Nouvelle : La fête des mères

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Je suis là mais on ne m’attend pas. Je ne sais pas pourquoi je suis arrivé ici, dans ce noir absolu, dans cet espace exiguë. J’ai chaud et froid tout à la fois. J’aimerais comprendre mais je ne me rappelle pas. Je me souviens d’une lumière, si vive que mon cœur a cru être brûlé de l’intérieur. Je n’étais d’ailleurs que cela, un cœur palpitant, un organe chaud et mou, dans ce corps sans contours, sans réelle appartenance à un genre, dans cette existence sans nom.

Qui suis-je donc et que fais-je là, dans cette chambre à part, aux confins d’un Univers si vibrant, dont je me suis senti partir, avalé par un cortex trop puissant.

Je perçois une présence, amicale probablement, car son rayonnement est celui de l’amour. Je ne sais pas à quoi correspond l’amour, mais je sais que cela en est. Pourquoi puis-je me souvenir de choses que je n’arrive pas à identifier mais que je peux nommer ?

Cette chaleur qui m’entoure comme un halo me réchauffe, m’inonde, me pénètre de toutes parts. Qu’il est bon d’être transcendé ainsi, soutenu par un environnement si accueillant. J’aime vraiment cet état d’apesanteur, même si je ne sais aucunement ce qui m’attend.

Depuis mon arrivée dans cette cave délicate, je comprends que ma place est désormais ici, même si je n’ai aucune idée du temps passé depuis que je suis là. À quoi bon savoir ? Le principal, n’est-ce pas de me sentir bien, de me sentir heureux et léger ?

Ça y est, je sais ce qui est à l’origine de ma présence. Il y a eu un matin, ce fameux matin, où, dans les lueurs de l’aube, je me suis implanté. Je ne sais ce qui m’a poussé à m’accrocher mais qu’il était délicieux de ressentir cette plénitude, cette extase, à travers ces échanges de plaisir soupiré. Je me rappelle la joie que nous avons tous éprouvé. Mon Dieu, encore, encore, de cette euphorie des sens, de cette danse de la vie, de ce ballet audacieux.

Dès lors, je n’ai cessé de chercher à me remémorer ce que je suis venu faire ici. J’aimerais savoir, comprendre, mais je ne parviens qu’à deviner, supposer... Tant pis, je finirai bien par découvrir le fin mot de l’histoire.

À moins que... À moins que... que m’arrive-t-il ?? Attendez, rendez-moi cette douceur, cette chaleur, cet amour infini, s’il vous plaît ! J’étais si bien dans mon cocon. Laissez-moi y revenir, permettez-moi d’y prendre mes quartiers, comme je l’ai fait durant toutes ces semaines, enroulé sur moi-même.

Non, arrêter, c’est trop froid là-bas. Pourquoi m’arracher à la tendresse de cet abri sans lumière, de cette auberge silencieuse, de ce refuge chaleureux. Je n’aime pas ce néant glacé, je préfère en sortir ! Mais c’est de pire en pire, j’ai beau résister, je ne fais que m’éloigner de ma grotte secrète.

Laissez-moi y revenir, donnez-moi à nouveau cette opportunité.

« C’est fini, Madame, vous pouvez vous rhabiller. Tout s’est bien déroulé. Nous nous revoyons dans un mois, pour l’examen de contrôle. Bonne journée. »

Bonne journée ? Ah non ! Ça, je ne crois pas ! Une bonne journée, quelle drôle d’idée. Voyez plutôt ma peine, comme un miroir à celle de cette femme qui disparaît derrière le paravent. Je sais que j’étais à elle, mais maintenant, je me vois m’envoler vers d’autres horizons.

Adieu, chère mère, et bonne fête des mamans...

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