Chapitre 20 (3/4)

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Arthur tituba et fut aspiré dans l’abîme, face à Garance. Il enregistra sa déroute, conforme à la sienne : d’un côté comme de l’autre, rien n’avait été prémédité. Ils y avaient été entraînés de force.

Elle sortit son épée. Il n’eut pas le temps d’analyser la suite. Il fut propulsé plus en avant encore. L’esprit brumeux, il se sentait déphasé. Ce qui était un comble en pleine bilocation. Un lien invisible s’enroula autour de son cou et de sa poitrine et tira. S’étira. Il reconnaissait cette sensation. Il appelait à lui ses amis. Il essaya de lutter mais la pression s’accentua. Le lien s’intensifia. Claire ne devait pas s’y accrocher.

Je t’en prie, ne me suis pas. Je t’en supplie.

Mais Claire ne pourrait résister elle non plus, il le savait. Et l’appel était trop pressant.

La corde se tendit avant de se rompre brutalement. Arthur fut jeté à terre.

— Garance, c’était quoi ça ? râla Lucas en se massant l’épaule.

Garance était encore plus secouée que lui. Elle chercha le regard d’Arthur, affolée.

— Ce n’était pas prévu, murmura-t-elle dans un filet de voix. Je ne sais pas ce qui se passe du tout.

Même elle n’avait pas le contrôle sur la situation. S’il comptait sur elle pour le réconforter, c’était râpé.

— On est où, là ? gémit Claire.

— Je n’ai rien capté non plus, témoigna Thomas, désorienté.

— En tout cas, on n’est pas passé de l’autre côté, affirma Mélissa en se hissant sur ses pieds.

— Natacha ? Quelqu’un aurait vu Natacha ? Je crois qu’elle ne nous a pas suivis !

— Pourquoi le ferait-elle ? Elle n’est pas dans l’équipe.

— Tu vas la fermer, oui ?

— Sympathique comme endroit, dis donc.


Mathieu n’avait pas tout à fait tort. On avait vu mieux comme terre d’accueil. Pour cause, c’était un souterrain, genre égout. L’endroit était lugubre à souhait et suintait humidité et moisissure. On entendait l’eau gronder au loin, dans une autre cavité. Ils se regroupèrent en file indienne, peu rassurés sur leur sort.

— Avancez, qu’est-ce que vous attendez ! Je n’ai pas l’intention de camper ici.

— Pour aller où ?

— Je sais pas, moi, tout droit. On va bien finir par trouver une sortie au bout d’un moment.

— On n’y voit rien. Et on se gèle.

— Raison de plus.

— Pas la peine de pousser !

— Fais pas ta drama queen, je ne t’ai pas touché !

Une autre embrouille s’installa plus loin. Un vent de panique courait le long de la procession, en provenance de l’arrière. Des éclats de voix se réfractaient sur les parois pour parvenir jusqu’en tête de file. Mélissa se retourna.

— Qu’est-ce qui se passe au fond ?

L’information reflua lentement.

— Je crois que Stephen panique, traduisit Clément.

— Stephen ?

Le scepticisme qui s’afficha dans la voix de Mélissa était compréhensible. Elle imaginait mal Stephen céder le premier au vu de son gabarit. Le bouche-à-oreilles était l’ancêtre de l’intox après tout. Et le téléphone arabe fonctionnait d’autant mieux dans un tunnel aux parois étroites.

— Vous êtes certains qu’il s’agit de Stephen ?

— Il est peut-être claustrophobe.

— What’s going on? se renseigna Lucas en braillant.

— […] it’s a trap! We’re trapped! gueulait Stephen en retour.

— No, we’re not, marmonna Mélissa. Je vois quelque chose, attendez… On dirait… Il y a une sortie ici, ça mène dehors ! Faites-circuler, qu’il tienne bon ! On va sortir !

Déjà les premiers émergeaient à l’air libre, les autres se bousculaient pour y parvenir le plus rapidement possible.

— Non, ne bougez pas ! s’époumona Léane quelque part au milieu en essayant de forcer le passage. Poussez-vous ! Florian ! Où es-tu ? Florian, surtout, ne bouge pas ! Florian ! Quelqu’un a vu Florian ?

Léane s’affolait à son tour en butant sur chacun de ses camarades. Mais aucun d’eux n’était Florian. Et son hystérie allait croissant au fur et à mesure qu’ils s’échappaient tous.

Rémi la happa au vol.

— Qu’est-ce qui t’arrive ?

— Florian, il faut… il faut l’empêcher de sortir. Stephen a raison, c’est un piège.

— De quoi tu parles ? Pourquoi faudrait-il arrêter Florian ?

Léane se débattit pour continuer. Rémi la prit par les épaules et la scruta à la lumière de l’été qui s’engouffrait enfin. Les yeux de Léane étaient immenses, fiévreux, éteints. Comme si elle s’enfouissait en elle-même. Sa respiration était erratique Comme si elle luttait contre une force intérieure qui la consumait.

— Léane…

Un sanglot feulement s’échappa de la gorge de Léane.

— Il n’a pas appris… Je t’en prie… Je dois le retrouver.

Rémi regarda par-dessus son épaule, vers le souterrain. Cécile qui aidait Caitlin à faire asseoir Stephen lui retourna son incompréhension. Avec Kiernan à leurs côtés, ils étaient les derniers. Florian n’était pas resté. Pourquoi le serait-il ? Stephen se terrait, les poings appuyés sur ses tempes. Il s’arcboutait contre la paroi comme s’il voulait se fondre en elle, le plus loin possible de la sortie.

Rémi eut une intuition qui traversa son visage pétrifié.

Léane, il y a une source électrique dans le coin ? C’est jusqu’à quel point ? Quel voltage ?

Léane semblait ailleurs, elle divaguait déjà, les yeux mi-clos.

— Réponds ! lui ordonna-t-il en la secouant pour lui faire reprendre ses esprits.

— Centrale… Il n’a pas eu le temps d’apprendre à se contrôler. Il va tout… il va tout absorber.

Rémi la lâcha, tourmenté.

— Faites-leur faire demi-tour tout de suite. Il ne faut pas qu’ils s’approchent d’ici. Ne la laissez pas jouer aux héroïnes, c’est compris ?

Rémi se rua dehors.

— Où est Florian, putain ? hurla-t-il à la cantonade.


*

Cela avait débuté par une simple migraine. Florian n’y avait pas fait attention. Puis les symptômes s’étaient multipliés, ne se cantonnant pas seulement à sa tête. Un engourdissement progressif de ses sens, quelques moments d’absence, des battements de cœur de plus en plus irréguliers… Et il avait été assez stupide pour mettre ça sur le compte de son émoi.

Une fois à l’extérieur, il n’avait pas fait quelques pas, hagard, que l’énergie électrique avait déferlé sur lui, dévastatrice. Il en avait saisi la source, dans un état second, et il lui était maintenant impossible de s’en détacher. Frappé de tétanie, le corps tout entier de Florian chancela et s’écroula. C’est ainsi qu’ils le trouvèrent, en pleine crise musculaire, secoué de spasmes.

— Florian !

— Ne vous approchez pas ! Ne le touchez surtout pas !

Rémi étendit ses bras en cordon de sécurité pour les forcer à reculer.

— Dégage de là !

— Qu’est-ce qui te prend ?!

— Il y a une centrale ! beugla Rémi pour se faire entendre par-dessus la mêlée.

Ils cessèrent de gesticuler et de beugler comme des dingues.

— À quelques kilomètres d’ici, il y a une centrale électrique, continua Rémi d’une voix blanche. Léane et Kiernan sont restés dans la grotte, mais Florian… il s’est électrisé.

— Fais quelque chose ! gueula Claire. N’importe quoi, bouge-toi !

Éperdue, la seule à s’agiter encore au milieu du charnier, Claire attendait de lui un miracle. Comme s’il était en mesure de le réaliser. Hébété par sa réaction, Rémi fut assailli d’un frisson léthargique.

— Ne le touchez-pas, réitéra-t-il simplement, les bras ballants. À l’écart, Florian se tordait toujours au sol dans le roulement d’une chute d’eau au lointain.

— Claire et Thomas, on se dépêche de l’évacuer. Léane et Kiernan aussi, ordonna Lucas en prenant le relais. Garance, Arthur, je me moque de savoir comment on est arrivés ici, débrouillez-vous pour les ramener en priorité. Tout de suite !!! aboya-t-il.

Arrachés de leur transe, tous les quatre eurent l’air terrifiés devant l’ampleur de la mission qui s’abattait sur eux.

— Lucas, on ne peut pas… Les pompiers, baragouina Garance.

— On s’en fout des pompiers, éloignez-le de là ! Vite !

— Il va clamser s’il reste ici ! couina Bastien.

— Clamser ?

Le mot parut détraquer Rémi. Il se mit à haleter et à trembler telle une vieille bâtisse qui allait s’écrouler. Clément le saisit d’autorité par les épaules.

— Rémi ! Il ne va pas mourir, tu m’entends ? Respire ! martela-t-il en contenant ses propres craintes. Reprends-toi !



Arthur et Garance exécutent des tâtonnements précipités pour remonter leur piste jusqu’à leur point de départ. Heureusement pour eux, les traces de leur passage ne s’étaient pas encore effacées. Au contraire, elles marquent sauvagement le paysage de la bilocation, sans aucune subtilité. Signature d’un kidnapping de leurs consciences avec violation de leurs libertés de penser à la clef. Arthur n’a aucun mal à intégrer Claire dans sa bulle mais se heurte une fois encore à un mur au moment d’y englober Thomas.

Garance, déjà encombrée du poids de Lucas, pédale un peu pour étirer son champ de force jusqu’à lui afin de le soutenir.



Ensemble, ils réussirent à les transporter sans trop d’encombres : pour preuve, le corps de Florian disparut ensuite entre deux saccades. Dans la grotte, ceux de Kiernan et Léane également, sous la totale stupéfaction de Cécile.

— Restez où vous êtes, intima Clément aux restants. Gardez vos positions pour ne pas leur compliquer le retour.

Ce n’était pas nécessaire de l’indiquer : après l’évacuation d’urgence, la plupart d’entre eux n’avaient pas bougé d’un pouce, désorientés par la tournure qu’avait pris leur partie laser green.

Aiguillés, Thomas, Lucas et Claire n’eurent aucun mal à revenir pour les récupérer.

C’était du gâteau, en comparaison de l’entreprise d’installer Florian sur un lit sans le toucher. Arthur et Claire s’y reprirent à deux fois. Florian qui ne bougeait plus, inconscient, le corps entièrement recroquevillé sur lui-même comme une chrysalide vide. À la respiration quasi inexistante. Il ne présentait pas de brûlures apparentes mais il était impossible que les tissus internes n’aient pas été endommagés. Il en garderait certainement des séquelles. S’il survivait. Le diagnostic n’était pas gage de bonne nouvelle.



Natacha s’était ramenée en stop. Et en bus.

En toute pétarade, Nat entendait s’imposer avec une bassine d’eau. Agglutinés autour de Lucas, au pied des escaliers, ils assistaient, plus impuissants que jamais, à sa rébellion.

— Tu ne passeras pas cette porte, gronda Lucas. Et surtout pas avec ça. Recule.

Nat brandit la bassine, obstinée.

— Écarte-toi. Tu as entendu Léane, le courant est déjà remonté jusqu’à son cœur. Avec une telle intensité, son cœur aurait dû s’arrêter depuis longtemps pour un être humain normal. Le bouche-à-bouche ou le massage cardiaque ne serait d’aucune utilité dans cette situation. Et appeler les urgences, ça ne sert à rien non plus. Ils ne pourraient rien faire pour lui. C’est la seule solution qui nous reste.

— Pas question. Tu vas le tuer ! hurla Cécile.

— Il va mourir si on n’intervient pas de toute façon.

Personne ne peut supporter une telle tension. Pas même lui. Tu peux prendre toutes tes précautions possibles, il va finir par nous faire un arrêt cardiaque ou respiratoire.

— Et toi, tu veux donc stimuler cet arrêt cardiaque en lui balançant une bassine d’eau à la figure. Normal. Tu es folle à lier !

Nat secoua la tête.

— Je ne vais pas lui en balancer directement, je vais l’asperger par petites touches, pour attirer toutes les charges. Cela va accélérer la circulation du courant. C’est la seule manière rapide d’expurger son corps.

— Cela va surtout en multiplier l’intensité ! Tu vas l’achever !

— Pas si Léane et Stephen nous donnent un coup de main, souffla-t-elle.

Lucas se raidit.

Tantôt, il les avait justement chassés de la maison alors qu’il les avait surpris au chevet de Florian en train d’ingérer pour leur compte un maximum d’électricité possible.

— Qu’est-ce que vous faites là, vous deux !

— We’re absorbing... avait bafouillé Stephen.

— You’re absorbing rien du tout, oui ! Vous êtes fous ! avait crié Lucas en les raccompagnant à la porte de force. On a déjà assez de problèmes sur les bras pour s’en rajouter. Dégagez ! Je ne veux plus vous voir.

Petit portrait de Léane sur le moment : une loque, des cernes sous les yeux à faire pâlir d’envie un panda. Malgré tout, elle avait lutté pour rentrer à l’intérieur.

— Tu ne peux pas nous faire ça ! Florian a besoin de nous, il va y passer !

— Et vous aussi, si vous restez dans le secteur. Ouste !

Lucas avait veillé à ce qu’ils débarrassent le plancher au plus vite. Et Natacha voulait les ramener ici, à risquer leurs vies !

— C’est de la folie, jugea d’abord Mélissa. On va les mettre en danger eux aussi. Mais elle a raison. On ne peut pas réussir sans eux, dit-elle après un silence méditatif.

— Moi qui croyais que tu étais de mon côté !

— Ce n’est pas le sujet et tu le sais. Ils pourraient nous aider à neutraliser l’électricité beaucoup plus facilement en contrôlant sa trajectoire. Lucas, on n’a pas le choix. Ils sont les seuls à pouvoir l’approcher, ils s’occuperaient de l’asperger eux-mêmes. C’est risqué mais c’est le seul moyen de le sauver. Demande-leur de revenir, ils n’attendent que cela.

— Non, s’opposa Lucas, catégorique.

— On perd du temps là !

Cécile chassa ses larmes d’un geste rageur et se tourna vers Natacha.

— Fais ce que tu veux mais fais-le vite. C’est tout ce qui compte.

Natacha vrilla ses yeux dans les siens, agitée. À présent que son idée ait été approuvée, elle était soudainement incertaine du résultat.

— Ne te débine pas maintenant, l’enguirlanda Arthur. Tu voulais nous aider, non ? Eh ben, avance !



Florian tressaille au contact de l’eau. Son organisme tout entier grésille sous la douleur flamboyante qui le sillonne de part en part. Il se convulse d’ici de là, balayé entre deux élucubrations. Quelque part, les cellules de son cœur s’emballent. Pourtant, il ne se sent même pas capable de le ressentir. Autre part, sa respiration s’efface de lui-même. Il se doute qu’il va disparaître d’ici peu. Il se court-circuite en silence. S’asphyxie. Il n’y a pas d’autre raison. À moins que son cœur ne se suicide avant.

Florian a mal. Il tente d’ouvrir les yeux, hébété, mais même ce geste simple lui coûte. Il préfère sombrer dans la nuit, à nouveau.


— Alors ?

Léane échangea un regard sombre avec Stephen, tendue.

— Alors on a limité la casse. Il a repris conscience, mais il a encore des difficultés à respirer pour l’instant. Il n’est plus électrisé, c’est déjà ça. On a empêché l’électricité de refluer de nouveau vers le cœur et on en a aspiré le maximum. Il ne nous reste plus qu’à attendre.

— On peut le voir ? demanda Cécile d’une voix tremblante.

« Mieux vaut pas », semblait affirmer le visage sceptique de Stephen.

— Mieux vaut s’abstenir pour l’instant, renchérit Léane, sur la même longueur d’onde. C’est plus sûr.

Sa voix se brisa sur le dernier mot. Ils paraissaient à bout tous les deux.

— Le véritable problème, c’est son cœur, chevrota-t-elle. Stephen et moi on devrait se relayer pour le surveiller. En cas d’arrêt cardiaque, on pourrait lui administrer un choc électrique.

— Vous avez besoin de repos surtout. On se charge de le surveiller, on vous préviendra en cas de pépin. Allez-vous coucher !

— On n’a pas 3 ans, arrête de nous materner !

— Non, il a raison, il faudrait vous reposer, repartit Mélissa.

— Qu’est-ce qu’il ne faut pas entendre, soupira Léane. Bon ben, profite-en pour me border, Maman, pendant que Papa me prépare un chocolat ! Et le chef, il fait quoi, lui ? Il est où ?

Un ange passa. Une fois rassuré sur le sort de Florian, Rémi avait profité du point de situation pour s’éclipser.

— Le chef est retourné jouer l’ermite, constata Clément, défait.

— Pas besoin de surveiller son cœur à lui, il ne doit plus en avoir !

— Ho, Claire ! C’est dur pour tout le monde ! Pousse pas trop le bouchon ! la rabroua Bastien.

— Je m’occupe du premier tour de garde, proposa Mathieu.

— Moi aussi, déclara Bastien, suivi de Cécile.

— La même, se manifesta Claire.

— Itou, dit Arthur dans le même temps.

— Ithree renchérit Kiernan qui avait manifestement saisi l’essentiel malgré l’absence de traduction.

Un rire nerveux courut dans l’assistance, Mais un rire, enfin.

— Pas la peine de se précipiter, on a toute la nuit. Mathieu et Bastien pour le premier tour de garde, c’est amplement suffisant. Thomas, rhabille-toi, je vais te ramener, dit Clément.

— Je veux dormir ici ! Moi aussi je veux veiller sur Florian !

— Ce n’est pas la peine, on est déjà assez nombreux.

— C’était un weekend camping, soi-disant !

— Tu n’es pas compris dans le lot. On n’a aucun droit de te garder. Grouille-toi !

— See you Thomas, le salua Kiernan en lui égratignant gentiment le cuir chevelu.

— Thomas, pas Thomasse ! explosa le jeune garçon, dégoûté. THO-MAS ! À prononcer sans le « S » !

C’est pas compliqué de le prononcer à la française, celui-là, non ? Que vous ne parliez pas notre langue, je veux bien, mais faites au moins UN effort pour éviter d’écorcher nos prénoms ! Ce n’est pas comme si on vous demandait de marcher un béret sur la tête, une baguette sous le bras sur un air d’accordéon ! Et personne ici n’a mangé de grenouilles alors arrêtez de nous appeler les « Froggies » ! Vous êtes complètement retardés, c’est pas possible !

Kiernan recula, éperdu devant cette avalanche qui se déchargeait sur la cible parfaite. Clément le bâillonna, épouvanté de ces propos farfelus sans rapport avec la choucroute. Ce n’était pas le moment idéal pour démarrer une crise diplomatique.

— Qu’est-ce qu’il te prend ?

— What the hell is going on with this kid?

— My point exactly...

— Laisse-le, tu vois bien qu’il est épuisé, ça lui fait beaucoup à encaisser. À son âge en plus...

— Justement, je crois qu’il est temps d’aller se coucher, annonça Mélissa pour mettre fin à la parenthèse dérapage en roue libre.

— C’est ce qu’on apprend aux 6e en anglais, non ? Les stéréotypes ?

— J’ai dit qu’on passait à autre chose, glissa rapidement Mélissa. Je vais installer les sacs de couchage. Qui m’aide ?

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