Le joli moi(s) de mai... (partie II)
En mai 2024, je reviens un an plus tard sur les lieux de ce week-end de la Pentecôte 2023.
Même lieu de villégiature, même camping, même accueil chaleureux et même temps idéal. La météo capricieuse de ce printemps 2024 nous offre, comme l'année dernière, une magnifique accalmie de quelques jours, juste à temps pour nous accueillir.
Tout est à l'identique, le mobilhome spacieux, la piscine chauffée, les transats confortables. Dans ma valise, les mêmes maillots de bain un peu trop portés, à l'élastique relâché, les mêmes shorts en jean un peu usés (vintage, ils sont encore plus beaux), symboles de la même ambiance détendue...
Tout est à l'identique, donc, et pourtant, tout est différent.
Nous arrivons au camping le mardi à trois, et nous finirons à quatre à partir du vendredi soir. Des images me frappent durant toutes ces chaudes journées et toutes ces belles soirées.
Les couchers de soleil se font main dans la main, épaule contre épaule, bras dessus, bras dessous. Sa présence est aussi étrange que merveilleuse. Il aime ce que j'aime et j'aime ce qu'il aime alors, dès que le soleil arrive en bout de course, en fin de journée, nous filons à pied sur la plage. Je n'ai plus les écouteurs enfoncés dans les oreilles, diffusant de la musique pour exulter, je l'écoute, lui, ses paroles, sa voix, ses intonations, et nous échangeons sur ce bonheur presque irréel, l'océan en bruit de fond.
Je me revois marchant seule et heureuse l'année passée et je constate combien je suis heureuse aujourd'hui de marcher à côté de lui. Je constate combien le réveil à deux est aussi délicieux que de me réveiller seule, perdue dans mes songes de la nuit écoulée, puis que d'être à trois, et enfin à quatre, tous blottis dans notre lit, est aussi génial que notre duo mère-fille d'autrefois. Les rires fusent, les blagues se multiplient, l'énergie des enfants est communicative et, rapidement, on se lève pour suivre le mouvement.
J'écris de nouveaux souvenirs, qui semblent en réalité augmentée, plus intenses et plus beaux, bien plus colorés. Le petit-déjeuner est un moment sacré. Assis autour de la table, sur la terrasse semi-couverte, on savoure des viennoiseries achetées à l'épicerie située à trois minutes, claquettes aux pieds. Tout le monde mange de bon appétit, moi y compris, et pour quelqu'un qui a passé sa vie à fuir ce genre de repas cérémonieux, je mesure le changement. Un an et neuf mois sans crise de boulimie, ça compte et ça pèse dans la balance du succès.
En 2023, tout était bon, en 2024, tout est succulent.
Je ne peux pas décrire les choses autrement qu'en les mettant en perspective, agrémentées de moults superlatifs, pour évoquer ce bonheur amplifié qui se calque sur un bonheur déjà présent. Une fois encore, un bonheur en réalité augmentée.
Les cinq jours s'écoulent ainsi, baignés de soleil et de crème solaire. Le rythme est tantôt lent, tantôt plus vivant, mais je fais régulièrement des pauses pour savourer ma chance et capturer la magie de l'instant. Même lieux, même période, mais deux personnes de plus et c'est une expérience complètement différente qui se redessine pour le mieux.
Je réalise que je ne voudrais pas revenir en arrière et revenir sur ces lieux sans lui, sans eux. La saveur en serait altérée. Je suis reconnaissante d'avoir connu les deux contextes, l'un après l'autre, et dans cet ordre-là. Je suis heureuse d'avancer dans la bonne direction, de franchir toutes les étapes sans difficultés, heureuse de vivre au quotidien ce que j'ai longtemps espéré en secret.
Je me couche épuisée enlacée à son corps, son souffle sur mon visage, pleine de gratitude de le sentir pleinement avec moi. Je me réveille et tend la main jusqu'à lui, qui se meut dans le lit, preuve que nos rythmes sont à l'unisson jusque dans le sommeil. Son odeur, sa peau, sa douceur, sa chaleur, pendant des heures, je m'en repais. Je ne m'en lasse jamais, même pas une minute, même pas une seconde. Je pourrais le respirer à longueur de temps. En vérité, c'est exactement ce que je fais tout au long de la journée.
Dans les brumes du jour qui se lève tranquillement, nous écoutons les mouvements extérieurs de la vie d'un camping qui s'éveille et je sais ma chance de le faire blottie dans ses bras. Le silence est bon. Les mots chuchotés sont bons. Chaque minute partagée avec lui est un plaisir sans nom, si ce n'est celui de béatitude peut-être...
Les cinq jours s'achèvent et je quitte cet endroit deux fois. Il y a deux fantômes de moi à l'accueil, qui remettent les clefs à une hôtesse souriante et disponible : il y a la moi de 2023 qui était célibataire et prostituée, en quête d'un idéal qu'elle n'était pas sûre de trouver, et la moi de 2024, qui poursuit ses rêves, tout en les vivant en même temps. Ces deux millésimes ne peuvent fusionner, même si je le voulais ; mais je ne le veux pas, alors ils se superposent seulement. Un mille-feuille de vies, de la plus compliquée à la plus agréable. Logiquement, à ce rythme-là, la suite ne peut en être que meilleure.
Deux versions ont laissé une empreinte sur le sable mouillé, celle de l'Amour avec un grand A. L'amour de soi et l'amour tout court...
Il y aurait tant à dire, tant à partager, mais je voulais seulement saisir le moment, en dessiner les contours, pour ne pas oublier. On ne peut pas photographier les sentiments, les impressions, ce que le coeur ressent au plus profond. Mais le dire, l'écrire, me rassure davantage que de le noter dans un coin de ma tête. J'ai envie de le graver, de l'immortaliser, d'en laisser une petite trace à tout jamais. Cela me permet de mesurer le chemin parcouru. Je suis vraiment émue de voir combien tout a trouvé sa place. J'ai suivi les signes, les consignes, les messages envoyés... et j'ai bien fait <3
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