Chapitre Vingt Trois : Descentes aux enfers écrit par plumenoire
Chapitre Vingt Trois : Descentes aux enfers écrit par plumenoire
La balle vint se loger dans le mur du fond. Ses mains tremblaient de peur. Elle sentit la sueur couler le long de son cou. Ses yeux hagards bougeaient frénétiquement de gauche à droite à la recherche d'une échappatoire. En face d'elle, le kinésithérapeute, le visage blême, tentait discrètement de reprendre le téléphone tombé sous la table, mais elle l'avait remarqué.
- Ne bougez pas, s'exclama-t-elle d'une voix chevrotante.
-Ne bougez pas ou je tire une seconde fois et cette fois-ci je ne vous raterai pas. Elle espérait qu'il n'avait pas remarqué sa peur grandissante.
Elle jeta un rapide coup d'œil dans la pièce et remarqua de l'argent liquide bien en évidence sur la bibliothèque. Quelques billets, vingt ou cinquante euros tout au plus.
Le téléphone sous la table émit une mélodie stridente. L'homme se jeta précipitamment dessus et elle tira. À deux reprises. Une fois dans le sol, la deuxième fois dans la cuisse. Son pantalon se tinta sous peu en rouge.
Le kiné se contorsionnait de douleur les mains enserrant sa jambe pour arrêter le saignement.
Son visage blafard était recouvert d'une pellicule de sueur.
Léonore se sentait mal. Je me sentais mal. Tirer sur une personne n'était pas anodin et si je ne faisais rien la victime allait mourir vidée de son sang sous mes yeux. Le portable continuait d'émettre. Brandissant toujours mon arme, je le ramassai et décrochai. Au bout du fil, une voix d'homme me répondit en mandarin. Il semblait agité, peut-être nerveux. Sur l'écran le numéro 110 était inscrit. La police, il avait téléphoné à la police. Avait-il eu le temps de leur parler de moi ? Étais-je arrivée assez vite avant qu'il ne me balance ? Je marchai de long en large, la tension grimpant dans mon corps. J'essuyai la sueur qui me brulait mes yeux.
– Que leur avez-vous dit ? lui ai-je demandé sévèrement, mais l'homme a juste laissé échapper un gémissement de douleur. Je le frappai avec la crosse de son arme et réitérai ma question.
Je savais que je perdais un temps précieux à obtenir ces informations, cependant ma vie était en jeu.
Je n'avais personne pour m'aider, j'étais une fugitive dans un pays étranger et d'ici à quelques minutes, sans doute une meurtrière.
Ma vie ne pourrait pas être plus gâchée.
- Vous allez répéter exactement ce que je vais vous dire. Un mot de trop et vous êtes un homme mort. Est-ce assez clair pour vous ? lui ai-je demandé, l'arme toujours pointée sur sa tempe.
Il hocha la tête d'un signe d'assentiment. Je lui tendis le téléphone. Il le prit de sa main ensanglantée et le porta à son oreille. Cependant, j'aurais dû savoir qu'il ne m'écouterait pas, quand il m'a fixé les yeux pleins de ruse.
– Tā zài zhèlǐ ! S'écria-t-il, Tā zài zhèlǐ !
Je ne comprenais pas le mandarin, mais il n'y avait aucune chance pour que la traduction soit " je vais bien monsieur "et non pas « à l'aide, au secours ». Prise de panique, je le frappai une nouvelle fois. Hélas, cette fois-ci mon coup fut bien plus violent. Il s'écroula inerte. D'une main tremblante, j'ai tâté son cou, aucun pouls. Je venais de tuer un homme. Il était mort, parce que je l'avais frappé trop brutalement. Il était mort, mort par ma faute. Des larmes ont commencé à couler le long de mes joues. Je lâchai le 9 mm comme s'il m'avait brulé les doigts, pris les quelques billets sur le meuble et récupérai mes affaires. Tout cela sans même lancer un regard vers ma victime comme si elle n'existait pas. J'étais sans doute en plein déni, mais valait mieux que ce soit ça, plutôt qu'une crise de panique alors que j'avais très peu de temps devant moi avant que toutes les polices se ramènent pour m'arrêter. Ma jambe me faisait encore souffrir et dans l'état actuel impossible pour moi de courir. Je fouillai dans tous les placards à la recherche d'une attelle et en dénichai une dans sa penderie. Pendant que je peinai à l'enfiler, on frappa avec force contre la porte d'entrée.
– Xiānshēng, qǐng kāimén, shì jǐngchá!
La voix était grave et empressé. Je n'avais plus de temps à perdre. Je devais me sauver à tout prix. Malheureusement, aucune autre issue de secours en dehors de la porte d'entrée. La plupart des fenêtres donnaient sur la rue et sur la cour, un mur de trois mètres de haut m'empêchait de m'échapper. J'étais coincée. Les coups continuaient de résonner avec force sur la porte fragile. Si l'homme frappait encore de la sorte, la porte allait finir par céder sous son poids. La peur au ventre, je ne disposais d'autre choix que de me cacher et d'attendre.
Je m'enfermai dans la penderie, derrière les vêtements sous une couche de drap priant pour que le manque d'oxygène ne vienne pas contrecarrer mes plans.
- Oh, papa, dans quoi me suis-je embarquée ? lui demandai-je silencieusement.
La porte d'entrée s'ouvrit avec fracas. Des pas précipités pénétrèrent dans la maison.
Dans quelques secondes ils allaient découvrir le corps sans vie du kinésithérapeute et l'arme avec mes empreintes dessus.
J'étais finie.
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