CHAPITRE 18 : L’aube de la confrontation

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L’atmosphère était oppressante dans le petit loft. Les murs semblaient se refermer autour d’eux, alourdis par l’urgence et la tension. Jonathan était étendu sur le canapé, le visage pâle, serrant la clé USB comme si elle contenait le dernier souffle d’un naufragé. Ses doigts tremblaient, mais son emprise restait ferme, presque désespérée.

Iris s’approcha lentement, posant une main hésitante sur son épaule.

— Jonathan, donnez-la-moi, dit-elle doucement, ses propres mains tremblantes légèrement.

Jonathan la fixa, son regard chargé d’une peur animale. Il relâcha la clé avec une lenteur douloureuse, ses lèvres murmurantes :

— Ne la perdez pas…

Iris hocha la tête, saisissant l’objet avec précaution. Elle croisa le regard de Serena, debout près de la fenêtre, le visage tendu, vérifiant une énième fois les verrous. Malgré sa posture droite, une légère boiterie trahissait la blessure qu’elle avait reçue plus tôt.

— Tout est sécurisé, annonça Serena, mais sa voix était plus tendue que ferme. Elle jeta un coup d’œil à Jonathan avant de se détourner vers la rue sombre en contrebas. Si Grayson sait ce qu’on a, il ne va pas tarder à agir.

Iris inséra la clé USB dans son ordinateur portable. L’écran clignota, révélant un dossier verrouillé intitulé Grayson_Master_Plan. Rien que le nom fit s’accélérer son rythme cardiaque. Elle tapa nerveusement sur les touches, mais une demande de mot de passe bloqua l’accès.

— C’est protégé, dit-elle, exaspérée. Sam, tu peux faire quelque chose ?

Sam, qui avait gardé le silence jusque-là, s’approcha et s’assit devant l’ordinateur. Ses doigts tapotèrent rapidement le clavier, son visage éclairé par l’écran.

— Ça va prendre un moment, répondit-il. Ce genre de cryptage n’est pas une blague.

Iris inspira profondément et s’éloigna, laissant Sam travailler. Elle envoya rapidement un message à Rachel.

«Nous avons des preuves supplémentaires. Prépare-toi à les publier dès que possible.»

Quelques instants plus tard, Rachel répondit.

«Compris. Je suis prête.»

— Rachel est en place, annonça Iris en se tournant vers Serena.

Serena hocha la tête, son expression indéchiffrable. Elle semblait ailleurs, ses yeux rivés sur la rue en contrebas.

— Grayson sait qu’on est proches. Ce n’est pas une question de «si» mais de «quand». Il va venir. Et cette fois, il ne laissera rien au hasard.

Iris sentit un frisson lui parcourir l’échine. Elle regarda Jonathan, toujours affaibli sur le canapé, et Sam, concentré sur l’ordinateur. Tout reposait sur eux.

— Si ça tourne mal… on fait quoi ? murmura-t-elle.

Serena se tourna vers elle, posant une main ferme mais rassurante sur son épaule.

— Wolfe, on fait ce qu’on doit faire. On se bat.

Quelques heures plus tard, Sam se redressa brusquement, un sourire fatigué sur le visage.

— C’est bon. J’ai réussi.

Le petit groupe se rassembla autour de l’écran. Les dossiers s’ouvrirent, révélant un réseau complexe de paiements illégaux, de contrats coercitifs, et de communications incriminantes. Iris sentit son souffle se couper en découvrant l’étendue des manipulations de Grayson.

— Mon Dieu… c’est énorme, murmura-t-elle. Avec ça, on peut le détruire.

Jonathan hocha faiblement la tête depuis le canapé.

— Pas si vite, dit Serena d’un ton grave. Grayson a les moyens de transformer n’importe quelle accusation en une attaque contre lui. Il faut frapper plus fort. Plus vite.

Elle fit quelques pas vers la fenêtre, son regard se perdant dans la rue sombre. Elle semblait hésiter, ses épaules voûtées sous le poids de l’angoisse. Après un long silence, elle murmura :

— Parfois, je me demande si tout ça en vaut la peine. Grayson n’est pas juste un homme, Wolfe. C’est un système. Une machine qui broie tout sur son passage.

Iris s’approcha, ses yeux scrutant le visage de Serena.

— Mais on a une chance, Serena. Une vraie chance, cette fois.

Serena tourna lentement la tête vers elle, son expression dure adoucie par une étincelle de détermination.

— Alors, on fait tout pour qu’elle compte.

Le bruit fracassant d’une porte défoncée déchira le silence du loft. Iris sursauta, son cœur bondissant dans sa poitrine.

— Wolfe, prends la clé et file ! cria-t-elle.

Iris hésita, ses yeux passant de Jonathan à Serena.

— Maintenant ! insista Serena.

Elle glissa la clé USB dans sa poche, attrapa Jonathan sous le bras, et, avec l’aide de Sam, se dirigea vers la sortie arrière. Les bruits de lutte et les cris résonnaient derrière elle, mais elle ne pouvait pas se retourner. Pas maintenant.

Une voiture les attendait dans la ruelle, conduite par l’un des contacts de Serena. Sam ouvrit la porte arrière et y déposa Jonathan avec précaution.

— Où est Serena ? demanda Iris, la panique montant en elle.

Sam secoua la tête, sa mâchoire serrée.

— Elle nous couvre. Elle va s’en sortir.

Le moteur rugit, et la voiture démarra en trombe, laissant derrière elle les éclats de verre et les ombres menaçantes.

Iris, toujours tremblante, regarda Jonathan. Ses mains tenaient fermement la clé USB, son visage marqué par la douleur et la fatigue.

— Vous avez fait ce qu’il fallait, murmura-t-il.

Elle hocha lentement la tête, des larmes coulant sur ses joues.

— Cette fois, murmura-t-elle, cette fois, on a une chance.

Alors que la voiture s’éloignait à toute allure, Iris ne pouvait s’empêcher de jeter des regards inquiets par la vitre arrière. Les lumières de Manhattan défilaient, mais son esprit restait figé sur les bruits de lutte qu’elle avait entendus. Serena… Était-elle encore vivante ?

— Conduis plus vite, murmura-t-elle au conducteur, la voix brisée.

Jonathan gémissait faiblement à côté d’elle, la douleur visible sur son visage. Iris posa une main tremblante sur son épaule.

— On va s’en sortir, Jonathan, dit-elle, plus pour se convaincre elle-même que pour lui.

Sam, assis devant, tournait la tête vers elle.

— On ne peut pas s’arrêter, Wolfe. Pas tant qu’on n’est pas sûrs que cet endroit soit sûr.

Iris acquiesça, son regard glissant vers la clé USB qu’elle avait cachée dans la poche intérieure de sa veste. Elle semblait brûler contre sa poitrine, un poids tangible rappelant ce qu’ils avaient laissé derrière eux.

Pendant ce temps, dans le loft, Serena se battait avec l’énergie du désespoir. Elle avait réussi à désarmer un assaillant en le frappant violemment avec une lampe de chevet, mais un deuxième homme était déjà sur elle. Leur lutte était acharnée ; chaque mouvement semblait peser des tonnes, chaque respiration un effort titanesque.

— Vous n’allez pas repartir avec ça ! hurla-t-il en la plaquant contre le mur.

Serena grogna de douleur, mais elle planta son regard dans celui de l’homme, refusant de montrer la moindre faiblesse. Elle lui donna un coup de genou dans l’estomac, suffisamment fort pour le faire reculer. Elle savait qu’elle ne tiendrait pas longtemps. Ils étaient trop nombreux, et elle était seule.

Les bruits des autres hommes fouillant l’appartement résonnaient autour d’elle, lui rappelant qu’il ne s’agissait pas seulement de sa survie. Elle devait gagner du temps, juste assez pour qu’Iris, Jonathan, et Sam échappent au danger.

Elle sentit une brûlure vive à son flanc lorsqu’un troisième homme l’attrapa, la maîtrisant avec facilité. Elle lutta, ses mouvements devenant plus désordonnés, son souffle de plus en plus court.

Dans la voiture, Sam parlait rapidement au téléphone, relayant leur position à l’un des contacts de Serena. Iris serrait les poings, son regard fixé sur Jonathan, qui semblait sombrer peu à peu dans l’inconscience.

— On ne peut pas continuer comme ça, murmura-t-elle. On doit le soigner.

Sam se retourna légèrement, ses traits marqués par la tension.

— On est presque arrivés. Tiens bon.

Iris ferma les yeux un instant, tentant de calmer le tourbillon d’émotions qui menaçait de la submerger. Mais ses pensées revenaient toujours à Serena. Pourquoi n’était-elle pas là ?

Le loft était maintenant plongé dans un silence relatif. Les assaillants avaient fouillé l’endroit, mais sans succès. Serena, étendue sur le sol, respirait difficilement. Une coupure profonde zébrait son bras gauche, et son flanc palpitait de douleur.

Un des hommes s’approcha d’elle, son visage froid et calculateur.

— Où est la clé ? demanda-t-il, sa voix aussi tranchante qu’un couteau.

Serena lui répondit avec un sourire ensanglanté.

— Loin de vous.

Il fronça les sourcils, s’apprêtant à répliquer, mais un bruit à l’extérieur interrompit leur échange. Une sirène de police, lointaine mais suffisante pour provoquer l’agitation parmi les assaillants.

— On dégage, ordonna l’un d’eux.

Ils quittèrent le loft en un instant, laissant Serena seule dans l’obscurité.

Le groupe arriva finalement dans une maison isolée, à la périphérie de la ville. L’endroit était sombre et austère, mais il offrait une sécurité temporaire. Jonathan fut installé sur un lit de fortune, et Sam commença à soigner ses blessures.

Iris, cependant, ne pouvait s’asseoir. Elle marchait de long en large, le cœur serré.

— On doit retourner chercher Serena, dit-elle enfin.

Sam releva la tête, essuyant ses mains tachées de sang.

— Elle savait ce qu’elle faisait. Elle voulait qu’on parte.

— Mais elle pourrait être…

Iris ne termina pas sa phrase, incapable de prononcer le mot qui lui traversait l’esprit. Sam posa une main ferme sur son épaule.

— Si quelqu’un peut s’en sortir, c’est Serena. Mais pour l’instant, on doit se concentrer sur ce qu’elle a sacrifié pour nous permettre de faire : exposer Grayson.

Iris s’installa finalement devant l’ordinateur, la clé USB entre ses doigts. Les données étaient là, accessibles, prêtes à être partagées. Mais elle savait que publier ces informations signifiait déclarer la guerre à Grayson. Cela signifiait également mettre en danger non seulement leurs vies, mais celles des artistes qui avaient accepté de témoigner.

Ses mains tremblaient alors qu’elle rédigeait un message à Rachel.

«On diffuse tout à l’aube. Soyez prêts.»

Elle inspira profondément et appuya sur «envoyer».

Dans le silence de la nuit, Iris fixa l’écran, le visage éclairé par la lumière vacillante du moniteur. Jonathan dormait enfin, sa respiration lente et irrégulière. Sam, debout près de la porte, veillait, l’arme à la main.

Iris serra les poings. Peu importe le coût, elle ferait en sorte que leur lutte ne soit pas vaine. Elle murmura doucement, pour elle-même, pour Serena, pour tous ceux qui avaient souffert :

— Ça compte. Ça doit compter.

Et au loin, alors que la ville se réveillait doucement, l’obscurité commençait à céder, annonçant l’arrivée d’une bataille qu’ils ne pouvaient plus fuir.

La lumière du jour perçait timidement les rideaux poussiéreux de la cachette, révélant des visages marqués par l’épuisement. Iris n’avait pas dormi. Ses yeux étaient rougis par les heures passées à analyser chaque ligne des fichiers, à structurer les preuves, et à préparer une stratégie de diffusion.

Jonathan, bien que toujours affaibli, semblait reprendre un peu de couleurs. Il fixait Iris avec une admiration silencieuse, conscient qu’elle portait désormais la responsabilité de leur lutte. Sam, quant à lui, s’était endormi sur une chaise près de la porte, un pistolet posé sur la table à ses côtés.

Iris consulta une dernière fois ses notes. L’évidence des crimes de Grayson était accablante : des contrats rédigés pour piéger des artistes, des transferts d’argent destinés à acheter des influenceurs, et même des menaces voilées envoyées par ses hommes de main. Chaque document était une pièce d’un puzzle monstrueux.

— C’est maintenant ou jamais, murmura-t-elle, ses doigts hésitant au-dessus du clavier.

Un bruit soudain à l’extérieur fit sursauter tout le monde. Sam bondit de sa chaise, son arme déjà en main. Il jeta un coup d’œil à travers les rideaux.

— Une voiture, annonça-t-il, sa voix tendue. Ça pourrait être Serena… ou pire.

Iris sentit son cœur s’arrêter une fraction de seconde.

— Serena ? souffla-t-elle, l’espoir mêlé à la peur.

La porte s’ouvrit brusquement, et Serena apparut, soutenue par un homme que personne ne connaissait. Elle était pâle, visiblement blessée, mais debout. Un pansement de fortune ornait son flanc, et son visage était marqué par la fatigue et la douleur.

— Vous pensiez vraiment que j’allais vous laisser vous débrouiller seuls ? lança-t-elle, un sourire en coin malgré la grimace qui déformait ses traits.

Iris se précipita vers elle, la soutenant de l’autre côté pour l’installer sur une chaise. Ses mains tremblaient légèrement, mais elle n’en montrait rien.

— Comment tu t’en es sortie ? demanda Sam, toujours méfiant, son regard se posant sur l’inconnu.

L’homme leva les mains en signe de paix.

— C’est un ami, répondit Serena. Un de ceux qui détestent Grayson autant que nous. Il m’a trouvée après leur départ. Sans lui, je ne serais pas là.

L’inconnu s’inclina légèrement.

— Je m’appelle Leon. Je travaille pour certaines des victimes de Grayson. Quand j’ai entendu parler de votre opération, je me suis dit que je pouvais aider.

Sam échangea un regard sceptique avec Iris, mais Serena hocha la tête.

— Il est fiable, affirma-t-elle. Et on a besoin de toute l’aide possible.

L’équipe se rassembla autour de l’ordinateur. Iris envoya un signal à Rachel pour confirmer que tout était prêt. Serena, malgré sa douleur, se redressa légèrement, son regard dur fixé sur l’écran.

— Une fois que c’est en ligne, il n’y a plus de retour en arrière, dit-elle. Grayson va se déchaîner. Vous êtes prêts ?

Iris hocha la tête, ses mains fermement posées sur le clavier. Elle inspira profondément, son esprit revenant aux visages des artistes qu’elle avait convaincus de parler. Adam Stokes, en particulier, résonnait encore dans sa mémoire. «Faites que ça compte.» Ses mots tournaient en boucle.

— Oui, répondit-elle enfin.

Elle appuya sur «entrer», et les preuves commencèrent à se télécharger sur plusieurs plateformes. Les vidéos, les témoignages, les documents scannés. Tout allait être révélé au grand jour.

Les premières notifications arrivèrent en moins de dix minutes. Les médias commençaient déjà à s’emparer des informations. Les messages de soutien affluaient, mais aussi des menaces. Grayson ne se laisserait pas abattre sans réagir.

Le téléphone de Serena vibra. Elle le consulta brièvement avant de lever les yeux vers les autres.

— Il sait, dit-elle simplement.

Sam se leva immédiatement.

— On doit bouger. Cet endroit n’est plus sûr.

Leon hocha la tête.

— J’ai un autre lieu en tête. Mais il faut partir maintenant.

Iris serra la clé USB une dernière fois avant de la glisser dans la poche intérieure de sa veste. Jonathan, bien que faible, se redressa avec leur aide. Tout le monde savait qu’ils entraient dans une nouvelle phase, encore plus dangereuse.

Sur la route, la tension était palpable. La voiture filait à travers la périphérie de Manhattan, mais une ombre semblait planer au-dessus d’eux. Serena, assise à l’avant, jetait des regards rapides à travers les fenêtres.

— Il ne se contentera pas de nous poursuivre, murmura-t-elle. Grayson va frapper là où ça fait mal. Si Rachel n’est pas protégée…

— J’ai déjà envoyé quelqu’un pour veiller sur elle, interrompit Leon. Mais vous avez raison. On doit agir vite.

Iris, à l’arrière, sentait l’adrénaline pulser dans ses veines. Elle regarda Jonathan, qui semblait de plus en plus faible. Le poids de leurs choix la submergeait, mais elle n’avait pas le luxe de céder à la peur.

— On ne recule pas, dit-elle enfin, sa voix tremblant légèrement mais résolue. On le termine.

La voiture s’arrêta finalement devant une maison isolée, à l’orée d’une forêt. L’endroit semblait sûr, mais tout le monde restait sur ses gardes. Une fois à l’intérieur, Serena s’effondra sur un canapé, son visage marqué par la douleur.

Iris prit une chaise à proximité et s’assit, les mains sur ses genoux. Elle sentait que le moment de répit ne durerait pas.

Serena brisa le silence.

— Grayson est peut-être un monstre, mais il n’est pas invincible. Ce qu’on a fait aujourd’hui, c’est une frappe directe contre son pouvoir. Et ça, il ne le pardonnera jamais.

Sam acquiesça, son regard sombre.

— Alors on le fait tomber avant qu’il n’ait la chance de riposter.

Tous échangèrent un regard. Malgré la peur et les blessures, une étincelle de détermination brillait dans leurs yeux. Le combat était loin d’être terminé, mais pour la première fois, ils sentaient qu’ils avaient une chance.

La maison isolée dans la forêt semblait silencieuse, presque trop paisible. Le genre de tranquillité qui mettait les sens en alerte. Serena était assise près de la fenêtre, une tasse de café refroidissant dans ses mains. Ses yeux balayaient les arbres à intervalles réguliers, traquant une menace invisible. Sa respiration était plus régulière qu’avant, mais chaque mouvement rappelait la douleur qui irradiait de sa blessure.

Iris, quant à elle, était plongée dans son ordinateur, vérifiant les réactions en ligne. Les réseaux sociaux débordaient de commentaires, certains saluant leur courage, d’autres dénonçant une «attaque injustifiée contre un visionnaire». Un hashtag lié à Grayson commençait déjà à apparaître dans les tendances.

— Il contrôle les récits même quand il est acculé, murmura Iris, ses doigts frappant frénétiquement les touches. On aurait dû s’en douter.

Sam entra dans la pièce, tenant une petite radio de surveillance.

— Aucune activité autour de la maison, dit-il. Mais ça ne veut pas dire qu’il ne sait pas où on est.

Serena grogna en guise de réponse, posant la tasse sur la table.

— Il sait. Il sait toujours. La question, c’est : pourquoi il n’a pas encore attaqué ?

Leon, appuyé contre le cadre de la porte, intervint calmement.

— Il prépare quelque chose. Grayson ne prend jamais de risques inutiles. S’il bouge, ce sera décisif.

Jonathan, allongé sur un lit de fortune dans une pièce adjacente, toussota faiblement. Iris se leva pour aller le voir, laissant l’ordinateur entre les mains de Serena. Elle trouva Jonathan éveillé, son regard fixé sur le plafond.

— Comment vous sentez-vous ? demanda-t-elle doucement, s’asseyant près de lui.

— Comme quelqu’un qui a survécu à un ouragan, répondit-il avec un sourire faible. Mais… j’ai vu les nouvelles. Vous avez tout publié ?

Iris hocha la tête.

— Tout est dehors. Maintenant, c’est entre leurs mains… et les nôtres.

Jonathan ferma les yeux, soupirant profondément.

— Soyez prudente, murmura-t-il. Grayson ne recule jamais. Pas tant qu’il reste une chance de gagner.

Quelques heures plus tard, alors que le soleil déclinait derrière les arbres, Serena se redressa brusquement. Elle avait repéré un mouvement dans les ombres.

— On a de la compagnie, dit-elle d’un ton sec.

Sam vérifia rapidement la radio et hocha la tête.

— Plusieurs signaux en approche. Ils se déplacent en formation.

Leon se précipita vers une armoire pour sortir deux fusils de chasse qu’il avait dissimulés à leur arrivée.

— Si on veut tenir, il faut agir maintenant. Iris, Jonathan, restez dans cette pièce. Verrouillez la porte et ne sortez que si je vous appelle.

Iris sentit son cœur s’emballer. Elle posa une main sur le bras de Serena.

— Et toi ? Tu es blessée !

— Ça n’a pas d’importance, répliqua Serena en serrant les dents. Si on ne se bat pas, ils nous auront tous.

Iris voulait protester, mais le regard de Serena la fit taire. Elle obéit à contrecœur, guidant Jonathan vers la chambre. Elle referma la porte derrière eux et la verrouilla avant de pousser un meuble devant pour faire obstacle.

— On ne peut pas juste rester là, murmura Iris en entendant les premiers coups de feu retentir.

Jonathan, malgré sa faiblesse, lui répondit avec calme.

— Parfois, survivre, c’est tout ce qu’on peut faire.

À l’extérieur, Sam et Leon prenaient position près des fenêtres. Les assaillants avançaient prudemment, leurs mouvements calculés. Ils portaient des équipements tactiques et communiquaient par radio.

— Ils sont mieux organisés que je ne le pensais, dit Leon en abaissant son fusil après avoir tiré un coup. On est en infériorité numérique.

Serena, accroupie derrière un canapé renversé, observait les attaquants.

— S’ils passent par la porte, on les prend en étau, murmura-t-elle.

Les hommes de Grayson ne tardèrent pas à tenter une percée. Une explosion sourde retentit, faisant voler la porte d’entrée en éclats. Trois silhouettes se précipitèrent à l’intérieur.

Sam frappa le premier à la tête avec la crosse de son fusil, l’assommant instantanément. Serena, malgré sa douleur, se glissa derrière le deuxième et le désarma d’un coup précis à la main, mais elle manqua de peu une riposte. Leon tira sur le troisième, le forçant à battre en retraite.

— On ne tiendra pas longtemps comme ça, cria Sam. On doit trouver une issue !

Iris, depuis la chambre, écoutait les échanges de tirs, ses mains tremblant d’impuissance. Jonathan, bien que faible, semblait garder son calme.

— Parfois, il faut savoir quand courir, murmura-t-il.

Comme pour répondre à ses paroles, Serena ouvrit brusquement la porte, le visage marqué par la douleur.

— On part. Maintenant ! Ils sont trop nombreux.

Leon arriva derrière elle.

— Une sortie de secours à l’arrière. Si on se dépêche, on peut leur échapper.

Sam couvrit leur retraite pendant que Serena aidait Jonathan à marcher. Iris portait un sac contenant l’ordinateur et la clé USB. Chaque pas à travers la forêt était une lutte contre la peur.

Derrière eux, les cris des assaillants se rapprochaient, mais les arbres semblaient offrir une protection précaire. L’équipe se dirigeait vers une clairière où Leon avait garé une deuxième voiture, mais le chemin était périlleux.

Une branche craqua brusquement, et une balle siffla près d’Iris. Serena réagit instinctivement, l’attrapant pour la pousser à couvert.

— Continue ! cria Serena. Je suis juste derrière.

Ils atteignirent finalement la voiture, haletants et couverts de boue. Leon prit le volant, et Sam monta à côté de lui, prêt à tirer si nécessaire. Serena, Jonathan et Iris s’entassèrent à l’arrière.

Le moteur rugit, et la voiture s’éloigna à toute vitesse.

Dans le silence tendu qui suivit, Iris posa une main sur la clé USB dans sa poche. Le poids de cet objet semblait plus lourd que jamais. Elle regarda Serena, dont le visage était marqué par la douleur mais aussi par une détermination implacable.

— On n’en a pas fini, murmura Iris.

Serena esquissa un sourire en coin, malgré ses lèvres fendues.

— Non, Wolfe. Ce n’est que le début.

Au loin, les lumières de la ville commençaient à poindre à travers les arbres. Une nouvelle bataille les attendait, mais pour l’instant, ils avaient survécu. C’était suffisant.

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