Chapitre 16 (4/4)

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— Tu vas la lancer cette balle ?

— Mais je n’ai pas compris, je tire en cloche ou pas ? Je n’y arrive pas, moi.

— On s’en moque, lance et puis c’est tout !

— Dégomme ces piquets !

— Ça va, une minute, ronchonna Mélissa. Attention, j’arrive ! avertit-elle. Gaffe !

Élodie lui adressa un petit sourire ironique, la main grippée à la batte.

— Tu peux toujours essayer. Tu ne passeras pas ma défense.

Mélissa essaya quand-même. Élodie renvoya la balle et lâcha la batte, se ruant hors des starting-blocks. Aux aguets, Nicolas fit de même, achevant tranquillement son tour. Élodie avait même largement le temps d’accomplir un home-run complet en alternant un cloche-pied entre les bases : la balle s’était perdue quelque part dans les fourrés et ce n’était pas les précisions totalement contradictoires de Mélissa qui aideraient son équipe à la récupérer.

— À droite… Non, c’était plus loin… Attendez… Mathieu, regarde à ta gauche… Non ? T’es sûr ?

— Êtes-vous certains d’avoir bien saisi le but du jeu ? les nargua Thomas qui s’amusait comme un petit fou du camp adverse. On ne joue pas à cache-cache, là !

— Oh, tais-toi ! hurla Léane, mauvaise joueuse.

— Je l’ai ! cria Garance en brandissant la balle.

— Renvoie ! Par ici !

Claire happa la balle et courut pour se rapprocher de Mélissa.

— Tiens, attrape !

Mélissa réceptionna la balle, déçue.

— C’est trop tard de toute façon, ils sont tous rentrés. Joli coup, admit-elle.

— Cela nous fait donc un point pour Nicolas, deux pour Élodie… Un total de trois points, qui se rajoutent à nos quatre points de départ. J’ai bon ? se renseigna Maxime, narquois.

— Ces petits morveux. Ils ont triché dès le début. Qui a dit que faire tomber les piquets équivalaient à trois points ?

— Essaie d’être bonne perdante au moins, lui dit Florian, heureux tout de même d’être dans le bon camp.

— On en train de les écraser, sourit Nat, se détendant enfin.


Imaginer tous ces nouveaux venus s’ajouter à l’organigramme lui avait collé un sacré mal de crâne.

Et les messages échangés avec Florian, qui avait tenu sa promesse de l’informer régulièrement, lui avaient donné le tournis. Non, elle n’était pas au courant de l’existence de ce médaillon. Non, elle ignorait qu’on pouvait passer de « l’autre côté ». Oui, elle jouait la potiche de service, elle le savait déjà, merci bien.

Elle avait craint cette rencontre. Elle avait déjà accordé sa confiance à tort et ne voulait pas se faire poignarder dans le dos une nouvelle fois. Voulaient-ils la cuisiner en profondeur ? Ils l’avaient rassurée sur ce point : personne ne lui poserait de questions. C’était la part de leur marché. Elle avait accompli la sienne en baissant sa garde pour leur proposer un goûter chez elle.

Les tensions qu’elle s’était inventées n’avaient même pas eu lieu au final. Tout se passait mieux qu’elle ne l’espérait. Ils aimaient leur version familiale du cricket et se démenaient à cœur joie. Ses frères et sœurs les avaient rapidement adoptés comme compagnons de jeu, ravis de pouvoir battre ces adversaires à plates coutures. En famille. Avec un peu d’aide de Florian et Thomas, certes.


Charlotte jouait tranquillement à côté d’eux avec sa poupée. Florian s’accroupit dans l’herbe.

— C’est une jolie poupée que tu as là !

— Elle pleure beaucoup parce qu’elle est malade, expliqua la fillette tout en berçant le nourrisson. Elle ne veut pas écouter mon histoire.

— Oh la pauvre ! Qu’est-ce qu’elle a ?

— Elle tousse beaucoup et a vomi toute la nuit.

— Eh bien, elle n’a pas l’air en forme, compatit Florian en arrangeant une des boucles de cheveux de la poupée.

Charlotte le regarda comme s’il était stupide.

— Ben non puisqu’elle est malade !

Amusé de se faire reprendre par une enfant de quatre ans, et parce qu’il en avait l’habitude, Florian osa passer sa main dans les cheveux de Charlotte, aussi brune qu’Emma était blonde. La petite se laissa faire en reprenant les soins qu’elle donnait à sa poupée. Elle déboucha soigneusement une bouteille de sirop, très concentrée. Florian la surveillait du coin de l’œil pour éviter les dégâts, se promettant de récupérer le flacon à la première ouverture. À coup sûr, Charlotte l’avait chipé pour faire « comme les grands ».

— Et comment s’appelle-t-elle, ta poupée ?

— Rosalie, dit Charlotte en écrasant une grande cuillerée de sirop à la fraise contre la bouche de la poupée de porcelaine.

— C’est un très joli prénom, constata Florian, subitement mal à l’aise. La poupée lui renvoyait un regard vide. Son visage barbouillé du liquide rouge poisseux qui lui dégoulinait sur le menton.

« Elle tousse beaucoup et a vomi toute la nuit ». Vomi du sang ? Un vertige le prit, au milieu des rires et des couleurs chatoyantes.

Un cri de joie couvrit son effroi. Il leva la tête : Cécile effectuait une superbe course autour des bases improvisées après un non moins superbe lancer. Elle revint au point de départ sous les acclamations de son équipe bluffée.

— C’est un beau prénom pour une très belle poupée, conclut Florian à l’attention de Charlotte en se relevant. Fais attention, ta petite sœur doit avoir accès à l’armoire à pharmacie, la dénonça-t-il à Natacha dans la foulée.

— Charlotte ! Qu’est-ce que tu as piqué encore ? Donne-moi ça, ce n’est pas un jouet ! Et ça non plus !

Privée de son matériel de docteur, Charlotte se vengea avec un coup de pied vengeur dans le tibia de Florian. Quelle jolie petite peste ! Exactement comme Emma, tiens ! Et avec autant de cran que Clémentine !

— Elle ne t’a pas fait trop de mal ? s’enquit Maxime avec un petit rire.

— Bien sûr que non ! s’emporta Florian, plus touché dans sa virilité qu’autre chose. On est toujours en train de gagner ?

— Pour l’instant, ouep. Mais tes copains viennent de marquer deux points d’un coup.

— Ah tant mieux, dit Florian, la tête ailleurs. Mais… Que font tous autour de Cécile ?

— Ben, c’est elle qui vient de marquer, justement. C’est à ton tour de prendre la batte.

— Je te laisse ma place, murmura Florian qui n’appréciait pas ce qu’il voyait.

— Hein ?

Florian se dirigea en direction de Cécile qui avait du mal à gérer les félicitations enthousiastes de ses équipiers. Rouge de confusion, elle peinait à accepter pour argent comptant les compliments impressionnés de Mathieu qui ne ratait pas une occasion de la valoriser autant que possible.

— Si, je t’assure, c’était incroyable !

— Super, ma carrière dans le baseball est lancée ! Tu parles d’un talent !

— Je suis certain que ce n’est pas le seul ! Tu dois juste apprendre à te faire plus confiance, insista gentiment Mathieu.

— Bon, ça vous dérangerait de reprendre votre place ? râla Florian en s’interposant. Vous empêchez la reprise du jeu.

Mathieu haussa les épaules et remplaça Cécile avec un pouce levé à son encontre. Cécile l’accepta en souriant, touchée.


Florian était d’une humeur de dogue. Thomas trottina jusqu’à lui tandis qu’il s’éloignait à grands pas dans la parcelle située en contrebas.

— Hé, le jeu n’est pas terminé !

— Vous n’avez pas forcément besoin de moi pour gagner ! Retourne-y !

— Ils n’ont pas besoin de moi non plus. C’est une grange ?

— On dirait bien, oui.

Un petit cabanon plutôt. Curieux, Thomas alla jeter un coup d’œil à l’intérieur.

— Ils entassent le bois là-dedans.

— Super.

Songeur, Thomas contempla le sommet du cabanon.

— Je te parie que Bastien ou Rémi peuvent y monter facilement en une seule fois en moins de trente secondes !

— Sûrement, oui. Je te parie que je peux t’électrocuter en moins de deux si tu continues avec tes défis débiles. On n’anime pas une chaîne à sensations !

— Chiche que Bastien est cap !

— Cap de faire quoi ?

Quand on parlait du loup…

— D’escalader ça !

— Et pourquoi je ferais ça ? interrogea Bastien, éberlué. Peu importe. Pourquoi vous vous tirez quand j’arrive ? Le jeu n’est même pas terminé. – « C’est ce que je disais », renchérit Thomas –. Si je viens dans l’autre équipe, je suis sûr d’égaliser et de vous dépasser !

— J’ai assez joué.

— Tu n’as même pas joué, qu’est-ce que tu racontes ?

— Mathieu m’énerve.

— Allons bon, voilà autre chose. Qu’est-ce qui s’est passé ?

— Il n’arrête pas de draguer Cécile ! Et elle, elle est bien trop timide pour se défendre, voilà ce qui m’énerve ! C’est d’un lourd !

Bastien et Thomas le dévisagèrent, abasourdis. Comme si c’était dans sa tête à lui que ça ne tournait pas rond.

— Bien sûr, c’est Mathieu qui t’énerve, dit Thomas en petit sourire moqueur. Et où t’as vu qu’il la draguait ?

Il la félicitait, comme tout le monde ! Il lui a adressé un compliment ! Un ! Et pourquoi ? Parce que sa réception était vraiment bonne, c’est tout.

— Tu es légèrement susceptible, dit Bastien en secouant la tête. Mathieu est comme ça. On appelle cela de la galanterie et tu devrais en prendre de la graine, ce n’est pas ton fort. Est-ce vraiment la peine d’aller bouder seul dans ton coin comme un bébé ?

— Et Cécile est assez grande pour se débrouiller toute seule en plus.

— Je crois que le problème, ce n’est pas Cécile mais Mathieu, observa Bastien. Tu t’acharnes sur lui parce que c’est mon meilleur ami ou parce que c’était aussi l’ami de Chloé ?

— Raah, tu m’énerves ! Tu serais capable de monter là-haut ou pas ?

Bastien ouvrit de grands yeux effarés.

— Là, tout de suite ?

— Mais non, voyons. Tu t’en crois capable pour commencer ?

Bastien étudia la grange.

— C’est faisable. Je serais même capable de sauter du toit sans me rompre le cou techniquement parlant. Paraît-il.

— Génial ! Tu pourrais vraiment le faire ? s’enthousiasma Thomas.

— Tu vois qu’il en est capable. Bon l’affaire est réglée, on y retourne ?

— Et tu le fais, ce défi, ou pas ?

— Thomas !

— Ben quoi ? Il dit qu’il en est capable ! Il n’a qu’à le prouver !

— Et c’est qu’il est sérieux en plus ! Viens-là ! réclama Florian en le tirant par l’oreille. On n’est pas chez nous ici ! T’as pas honte de proposer des défis pareils ?

— Mais je croyais que tu étais d’accord !

— Essaie de comprendre les subtilités de quelqu’un qui veut changer de sujet !

— Pourquoi tu voudrais changer de sujet ? râla Thomas, perdu. Hé ! Qu’est-ce que tu fais !

Florian releva la tête et poussa une exclamation horrifiée. Bastien en avait profité pour débuter sa petite escalade comme si de rien n’était. Mais cet acte anodin pour lui ne passa pas inaperçu pour les autres.

De l’autre côté du champ, s’éleva un autre cri, pas aussi enthousiaste que tout à l’heure. Claire se précipita, talonnée de près par les autres joueurs épouvantés.

— NE MONTE PAS ! hurla Claire d’une voix pressante, plus aigüe qu’à l’ordinaire.

Bastien ne s’interrompit pas pour autant.

— Il fait quoi là, votre copain ? balbutia Maxime, sous le choc.

De ce dérapage, Natacha en resta clouée sur place. Ses petits frères et sœurs observaient l’évolution de Bastien, totalement commotionnés. Elle fit preuve de son sang-froid remarquable.

— Nicolas, emmène-les à l’intérieur. Maintenant. C’est un professionnel, ne faites pas attention. Maintenant !

— Tu es sûre que ce n’est pas une tentative de suicide ?

— Pense aux petits et fais ce que je dis ! Oh ! Tu nous fais quoi ? glapit-elle ensuite, les yeux tournés vers le sommet.

Bastien s’arrêta de grimper pour la toiser de haut, simplement suspendu à une saillie.

— Je relève un défi.

— Et tu étais vraiment obligé de le relever chez moi ?

— Ça s’est passé comme ça.

— C’est un grand malade, articula Garance, déjà mise dans l’ambiance.

— Bastien, redescends tout-de-suite ! brailla Mathieu, pratiquement désespéré.

Claire était survoltée, acharnée à trouver un argument valide pour lui faire abandonner ce pari stupide. Elle inspira un grand coup et porta le coup fatal.

— Si tu dois tomber, tu crois que je vais expliquer comment ta mort à Maman ? De la même manière que tu as su expliquer celle d’Alec ?

Ils lui lancèrent un regard étonné mais Claire ne répondit pas à leurs interrogations muettes, son pâle visage tourné vers les acrobaties de son frère. L’important était que le coup avait porté. Bastien vacilla et tourna vers eux sa figure éperdue, envahie par un soudain désarroi. Le temps se suspendit un instant tandis qu’ils se confrontaient, lentement.

— Ne t’arrête pas, tu y es presque ! cria Florian d’une voix encourageante.

Bastien lui répondit d’un œil surpris puis sa détermination première l’emporta et après un bref signe de tête, il reprit son ascension, du reste pratiquement achevée. Claire tomba sur Florian à bras raccourcis.

— Mais qu’est-ce qui te prend de l’encourager, maintenant !?

— Maintenant qu’il est monté, autant qu’il continue, ce n’est pas le moment de le déconcentrer.

— Tu me le paieras, marmonna Claire entre ses dents, les joues tirées vers l’intérieur de nervosité.

— Quand tu voudras, riposta Florian. N’empêche, il s’en sort très bien ton frangin.

Bastien atteignit le toit et se stabilisa avec difficulté sur les tuiles.

— Super, vraiment. Félicitations. Maintenant, redescends ! l’invectiva Mathieu, furieux.

— C’était le principe du pari, justement. Pas vrai ?

— Oh, non…

Thomas se décomposa. Florian aussi.

— Bastien, ne fais pas ça !


Après coup, impossible de savoir qui avait hurlé le plus fort. Claire aurait parié que c’était elle. Bastien se jeta dans le vide. Se réceptionna adroitement sur ses pieds après deux, trois roulé-boulé. Il se redressa, d’abord ahuri, puis un grand sourire bête se répandit sur son visage quand il se rendit compte qu’il avait battu son propre record de saut de toit.

— On recommence ?

— Espèce de… de…

Claire était à court de mots tellement elle était bouleversée. Elle allait s’évanouir. Elle le sentait.


— Qu’est-ce que vous foutez ?!!

Clément venait à peine de s’incruster, et il était déjà hors de lui. Il plongea sur Bastien.

— On ne peut pas te laisser tout seul ! Tu es en mal de public ?

Immobile, Rémi ne décollait pas son regard du toit. Sans doute affligé par l’impudence persistante et épuisante de Bastien. Sidéré, il posa ses yeux sur Claire et pâlit davantage. Claire rossait son frère en ponctuant chacune de ses atteintes de noms d’oiseaux. L’agacement croissant de Bastien était perceptible pour tous, sauf pour elle. Clément ceintura Claire pour l’éloigner. Non sans difficulté : elle se débattait comme une tigresse et ruait dans les brancards.

— Je vais le tuer ! Je te jure que je vais te tuer !

— Euh, Rémi ? Un petit coup de main, ce ne serait pas de refus.

Rémi sortit de sa transe dans un élan furibond. Il flanqua Bastien à terre. La tête de ce dernier heurta le sol, rabattant le caquet de Claire. Bastien se frotta le crâne : Rémi se tenait au-dessus de lui, écumant et blême.

— Tu… Toi… Tu n’es jamais là où il le faudrait !

— Ce n’est pas une raison pour me faire mal ! se révolta Bastien.

— Tais-toi ! Et toi aussi ! se déchaîna-t-il sur Claire. Tous les deux, hors de ma vue !

Il les laissa tous en plan. Clément semblait démoralisé.

— Et l’autre qui s’y met ! Ah, je suis Clément, se présenta-t-il à Natacha, tout penaud. Je m’excuse pour ce comportement immature. En temps normal, ils ne sont pas… En fait, si, ils sont souvent comme cela.

— Je compatis, dit Natacha, pince-sans-rire. Promettez-moi juste que vos salades sont finies pour aujourd’hui.

— Avant que cela tourne au vinaigre ?

Arthur fustigea Thomas d’un œil glacial. Nat enflait comme un crapaud-buffle. Rien à dire, moins elle les voyait, mieux elle se portait. Nicolas s’amena, inquiet de ce chambardement.

— Tout va bien ? Vous… Tu es redescendu ? Déjà ?

Bastien se releva, gêné. Le fait d’avoir dégringolé du toit avait visiblement lancé la mode du tutoiement, dénotant une profonde admiration chez le frère de Natacha.

— Comment as-tu fait, sans corde ? C’était fantastique !

— C’était juste une petite démonstration. Ne refais pas ça chez toi, je veux dire, ici, se rattrapa maladroitement Bastien.

Nicolas se tourna naïvement vers Natacha.

— Dis à tes amis de ne pas hésiter à revenir, on ne s’ennuie pas avec eux, lui glissa-t-il.

« Ce ne sont pas mes amis. Et s’ils osent remettre un pied chez moi, je les massacre à mains nues ».

Il est fort à parier que les plus raisonnés aient capté l’essentiel : ils n’étaient plus les bienvenus. Ils eurent vite fait de se confondre en remerciements avant de pousser tout ce petit monde vers la sortie.

— Bravo. Vraiment bien joué, les gars, énonça Garance, dépitée.

— On allait égaliser en plus, lâcha Léane, tout aussi désappointée. Avec une touffe de mauvaise foi.

Aïe !

Mélissa venait de lui flanquer une correction magistrale.

— Comment peux-tu parler de ça ? Et toi, c’est quoi ton problème ?

— Et lui alors ? C’était son défi !

— C’est facile, ça ! s’indigna Thomas. C’est lui qui a relancé, accusa-t-il en désignant Florian.

— Silence ! Vous êtes tous des gamins !

Mathieu était en rogne. Bastien avait tout fichu en l’air. Pour ne rien changer. De son côté, Arthur espérait que Rémi n’ait pas définitivement jeté l’éponge. Garance ne décolérait pas, maussade. Son portable la tira de ses pensées moroses.

— C’est Cate, déchiffra-t-elle en s’arrachant un demi-sourire.

— Elle ne te contacte que lorsqu’elle a besoin de toi, celle-là C’est pour quoi cette fois ? Ils sont encore à la recherche de cet homme ?

— Apparemment, oui. On pourrait les emmener eux aussi, pour leur apprendre le terrain, argua-t-elle avec une conviction inexistante. On n’aurait plus à déranger Lucas, il n’aurait plus à me faire la gueule.

— N’exagère pas, il ne t’en veut jamais très longtemps. Mais dans l’état actuel, tout ce qu’ils risquent, c’est de se prendre Caitlin de plein front.

— Ce n’est pas faux. Mais je ne compte pas m’éterniser ici, et lui, va devoir apprendre comment cela fonctionne, ajouta Garance en direction d’Arthur.

— Apprendre à quoi ?

— À basculer de l’autre côté, répondit Garance comme s’il s’agissait d’une évidence.

— On a déjà fait, rappela Claire.

Je l’ai déjà fait et je ne saurai pas recommencer tout seul, eut à cœur de corriger Arthur.

— Je te montrerai. On le fera ensemble, lui promit Garance, très consciencieuse dans son rôle de guide spirituel.

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