Défaite
Elle régnait désormais seule sur le pays. Sans famille, sans amis, sans conseillers, sans amants (elle n’avait jamais connu l’amour, ni les plaisirs charnels). Elle était la femme la plus importante, elle n’avait rien, rien que sa haine.
Son but était alors de tuer son peuple petit à petit, en commençant avec la famine, puis les guerres. Alors, quand le peuple était au plus bas, qu’il commençait à être très marginal et rejeté des autres Ellemaëns (qui craignaient que le malheur s’abatte sur eux aussi en parlant à des êtres si mal chanceux) elle décida d’arranger les choses. Par le sang et la violence. Elle réussit à faire craquer le plus humble et vertueux des hommes pour en faire un homme avide de sang et de larme. Elle transforma son peuple en une bête féroce et par de la propagande leur fit croire que leurs malheurs arrivaient à cause des autres. Les autres peuples Ellemaëns. La haine qu’ils éprouvaient pour elle muta. Ils désiraient la vengeance à leur tour. Elle leur avait fourni le besoin et elle leur donna alors le moyen de l’assouvir. LLinôrah les avait rendus haineux et elle leur offrit la guerre et le sang d’hommes et de femmes innocents. Ils lui en étaient reconnaissants et commencèrent à l’apprécier. Oubliant la raison de leur haine pour elle, et la raison elle-même d’ailleurs. Et elle, elle ne pouvait que se réjouir de changement de situation. Son but se modifia lui aussi, elle voulait tuer tous les peuples.
Malheureusement pour elle et son royaume, batailles après batailles, elle perdit cette guerre, son armée n’étant pas assez forte et les autres Ellemaëns étant trop nombreux. Son peuple fut chassé, banni, voué à l’exil éternel, les laissant sans leur terre ni leurs biens, les déracinant. Cela ne fit qu’augmenter la haine des Ellemaëns d’Ini qui furent alors appelés « Fells » ce qui veut dire « le mal » en Ellemaën. Avec leurs noms, leur identité changea. En effet, ils n’avaient plus rien à voir avec les gentilshommes qu’ils étaient, et ils n’étaient plus fidèles, ni honorables. Oh, ils étaient toujours ambitieux, ils ne voulaient plus devenir roi et reine des Ellemaëns, ils voulaient qu’il n’y ait plus d’autre Ellemaëns. Ils restaient cependant loyaux, mais loyaux envers une souveraine monstrueuse. Ils avaient été corrompus par une femme qu’ils avaient eux-mêmes corrompue, et, en quelques sortes, elle se vengeait en les menant à leur perte. Parce qu’elle, elle n’avait plus rien à perdre.
Cependant malgré le pouvoir qu’elle avait, et la puissance des hommes qui mourraient pour elle, elle n’était pas satisfaite, elle n'était jamais satisfaite, et quand bien même après des décennies et des décennies de guerre et de mort, le fleuve de sang de sa vengeance ne tarissait pas, elle en voulait toujours plus. Son peuple n’était plus le peuple qui l’avait détesté, les Ellemaëns n’étaient plus les Ellemaëns qui l’avaient chassée, qui lui avaient fait du mal. Elle était vieille et seule.
Elle vécut bien plus longtemps que n’importe quel Ellemaën n’avait vécu. Elle ne savait pas pourquoi. Elle vu les générations défiler et avec elle les légendes à son sujet aussi. La mort ne voulait sans doute pas d’elle non plus.
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