.

— Où et quand ? demanda Iris, le souffle court.

— Demain, 21 h, dans un café à Brooklyn. Je vous enverrai l’adresse. Mais venez seule. Et soyez prudente.

La ligne se coupa avant qu’elle ne puisse répondre. Elle posa lentement le téléphone, les mains tremblantes. Serena, qui avait observé en silence, se pencha vers elle.

— C’était lui, pas vrai ?

Iris hocha la tête.

— Il veut me rencontrer. Demain soir.

Serena se redressa, les bras croisés.

— Alors je viens avec toi.

— Non, répondit Iris fermement. Il a insisté pour que je sois seule. Si tu te montres, il pourrait se braquer.

— Et si c’est un piège ? répliqua Serena, son ton glacé. Tu crois vraiment que tu peux te promener dans tout ça sans un filet de sécurité ?

— Je n’ai pas le choix, Serena, dit Iris, sa voix tremblante mais déterminée. Si je veux des réponses, je dois prendre ce risque.

Serena fixa Iris pendant un long moment, puis soupira lourdement.

— Très bien. Mais je serai dans les environs. Si quelque chose ne va pas, tu m’appelles immédiatement.

Iris hocha la tête, reconnaissante. Elle savait que cette rencontre serait cruciale. Jonathan Armitage détenait des réponses, et elle était prête à tout pour les obtenir.

Mais dans un monde où chaque vérité semblait dissimuler un mensonge, Iris se demandait si elle était vraiment prête à entendre ce qu’il avait à dire.

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