Chapitre 23 (2/5)
Trois garçons vinrent à passer, fort pressés. En fuite, comme beaucoup par ici. Et en route vers le nord.
L’aîné était presque un adulte, bien qu’il n’ait pas encore atteint l’âge requis. Il avait longtemps rêvé de liberté avant de se voir investi de la lourde mission de père de cette drôle de famille.
Le deuxième avait longtemps été en quête d’un but. Le troisième, huit ans à peine, leur en avait fourni un. Ils étaient à la recherche de Nine, petite sœur perdue de vue après la débâcle qui l’avait emportée, jetée dans un train.
C’est tout ce qui les importait à présent. La seule erreur qu’ils n’auraient pas dû commettre fut de mettre la main sur le médaillon, trouvé un soir sur leur route, par hasard. Ils se le partagèrent, y voyant à tort un symbole pour sceller leur amitié. Sans aucune causalité, quelques années plus tard, le malheur s’abattit ensuite sur le plus jeune, victime sur leur chemin de quelque cupidité malsaine de brigands mal attentionnés. Ses camarades qui l’accompagnaient dans l’aventure ne furent pas épargnés par l’évènement. Ce triste évènement marqua leur séparation précipitée, teintée de méfiance envers les étrangers.
Une fois sa promesse tenue de retrouver Nine à qui il confia le médaillon réassemblé, l’aîné s’exila. Il fit de l’île de Jersey son nouveau port d’attache. Quelques-uns de ses descendants émigrèrent définitivement au Royaume-Uni par la suite ; d’autres choisirent de retourner en France, sur les traces de leur ancêtre, et firent l’acquisition d’un manoir de la Belle Époque.
On ne sait trop ce qu’il advint précisément du deuxième, s’il resta sur place ou s’il s’installa ailleurs. Il ne fit plus parler de lui.
Le troisième n’était plus mais Nine chérit précieusement son souvenir au même titre que le médaillon. Ce dernier fut conservé dans sa famille avant de disparaître soudainement de la circulation. Personne ne sait pourquoi il refit surface dans la villa Carpentier. À ce jour, l’énigme demeure.
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