Chapitre 7
Dans l'adversité, le véritable caractère d'un homme se révèle, non par ses paroles mais par la force de ce qu'il protège. Inconnu
Le murmure d’Amiel venait
de s’éteindre qu’un craquement soudain brisa le silence. Les deux corps se raidirent, leurs regards se tournant instantanément vers l'obscurité qui entourait le jardin. Amiel s'était figé, tous ses sens en alerte. Aella sentit un frisson lui parcourir l'échine, une tension palpable imprégnant l'atmosphère.
— Reste derrière moi, murmura Amiel, d'un ton plus tranchant, plus glacial.
Avant qu'elle ne puisse réagir, plusieurs silhouettes émergèrent des ombres. Des hommes, vêtus de noir, armés jusqu’aux dents, se déplaçaient comme des prédateurs. Leurs yeux rivés sur Amiel, mais aussi sur Aella. Leurs visages étaient couverts de masques, mais l'intention dans leurs gestes était évidente : ils étaient là pour tuer.
Le chef du groupe s’avança, un sourire tordu sur ses lèvres, tenant une arme massive dans sa main, toisant Amiel avec mépris.
— Le Baron t'envoie ses salutations, Khalis, cracha-t-il. Il pense que tu as trop traîné dans ses affaires.
Aella sentit son cœur se serrer de peur. Avant qu'elle ne puisse bouger ou crier, Amiel se plaça instinctivement devant elle, la couvrant de son corps, prêt à la protéger. Il n'y avait aucune hésitation dans ses mouvements, devenant un bouclier entre elle et la mort.
— Ne fais pas ça, dit calmement Amiel au chef, ses yeux verts scintillant dans l'obscurité. Tu sais très bien que je ne suis pas un homme à abattre si facilement. Retourne dire au Baron que je ne suis pas encore prêt à m'incliner.
Le chef ricana, un rire guttural résonnant dans le silence.
— Tu te prends pour un héros ? Un protecteur ? Depuis quand ça t'importe, une petite fille innocente Khalis ?
Il désigna Aella d’un mouvement de menton, et un autre homme s’approcha, ses intentions claires. Aella se tendit, la terreur l'envahissant alors que l'homme pointait son arme vers elle.
— C'est elle qui va payer pour ton arrogance, continua le chef, sa voix dégoulinant de cruauté. Le Baron n'a rien contre elle, mais il n'a pas non plus de raison de la laisser en vie , d'autant plus quand il saura ta réaction envers elle.
Aella sentit la panique la submerger. Ses mains tremblaient, mais elle se força à respirer. Il y avait une détermination froide dans les yeux d’Amiel, et elle se sentit en sécurité, même face à cette menace mortelle.
— Ne la touche pas, elle m'appartient prévint Amiel, sa voix glaciale et implacable.
Les hommes s’arrêtèrent, hésitants. L’autorité qui émanait de lui semblait les perturber, mais leur chef n’avait pas l’intention de reculer.
— Amiel ! fit Aella d’une voix tremblante.
L’homme tira sur elle, mais Amiel réagit en un éclair. Il attrapa l'arme de l'homme avec une rapidité fulgurante, la détournant de sa trajectoire. Une détonation assourdissante retentit, mais la balle manqua Aella de justesse.
Le chaos s’installa. Amiel se battait avec une précision et une efficacité mortelles. Aella, pétrifiée, observait avec stupeur la manière dont il se mouvait, tel un prédateur face à ses proies.
Mais les hommes n’abandonnaient pas. Deux d’entre eux se détachèrent de la mêlée pour se diriger vers Aella, leurs armes levées.
Amiel, occupé à désarmer un autre homme, se retourna juste à temps pour voir ce qui se passait.
— Aella, cours ! cria-t-il.
Aella obéit, mais ses jambes n'arrivait pas à suivre le rythme et son coeur palpitait tellement qu'on aurait dit qu'il voulait exploser. Les deux hommes approchaient, et Amiel ne pouvait pas la protéger à temps.
— Lâchez-la ! gronda Amiel, sa voix remplie de fureur.
Les hommes s’arrêtèrent brusquement, immobilisés par un geste rapide d’Amiel.
Essoufflée, Aella recula de quelques pas. Amiel s'approcha, essuyant un mince filet de sang sur son bras, son regard toujours intense.
— Est-ce que ça va ? demanda-t-il.
Aella hocha la tête, incapable de parler.
— Je t'avais dit de ne pas te mêler de mes affaires, murmura Amiel. Maintenant, tu es impliquée, que tu le veuilles ou non.
Aella chercha son regard, mais tout ce qu'elle vit était un abîme de secrets et de dangers. Et ce fut dans ses ténèbres qu'elle plongea en perdant connaissance dans ses bras.
Amiel sentit le poids d'Aella contre lui s'alléger brusquement, son corps devenant mou et inerte. Elle s'évanouit littéralement dans ses bras, sa tête reposant mollement contre son épaule. Son regard impassible se crispa légèrement, mais il ne laissa rien paraître de plus, serrant juste un peu plus son étreinte pour la maintenir.
Au même moment, Leven et Arissa arrivèrent, visiblement en alerte après les coups de feu. Leven se rapprocha immédiatement.
— On est arrivés juste à temps, lança-t-il d'une voix tendue, observant les hommes du Baron allongés au sol.
Arissa jeta un coup d'œil rapide à Aella, toujours inconsciente dans les bras d’Amiel. Son regard s'attarda une seconde de trop sur l'expression dure et pourtant imperceptiblement préoccupée d'Amiel.
— Qu'est-ce qu'il s'est passé ? demanda-t-elle en fronçant les sourcils.
Amiel détourna légèrement le regard, évitant de répondre directement.
— La fête est finie, dit-il froidement. On rentre.
Leven haussa un sourcil, remarquant l'évanouissement d'Aella sans poser de questions. Il connaissait suffisamment Amiel pour savoir qu'il n'expliquait jamais ses actions sur le moment. Il hocha simplement la tête et se plaça en éclaireur.
— Je m'occupe de sécuriser la sortie, dit Leven avant de se fondre dans l'obscurité.
Arissa suivit d'un regard plus scrutateur, puis se tourna vers Amiel, ses lèvres légèrement pincées.
— Tu comptes la transporter comme ça jusqu’à la voiture ? demanda-t-elle avec une pointe d'inquiétude dans la voix.
Amiel lui lança un regard sévère, serrant un peu plus Aella contre lui.
— Tu as une autre suggestion ? répondit-il sèchement avant de commencer à marcher vers la sortie.
Arissa, malgré la tension, réprima un sourire en coin. Amiel, même dans ce genre de situation, ne montrait pas ouvertement ses émotions, mais elle savait que, sous cette façade, il s'inquiétait probablement plus qu'il ne voulait le laisser paraître.
— Fais juste attention à elle, murmura-t-elle en le suivant à distance.
Les pas d’Amiel résonnaient dans la nuit tandis qu’ils traversaient les couloirs déserts menant à l’extérieur. Sa poigne ferme sur Aella ne faiblit pas une seule seconde, malgré la légèreté apparente avec laquelle il la portait.
Ils rejoignirent rapidement Leven, qui surveillait la rue avec attention.
— Tout est clair, dit-il en jetant un regard à Amiel. On peut y aller.
Amiel hocha la tête et, sans un mot de plus, continua vers la voiture, Aella toujours blottie contre lui, inconsciente.
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