5. Luxure

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Que devait-il faire ? Une fois encore, cela relevait plus d'un instinct très ancré que d'un quelconque souvenir auquel rattacher un fait. Il entrevoyait des possibilités, des actes à accomplir, mais cela restait une énigme à peine dissimulée. Tout n'était que murmures et images en bataille dépourvus de sens dans sa tête. Il savait sans comprendre.


C'était clair.

Lorsque son compagnon lui demanda tout naturellement quel était son nom, il n'eut aucune hésitation, malgré le fait avéré qu'il ne savait strictement rien sur lui-même.

  • Lucien.
  • Ah ouais. C'est pas commun de nos jours, mais j'aime bien ! Ça a le mérite d'être plus original que Jason au moins.

Il l'avait peut-être inventé, c'était sans doute un désir enfoui de se trouver une identité, de ressembler à cet homme à ses côtés qui ne se souciait de rien, un nom qui lui passait par la tête et qu'il trouvait joli. Ce n'était certainement pas réel, mais ça avait peu d'importance. Rien de tout cela n'avait l'air vrai à ses yeux de toute façon.

  • Bon et dis-moi, Lucien, qu'est-ce que je peux faire pour toi ? T'as l'air d'une brebis égarée ici.
  • Je n'en sais pas plus que toi. Je dois trouver ma route, je crois. Je savais et puis... Je ne sais plus, j'ai dû la perdre à un moment.
  • Hmm. J'aimerais beaucoup pouvoir te guider, mais... C'est trop personnel.

Les yeux bleus du plus jeune plongèrent dans le regard, quelconque, de son interlocuteur.

  • De toute manière ce n'est pas ton rôle. Je n'ai pas besoin d'aide. Toi par contre, tu as besoin de la mienne.

Un éclat de rire résonna juste derrière son oreille. Il sentit un regard peser sur sa nuque. C'était dérangeant et chaud à la fois. Gênant et agréable.

  • On pourrait appeler ça de la prétention. Mais ça sonne différemment avec toi.

Un grand silence s'installa et ni l'un ni l'autre n'eut le désir de le rompre. Pourtant, il parut utile à Lucien de préciser : « Suis-moi ». Son attention fut soudain captée par une toute autre personne. Une femme lui faisait face, et il aurait dû la remarquer avant : ce qui se dégageait d'elle n'avait rien de banal. Ses vêtements ne passaient pas inaperçus près des couleurs mornes qui l'entouraient, et son visage était diablement beau. De grands yeux charmeurs, des lèvres charnues, un sourire particulièrement attirant. Elle s'approcha de lui, et une chaleur se répandit dans tout son corps lorsqu'une main se posa sur sa cuisse. Le geste était plus que déplacé, il en avait quelque part conscience, mais c'était doux, agréable, reposant. Cela ne lui demandait pas de réfléchir ni d'être fort, seulement d'être présent et de profiter de ce contact. La seule chose qu'il voulait alors était que l'éclat qu'elle dégageait ne disparût pas. Lorsqu'il ouvrit la bouche, Jason était déjà devant lui.

  • Laissez-le tranquille. Il n'est pas intéressé.

Le blond sentit la chaleur sur sa cuisse se faire plus intense, et un souffle chaud effleura sa mâchoire lorsqu'elle parla.

  • Dommage, moi j'étais intéressée.

Et cette fois, même s'il savait qu'il devait continuer d'avancer, un sentiment complètement inconnu le dévia de sa route. Et la désagréable sensation de ne pas avoir le droit de l'éprouver le fit frémir.

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