[Chanson : In the end - linkin park]

William

Emma avait réveillé tout le centre avec sa crise de nerf. Il me restait un mois et demi à faire ici et je n'avais pas avancé d'un poil avec elle.

Une fois calmée, elle avait tout de même réussi à se confier sur ses parents, mais je sentais que quelque chose de plus profond l'habitait.

En retournant vers ma chambre de garde, le psychologue référent se mit en travers de ma route, bras croisés sur la poitrine, et l'air mécontent.

- M. Cante, vous êtes ici pour m'aider et non pour faire ami-ami avec les patients, dit-il d'un ton grave. Cette jeune fille ne va pas mieux, je dirais même que c'est pire qu'à son arrivée. Aussi, je vous demanderais de me transmettre son dossier dès demain matin et de ne plus vous en occuper.

Je restais sans voix. Cela allait la déstabiliser et elle n'avait pas besoin d'un changement si soudain après ce qu'elle avait traversé avec ses parents, qu'elle ressentait comme un abandon.

- Monsieur, écoutez, commençais-je.

Mais il me coupa la parole pour me dire qu'on en avait fini et que si j'osais encore une fois déroger aux règles de l'établissement, il n'hésiterait pas à faire un rapport de mauvaise conduite, mettant fin à ma carrière avant même qu'elle n'ait commencé.

Je déglutis difficilement et accepta en silence. Puis il se mit sur le côté, m'indiquant par ce geste que je pouvais disposer. Je passais alors devant lui, sentant son regard lourd de reproches sur moi.
Une fois enfermé dans ma chambre, je fis les cent pas, sous le coup de la colère. Je pris ma tête dans les mains, agrippant mes cheveux de sorte à ne frapper dans aucun mur. On avait déjà régler une crise, qui avait réveiller tout le monde ici, ce n'était pas la peine que j'en fasse autant. Je me devais de montrer l'exemple, réussir à gérer mes émotions et ma colère.

Je me détestais. J'en voulais à ce psy trop rigide sur les règles, refusant d'ouvrir les yeux et d'accepter d'autres méthodes en me menaçant de mettre fin à mes études et ma carrière Mais surtout, je m'en voulais de ne pas m'être conduit professionnellement et de risquer mon avenir, mais surtout, je me détestais d'avoir été aussi faible face au psychologue et de ne pas avoir défendu plus ma patiente.

Je mis de longues heures cette nuit-là avant de me rendormir.
Toutes mes erreurs se chevauchaient dans mon esprit, me torturant un peu plus chaque secondes, m'empêchant de fermer les yeux plus d'une minute.

[...]

Dès les premières heures du matin, je me levai et me dirigeai vers la chambre d'Emma. Il fallait que je lui annonce la décision qui avait été prise la concernant.

Je me trouvais devant sa porte depuis quelques minutes mais ne parvenais pas à toquer. J'appréhendais sa réaction. J'avais peur qu'elle refasse une crise de nerf du même acabit que cette nuit, voire plus violente.

Je me décidais tout de même à frapper trois petits coups puis j'attendis qu'elle vienne m'ouvrir. Après une minute ou deux, la porte s'ouvrit sur une Emma au visage fatigué, aux yeux cernés et aux cheveux ébouriffés. Elle me regarda dans les yeux puis retourna s'allonger dans son lit, dos à moi.

Je pénétrai dans la pièce et refermai la porte doucement. Je vins m'asseoir à ses côtés et posai une main délicate sur son épaule.

- Ecoute Emma, je dois te dire quelque chose d'important.

Il n'y eu aucun mouvement de sa part. Je me penchai pour voir si elle ne s'était pas rendormie. Ses yeux étaient encore ouverts, et fixaient la fenêtre. Je n'étais pas certain qu'elle regardait réellement dehors, elle semblait plutôt perdue dans son monde.

Je pressais son épaule pour tourner son corps vers moi. Elle plongea alors ses yeux tristes et exténués dans les miens.

- Je ne vais plus pouvoir te suivre. Le docteur souhaite reprendre ton dossier.

Elle se dégagea doucement de ma main et me tourna à nouveau le dos, sans un mot. Ce n'était pas vraiment la réaction à laquelle je m'attendais, mais au moins elle ne me jetait rien dessus.

Toutefois, son attitude m'intriguait. Elle était bien trop à l'opposé de celle de cette nuit, et du caractère d'Emma de manière générale.

- Emma, ça va ?
- Sort, William, répondit-elle d'une voix lasse.

Je me levai et mon instinct me guida jusqu'à la salle de bain où je tombai sur une poudre blanche sur le rebord de l'évier. J'examinai rapidement la scène : je vis huit tubes jaunes de médicaments ouverts. Elle les avait stockés depuis son arrivée. Visiblement, elle avait écrasé les pilules pour s'en faire une poudre à sniffer. Sûrement une réaction due au manque...

Cela expliquait son état de fatigue. Elle allait certainement passé la journée dans un état second. Je savais qu'elle n'encourrait aucun risque grave, mais par précaution, j'allai chercher un médecin qui lui ferait des tests. J'expliquai à Emma que je revenais vite et sortis de sa chambre.

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Titre = "J'ai dû tomber pour tout perdre"