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Il faut croire que tu m’avais tout de même vue puisque c’est toi qui es venue me parler. Peu importe que ton visage soit devenu une obsession, qu’il ne quitte plus mes pensées, sans que je ne puisse expliquer pourquoi, jamais je n’aurais osé faire le premier pas. Mais un jour, sans raison, tu es venue me demander mon prénom. Tu n’as même pas essayé d’inventer une excuse, ta franchise l’a emporté, tu es revenue à la boutique et tu t’es approchée de moi, de l’assurance plein les poches.
— Emmanuelle. Mais Elle suffit.
— Moi c’est Matty.
J’ai répété ton prénom, comme si je goûtais un nouveau fruit. Sucré, savoureux, exquis.
— Ouais. En fait c’est Matilda mais j’aime pas. Matty suffit.
Matty. Deux syllabes. Un prénom. Une personne.
Une mélodie qui ne sortirait pas de ma tête, une berceuse que j’allais chanter en silence dans le creux de mon cœur et qui allait m’amener, parfois, souvent, au creux de mes jambes.
Je me surprendrai à y ajouter une autre syllabe.
Matty. Elle.
Deux prénoms, deux personnes, parfois, ça suffit.
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