Chapitre 16 : Alix au pays des merveilles
« Le Chat grimaça en apercevant Alice. Elle trouva qu’il avait l’air bon enfant, et cependant il avait de très longues griffes et une grande rangée de dents ; aussi comprit-elle qu’il fallait le traiter avec respect.
— Grimaçons ! commença-t-elle un peu timidement, ne sachant pas du tout si cette familiarité lui serait agréable ; toutefois il ne fit qu’allonger sa grimace.
— Allons, il est content jusqu’à présent, pensa Alice, et elle continua : — Dites-moi, je vous prie, de quel côté faut-il me diriger ?
— Cela dépend beaucoup de l’endroit où vous voulez aller, dit le Chat.
— Cela m’est assez indifférent, dit Alice.
— Alors peu importe de quel côté vous irez, dit le Chat.
— Pourvu que j’arrive quelque part, ajouta Alice en explication.
— Cela ne peut manquer, pourvu que vous marchiez assez longtemps.
Alice comprit que cela était incontestable ; elle essaya donc d’une autre question :
— Quels sont les gens qui demeurent par ici ?
— De ce côté-ci », dit le Chat, décrivant un cercle avec sa patte droite, — demeure un chapelier ; de ce côté-là », faisant de même avec sa patte gauche, — demeure un lièvre. Allez voir celui que vous voudrez, tous deux sont fous.
— Mais je ne veux pas fréquenter des fous, fit observer Alice.
— Vous ne pouvez pas vous en défendre, tout le monde est fou ici. Je suis fou, vous êtes folle.
— Comment savez-vous que je suis folle ? dit Alice.
— Vous devez l’être, dit le Chat, — sans cela ne seriez pas venue ici. »
Alice au Pays des merveilles, Lewis Caroll
Arthur tiqua, mal à l’aise. Léane fonça sur un tableau blanc disposé dans un coin et s’empara d’un feutre effaçable qu’elle dégaina hargneusement. Elle traça trois grandes colonnes.
— Qu’est-ce que tu fais exactement ?
— Vous vouliez quelques explications, on va vous les donner. Tu l’as trouvée ?
— Je crois que je l’ai… Ça y est, c’est bon !
Thomas brandissait une petite boîte extraite des profondeurs d’une caisse et la tendit fièrement à Mélissa. Mathieu regarda le petit étui, anxieux.
— Mel… Tu penses vraiment que c’est une bonne idée ?
— Tu crois quoi ? Ils ne vont pas y couper non plus. Comme ça on sera fixé.
— Fixé sur quoi ? De quoi elle parle ? questionna Bastien, méfiant.
Mélissa ouvrit le coffret et écarta le tissu qui en enveloppait son contenu. Elle le présenta à Claire. Claire se référa à Mélissa, incertaine de l’attitude à adopter. Que voulait-elle qu’elle en fasse ?
— Prends-les. Juste, ne les fais pas tomber.
Claire engloba précautionneusement le tissu dans ses mains et examina le médaillon en argent qui y reposait, sur la réserve. Il n’avait rien d’extraordinaire, si on exceptait le fait qu’il était probablement très ancien et délicatement ouvragé. Une plante finement gravée s’épanouissait plantureusement en son centre en une multitude de corolles disséminées sur toute sa surface. Elle soupesa l’objet, doucement : le médaillon était plus lourd qu’il ne paraissait. Bombé. Plus épais et trapu sur la partie inférieure, comme doté d’une autre couche. Renfermait-il quelque chose d’encore plus précieux ?
— Qu’est-ce que tu attends ? Ouvre ! Avec tes mains ! aboya Rémi qui ne supportait pas ce suspense insoutenable. Même Thomas se pencha en avant, les yeux écarquillés. Autant de raisons de considérer que cette chose était suspecte.
En tremblant presque, Claire fit jouer le fermoir, souleva le couvercle, et lâcha le médaillon, stupéfiée.
Mélissa l’intercepta au creux de sa paume.
— Je t’avais pourtant dit de ne pas les faire tomber, dit-elle en déployant totalement la partie supérieure. Elle hésita puis le détacha du reste du médaillon. Elle fit pivoter l’autre face, en dévoilant une autre en-dessous, et les arracha avec le même détachement. Ce n’était rien d’autre qu’une feinte. On pouvait presque voir les rouages de sa cervelle s’activer intensément.
— C’était… C’était quoi, ça ? bégaya Arthur.
— Bonne question, renchérit Clément, troublé. Pourquoi cette partie, justement ?
— Je m’en doutais un peu. Je vous avais dit que c’était nécessaire qu’ils viennent ici, en personne, répondit tranquillement Mélissa en passant à Cécile. À ton tour, prends-les.
Cécile eut un mouvement de recul. Non merci, elle préférait passer son tour devant pareille curiosité.
Agacée, Mélissa se saisit de sa main pour y déposer le médaillon en pièces détachées. Le contact froid du métal sur sa peau lui arracha un frémissement. À moins que ce ne soit l’appréhension de se retrouver face à ses reflets. Autant de Cécile craintives que lui renvoyaient les trois miroirs de poche incrustés au verso de chacune des faces, comme un clin d’œil maléfique. Elle referma ses doigts dessus, affolée sans raison. L’étincelle réapparut et parcourut le même miroir, le plus oblong des trois, celui qui recouvrait les deux autres.
— Ce n’est quand pas le même pour les cinq ? s’interrogea Mathieu, un rien tendu.
— Ça reste à vérifier Mais ça ne serait pas étonnant. Ils forment une équipe à eux tous seuls, commenta Rémi.
Mathieu secoua la tête, n’approuvant pas le concept.
— Qu’est-ce que cela signifie ? Où avez-vous trouvé ce médaillon ? s’emporta Bastien, remis de sa frayeur initiale. Pas Cécile apparemment. Elle restait bloquée. Mélissa dut presque la contraindre à rendre les miroirs
— Ici-même. Au milieu de ce bric-à-brac. En fouillant un peu. Pourquoi crois-tu que Lucas se soit démené autant pour nous faire loger dans cette maison, alors qu’on pouvait très bien se contenter de moins clinquant ? Par amour du luxe et du confort ? Hin-hin. Juste à cause de ce médaillon.
— Vous êtes en train de nous dire que toute cette histoire est liée à ce médaillon et cette maison ?
« Pas au médaillon. Aux miroirs ». Arthur peinait à adopter une respiration naturelle. Étaient-ce les miroirs évoqués par Natacha ? La coïncidence était trop flagrante pour en douter.
— Peut-être bien. Peut-être que non. On ne peut pas franchement savoir. Fascinant, non ?
Florian contemplait avec une certaine défiance sa nouvelle petite flamme de compagnie qui se promenait le long du miroir, suivant fidèlement l’évolution de son index sur tout son contour, tel un chien joueur. Il leva les yeux le temps de partager son impression.
— C’est glauque. C’est carrément glauque.
— Je suis bien d’accord, approuva Mathieu.
— Non c’est cool, protesta Thomas, que rien ne semblait ébranler.
Florian désigna le tableau et ses colonnes : dans celle du milieu, Léane y avait apposé son nom, ceux de Cécile et Claire.
— Vous étayez vos hypothèses sur cette base. Et nous sommes au centre parce qu’il s’agit du miroir principal.
— Exact ! Les deux autres faces sont identiques et s’imbriquent entre elle, acquiesça Léane en montrant les colonnes de gauche et de droite. Mais celui-là est différent puisqu’il se rabat en couvercle. En plus de cela, quand on les attache ensemble, c’est le miroir central. C’est donc celui qui se démarque le plus.
— Un peu comme vous d’ailleurs.
Florian ne releva pas l’affront sarcastique de Rémi, trop occupé à vérifier les dires de Léane. Les trois parties se clipsaient entre elles à l’aide d’un ressort disposé sur les côtés du miroir principal. Le miroir qui réagissait à leur toucher ne pouvait que constituer le centre du triptyque.
— Bizarre, conclut-il en rendant le tout à Mélissa. Pourquoi des miroirs et pas des photographies, d’ailleurs ? Ou des mèches de cheveux. C’est un bijou de femme.
— D’où les miroirs, rit Rémi. Rien de mieux pour illustrer la coquetterie ou la vanité.
— C’est quoi cette remarque sexiste ? grogna Claire, sur ses gonds.
— C’est une blague. Vous avez vu les fleurs devant ? Il y a les mêmes derrière la partie inférieure, la dernière. C’est un héliotrope. L’emblème de l’attachement fort. Donc ça n’a rien de sexiste comme cadeau.
— Probablement un présent offert en gage de fiançailles ou en cadeau de mariage. Les miroirs ont peut-être été rajoutés après, ajouta Clément.
— Des miroirs magiques, chouette. Quelle femme n’en serait pas dingue ? ironisa Cécile. Et vous, vous vous situez dans quelle colonne ?
— Rémi, Mathieu, Thomas, Mélissa et moi appartenons à la colonne de gauche, résuma Léane en inscrivant leurs noms au fur et à mesure. Vous, vous faites donc partie de celle du centre. Et Clément... Garance... Lucas… ainsi que Caitlin, Stephen, et Kieran sont dans la colonne de droite.
— Qui ça ? Vous en cachez encore ?
— Et moi aussi, je crois bien.
Ils se retournèrent, surpris. Crispé, Bastien tenait entre deux doigts dégoûtés la partie inférieure du médaillon comme s’il s’agissait d’une bombe. La même ondulation bleutée agitait le miroir. Avec distinctement moins de vitalité, cependant, comme réticente.
— Alors ton pote, c’est vraiment un cas, fit sobrement remarquer Rémi à Mathieu.
— Qu’est-ce que ça veut dire ? Ça ne veut rien dire, hein ? Pas vrai ? s’affola Claire.
— Ça n’a aucune importance, calme-toi ! pesta Bastien, irrité de sa réaction démesurée.
À l’évidence, Rémi et Clément n’étaient pas de cet avis. Florian non plus. Un rapide regard échangé avec Cécile lui confirma qu’ils étaient tous deux sur la même longueur d’onde. Le cas de Bastien avait été trop particulier pour qu’on ne s’y arrête. Mais ce n’était pas le moment de développer. Pas avec la susceptibilité à fleur de peau de Bastien. Mélissa ne disait rien, concentrée sur le tableau et sur Léane qui rajoutait machinalement Bastien à la liste de droite. Ses yeux virevoltaient d’un prénom à l’autre, cogitant à toute allure. Elle poussa un cri de victoire, se précipita et s’empara à son tour d’un feutre, toute enflammée.
—Je crois que j’ai compris ! Je n’y crois pas, j’ai enfin trouvé !
— Oho Mel, ralentis, respire !
Mélissa ne tint pas compte de ce conseil avisé. Sur chacune des colonnes, en face des prénoms elle nota soigneusement leur attribution :
Colonne 1
Rémi : adrénaline
Mathieu : télékinésie
Thomas : téléportation
Léane : absorption électrique
Mélissa : matérialisation objets
Colonne 2
Claire : téléportation
Cécile : télékinésie
Florian : absorption électrique
Arthur : ubiquité
Colonne 3
Clément : matérialisation objets
Garance : ubiquité
Lucas : téléportation
Caitlin : dématérialisation
Stephen : absorption électrique
Kiernan : télékinésie
Bastien : adrénaline
Puis elle entoura frénétiquement la dernière liste en repassant plusieurs fois sur les traits. Enfin, elle se tourna vers eux, rayonnante :
— Alors ?
— Magnifique, un véritable travail d’artiste.
— Félicitations, c’est très joli. Et où veux-tu en venir ?
— Essayez de suivre ! Trois groupes distincts, chacun associé à un miroir, Ok ? Nous nous répartissons dans ces trois colonnes, jusqu’à sept pouvoirs différents par groupe. Comme par hasard, vous remarquerez qu’il n’y a pas un seul groupe qui en comporterait deux identiques.
Mélissa souligna son cercle prononcé d’un trait définitif.
— Je pense que cette liste-là est complète. Trois miroirs. Trois groupes. Et sept personnes pour former une entité. Ces deux chiffres, c’est le symbole même de la perfection.
— Et qui t’as dit que la liste était complète ? Si on était dans la logique, on ne serait pas à tirer des plans sur la comète à partir d’un médaillon, répliqua Mathieu.
— Je me base simplement sur des données existantes.
— Sauf que tu as oublié quelqu’un, rappela Léane.
Mélissa se raidit imperceptiblement quand Léane s’empara de son feutre. Sous les colonnes, celle-ci inscrivit un prénom solitaire qu’elle désigna d’un air interrogateur.
— Selon ton raisonnement, Ninon se placerait donc dans ce groupe ?
Une flèche transféra Ninon dans la colonne centrale. Léane reporta le pouvoir de Ninon, très solennellement. Ninon : adrénaline.
— À la place de Bastien, donc, déclara-t-elle solennellement. Tu l’évincerais sur une simple théorie.
— Ce classement n’a rien à voir avec la génétique, rappela Léane. Les faits sont là, tu l’as constaté toi aussi.
— C’est tout le problème des analystes, soupira Rémi. Ils ne voient pas plus loin que le bout de leur nez.
Il scruta le tableau en s’accordant le temps de la réflexion.
— Il ne manquerait donc que 2 à… – Il hésita – … 4 personnes qui pourraient arriver n’importe quand pour que ce schéma soit complet.
— Voilà ! s’exclama Mélissa, ravie d’être comprise.
— Un peu tiré par les cheveux tout ça, jugea Clément. Et une fois ce schéma complet, on gagne la partie ?
— C’est qui, Ninon ?
Bastien, agressif, furieux d’avoir été éjecté aussi facilement.
— L’idéal féminin de Mathieu, se moqua Clément.
Mathieu vira au rouge coquelicot. Bastien en perdit son mordant.
— Tu as un idéal féminin, toi ? Depuis quand ?
— Il a un faible pour les blondes qui ont du tempérament, pouffa Rémi.
Thomas était aussi hilare que les autres, apparemment mis dans la confidence.
Bastien et Florian convergèrent sur Mathieu.
— Ce n’est pas ce que vous croyez, bafouilla Mathieu, se sentant en danger. Peut-être à juste titre.
— Ôte-moi d’un doute, voulut savoir Florian d’un ton doucereux. Avec Chloé…
— Non ! Il n’y aucun rapport ! Ce n’est pas du tout mon genre ! Et il n’y a rien entre Ninon et moi ! rugit-il à l’intention de Clément. Arrêtez de me charrier avec ça !
— Elle te l’a clairement fait comprendre, gloussa Léane. Ninon préfère faire cavalier seul, explicita-t-elle.
On l’a déjà rencontrée à plusieurs reprises mais elle est un peu sauvage. Et c’est Mathieu qui en a fait les frais. Elle a décliné son invitation à nous rejoindre un peu trop brutalement. Ça lui a pris quoi, trois secondes pour te flanquer à terre ?
— Sérieux ? s’esclaffa Claire.
— Comment peux-tu le savoir, tu n’étais même pas là ! débattit Mathieu, dégoûté. Lucas raconte n’importe quoi !
— Et les trois autres, ce sont qui ?
— Des British, statua Thomas avec amusement.
— Qu’est-ce que des Anglais viennent faire là-dedans ?! s’exclama Bastien, prêt à jeter l’éponge. Comment avez-vous fait pour les rameuter, en premier lieu ?
— Grâce aux dons de Garance, pardi.
— Impossible. Claire s’étouffait, ébahie. Vous n’allez pas me dire qu’elle les a ramenés de la bilocation ?
— Si. Des souvenirs de voyage, releva négligemment Léane dans une petite moue suspecte.
— C’est du n’importe quoi, je laisse tomber, décida Bastien. Pas vrai, Arthur ? Arthur ?
Arthur était terré près de la croisée, tétanisé. Il claquait comme une feuille au vent. Les yeux aimantés au médaillon qu’il tenait, il passait un doigt tremblant sur la surface miroitée, contemplant sans le voir l’éclat vivace qui s’en dégageait. Une expression de parfaite épouvante était ancrée sur sa figure. Il balançait sa tête et de ses lèvres s’échappaient des propos inintelligibles, comme une mélopée d’outre-tombe.
Bastien courut vers lui, alarmé.
— Arthur !
Il voulut lui retirer la breloque des mains. Arthur cligna des yeux, hébété, avant de se mettre à hurler.
Son précieux médaillon planqué contre sa poitrine.
— N’y touche pas ! Il est maudit ! Ne le prends pas !
— Arthur, réveille-toi !
Arthur était horrifié mais ses yeux étaient vides. Il était absent. Cécile posa sa main sur son front.
— Il est brûlant !
— Il biloque ? questionna anxieusement Thomas.
— Il doit faire un cauchemar ou une crise de somnambulisme ! estima Rémi en se penchant à son tour sur lui.
— C’est votre médaillon qui le rend comme cela, faites quelque chose ! siffla Florian, enragé.
— Il s’y accroche comme un damné ! Que veux-tu que j’y fasse !
Arthur s’ébroua et émergea, perdu. Le médaillon retomba sur ses genoux. Léane le récupéra sans plus attendre.
— Qu’est-ce qui t’a pris de nous faire peur ainsi ?! le disputa vivement Bastien.
— Que… Je ne sais pas, j’ai dû m’assoupir, désolé. Il fait si chaud dans cette pièce.
— Et te mettre pile sous la fenêtre n’arrange rien, soupira Mélissa devant ce manque de bon sens.
— Ce n’est pas grave, je n’ai rien, dit Arthur, un peu pâlot malgré tout.
Bastien le retint par le bras, loin d’être apaisé.
— Tu te souviens de ce que tu viens de me dire, juste avant de te réveiller ? Tu m’as dit que ce médaillon était maudit et que je ne devais le toucher sous aucun prétexte.
Arthur plissa le front, mal à l’aise.
— Je ne vois pas pourquoi j’ai dit cela, Mais j’avoue que je n’aime pas ces miroirs, frémit-il. Surtout si ce que dit Natacha est vrai.
— Tiens donc. Tu as entendu, Mel, il n’aime pas ces miroirs lui non plus. Tu en penses quoi, à ce sujet ?
Mélissa n’avait pas d’avis sur la question qui débordait de ses compétences.
— Lucas réagit exactement comme toi, reprit Clément. Il déteste ce médaillon d’instinct. Il dit qu’il lui met les nerfs en pelote.
« Les nerfs en pelote ». C’était plus ou moins cela. Pour Arthur, ce médaillon lui filait des sueurs froides. Littéralement. Une sueur glacée avait envahi son corps avant de se cantonner à sa poitrine. Il s’était senti chuter, puis plus rien. Le trou noir. Il ne doutait pas des mots que lui avait rapportés Bastien, il le pensait sincèrement : ce médaillon était dangereux. Mais maudit ? Rien n’était moins sûr. Qu’en pensait Lucas, lui ?
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