Chapitre 100 : « à bord du « Kannn ». »

Thomas voit bien le changement d’expression de son petit rouquin, il hésite alors à le pousser dans ses derniers retranchements de peur de lui faire remonter des souvenirs, qui devant l’urgence de leur condition actuelle n’ont pas lieux d’être et cela afin de lui laisser l’esprit affuter qui seul il en est conscient, pourra les sortir de cette situation inextricable.

Il reste donc muet, tandis que Florian reprend quelques couleurs, s’attelant une fois de plus à la tâche.

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« Quelques heures plus tard, au milieu de la nuit programmée sur le « Kannn ». »

Thomas est encore seul dans sa chambre, Florian lui ayant bien fait comprendre qu’il comptait rester dans la salle de commande pour peaufiner son plan.

Le sommeil semble ne pas vouloir le prendre et son esprit s’obnubile sur cette question restée sans réponse de savoir s’ils n’auraient pas involontairement laissé quelqu’un d’aussi important pour Florian derrière eux.

Thomas repasse en revue tous ceux qu’il a connu, conscient malgré tout du temps passer, tout comme des aventures toutes aussi nombreuses et plaisante que Florian a également connu loin de lui depuis sa disparition dans le vortex.

Pourtant une sorte de sixième sens lui dit qu’il l’a connu, de plus cette impression énervante de l’avoir sur le bout de la langue sans pour autant que cela ne sorte.

Il se rallonge sur son lit en fermant les yeux, essayant de vider son esprit pour arriver enfin à trouver le sommeil, quand soudainement il se redresse tandis que la mémoire lui revient enfin.

- Paolo !!

Le visage souriant de leur ami d’enfance qu’ils avaient retrouvé par le plus pure des hasards lors d’une visite à sa sainteté, lui revient alors et lui amène le même sourire en retour, se rappelant de tout ce qui le concerne, mais surtout de l’attachement quasi exclusif qu’il avait envers Florian après le décès de Flavio, le monsignor vieillissant qui avant eux recevait tout l’amour sincère du jeune homme.

Ce pourrait-il qu’il ait vu juste, dans ce cas pourquoi Florian n’en a-t-il jamais refait mention, un peu comme s’il n’était pas plus important que ceux appelés les « élus », alors qu’il se rappelle que Florian lui ait fait cette fleur comme il a accepté de le faire pour les deux derniers en dates sur la demande de « Mathisss » et de « Damiennn », lui donnant ensuite la lourde responsabilité à l'intérieur de l'impérium de gérer pour lui le culte de l'unique.

De plus Paolo avait tout d’un physique proche du sien au point que cela en était bluffant, ajouter à cela une gentillesse et une douceur sans pareille, le cocktail explosif pour créer un lien puissant d’avec Florian, ce dernier l’ayant d’ailleurs reconnu au premier regard, preuve s’il en fallait encore une de l’attirance inconsciente qu’il éprouvait déjà pour lui durant sa période collège et lycée.

Un doute lui vient soudainement, doute venant de la réponse ambigüe de Florian qui ne semblait pas se démonter plus que ça d’avoir perdu l’un de ceux comptant le plus pour lui.

Thomas tente de s’endormir cette fois, pensant qu’avec la réponse à ce qui le turlupinait cela allait se faire tout naturellement, pourtant après s’être tourner et retourner plusieurs fois, il doit bien se faire à l’idée que c’est peine perdue et décide donc de se lever pour rejoindre Florian et ainsi en avoir le cœur net.

***/***

« Salle de contrôle. »

Florian termine juste ses dernières estimations, quand Thomas lui apparait avec le regard de celui qui n’arrive pas à fermer l’œil.

- Un souci mon grand ? tu fais une tête d’enterrement, tu te verrais !
- Paolo !! Ne serait-ce pas Paolo ton cinquième « nourricier » ?
- Je me demande bien ce qui t’as fait penser justement à lui plus qu’un autre ?
- J’ai eu comme un flash.
- Comment cela pourrait-il être possible ? le temps qui nous sépare l’un de l’autre est devenu incommensurable, sauf bien sur s’il t’as suivi secrètement en montant à bord du « Kannn ».

Thomas comprend qu’il s’est fourvoyé une fois de plus, pourtant il aurait tant voulu que ce soit Paolo, de repenser à lui il ressent le pincement venant de son cœur.

- Hélas, il n’y a eu que nous trois, avec Lorgan et Antonin, à nous cacher à bord du « Kannn ».

Devant le mutisme de Florian, Thomas commence à perdre patience.

- Tu ne va vraiment pas me le dire ?
- Allons « Thom » ! La réponse est sous tes yeux, c’est juste que tout comme pour moi jusque dernièrement, tu n’es pas encore près à l’accepter. Ne cherche pas si loin en arrière, maintenant rien ne dit que c’est bien le cas, je fais sans doute erreur, mais juste que c’est le seul possible de ceux que nous connaissons. J’avoue que j’aimerai d’une certaine façon avoir tort et que le cinquième « nourricier » en soit encore à m’attendre sur mon monde.
- Qu’entends-tu par d’une certaine façon, dit comme cela on pourrait penser que tu te forces à le vouloir ?
- Tu as raison, pourtant c’est le genre de situation que je ne voudrais pas revivre une fois de plus, quoique là ce soit légèrement différent, mais cela reste quand même un tabou tout aussi fort pour toi.
- Quoi !! Tomoya ? mon fils !!

Florian opine de la tête avec une certaine tristesse dans le regard.

- C’est le seul rester en arrière qui garde en lui cette possibilité, puisque normalement il doit toujours être vivant, maintenant je te rassure quand même sur le fait que les probabilités sont quasi nulles.
- Comme pour « Math » à l’époque ?
- Exactement ! De plus le coup de cœur que j’ai eu et je le reconnais volontiers envers lui, n’a absolument rien à voir avec les sentiments que j’éprouve pour vous quatre.

Florian voit bien combien ses paroles rassurent Thomas, qui sans doute ne se voyait pas et il le comprend fort bien à batifoler avec son fils, pas plus qu’à l’époque avec Mathis.

- Donc pour solder le sujet, je pense que s’il doit exister un cinquième, ce dernier reste encore à découvrir. Peut être m’attend-t-il sur le monde vers lequel nous nous dirigeons, peut-être encore que nos aventures ne soient pas terminées après cela, ou encore comme le plus probable, qu’il soit tranquillement sur mon monde sans savoir encore ce qui l’attend ! Hi ! Hi !

Un voyant rouge illumine soudainement l’écran, ramenant l’attention de Florian sur ce dernier.

- Bordel ! Manquait plus que ça !
- Quoi encore ?
- La sonde vient d’être détruite !
- Comment est-ce possible, n’était-elle pas encore bien trop éloignée d’eux pour une riposte ?

Florian interroge les dernières données reçues avant que la sonde n’arrête d’émettre.

- C’est un mal pour un bien, du coup maintenant ils ne nous auront plus par surprise.
- Que comptes-tu faire ?
- Leurs montrés de quel bois je me chauffe.

Thomas voit bien Florian s’activer sur les contrôles du « Kannn », pour quelques secondes plus tard ressentir comme une violente vibration.

Il voit alors les contremesures placées autour du « Kannn » prendre une formation d’attaque et s’élancer vers les deux vaisseaux ruches les plus proches.

- Bien ! Maintenant ils vont comprendre à leurs dépens que nous n’avons pas peur d’eux.

Thomas voit bien les points bleu et vert représentant les missiles se dirigeant vers les deux vaisseaux, curieux de les voir se placer deux par deux, un de chaque couleur.

- Qu’est-ce que c’est ?
- Le bleu est un inhibiteur de champ de mon invention, servant à bloquer les défenses adverses et le vert contient un cocktail d'acides gastriques venant directement de l’estomac du « Kannn » et qui devrait normalement occasionner des dommages irréversibles sur la coque des vaisseaux.
- Sont-ils suffisants en nombre ?
- Si mes calculs sont bons, ils le sont ! Ils vont se retrouver le cul à l’air en moins de deux ! Hi ! Hi !