Chapitre 26 - Abandon
Freyki s'était rapidement changé. Il avait enfilé une tunique en lin propre de couleur bleue, unie, ainsi qu'un pantalon noir. Il avait décidé qu'il parlerait à Jaelith ce soir, et il ne fallait pas qu'il se rétracte. Il ne pourrait pas toujours remettre au lendemain cette conversation. L'homme à la cicatrice observait son reflet dans le miroir de la chambre.
— J'ai vraiment l'air d'un barbare...
Il pensait à voix haute. Le roi loup tenta d'arranger ses cheveux noirs ébouriffés, en vain. Décidément, il n'avait aucun talent pour se montrer présentable et le savait très bien. Freyki soupira un grand coup. Il allait la voir, il ne fallait pas qu'il se laisse aller. Il fallait aussi qu'il se prépare au pire... Réunissant tout son courage, il ramassa son épée courte avant de la passer à sa ceinture et sortit de la chambre, non sans avoir adressé un dernier regard au tableau d'Amaria qui l'observait de ces yeux vides.
***
La nuit venait de tomber et les étoiles illuminaient le ciel ainsi que le chemin du roi loup. Lorsqu'il vit l'auberge de la Mésange Bleue apparaitre au bout de la ruelle, il sentit son cœur battre la chamade. Ses jambes avançaient toute seules vers le lieu où il pourrait la trouver. Lorsqu'il entra dans l'établissement, il ne prêta pas attention aux personnes présentes et se dirigea vers l'escalier de bois qui menait à l'étage. Il savait pertinemment dans quelle chambre il la retrouverait et Freyki s'arrêta quelques secondes devant la porte. Sa respiration s'était accélérée, et il n'arrivait pas à se calmer. Doucement, il toqua à la porte, mais n'eut aucune réponse.
— Jaelith ?
Sa voix tremblait légèrement.
— Jaelith ? Puis-je entrer ?
Aucune réponse. Lentement, il tourna la poignée et poussa la porte qui grinça légèrement et entra dans la chambre. La jeune femme était là, allongée sur le lit. Elle ne s'était même pas changée tant elle était épuisée. Freyki referma doucement la porte derrière lui et s'assit aux côtés de la jeune endormie. Sa main se posa presque instinctivement sur sa joue qu'il caressa tendrement. Jaelith remua légèrement, mais ne sortit pas de son sommeil. L'homme à la cicatrice se pencha vers elle et leurs visages se faisaient face. Ses lèvres se posèrent doucement sur les siennes. La jeune femme poussa un petit gémissement avant d'ouvrir lentement les yeux. Freyki était toujours au-dessus d'elle, l'embrassant, lorsqu'elle comprit ce qui se passait. Elle tenta de le repousser, mais il était beaucoup plus fort qu'elle. Lorsqu'il mit fin à leur baiser, elle murmura :
— Non... Je ne peux pas...
— Qu'est-ce qui vous en empêche ?
Le roi loup avait posé sa tête au creux du cou de la jeune femme, laissant ses mains parcourir les hanches de Jaelith qui tremblait de désir. Car elle savait qu'elle le désirait aussi, son cœur et son corps la trahissait à chaque fois. Elle répondit d'une petite voix :
— Je ne veux pas vous briser le cœur... Je ne veux pas que cette prédiction s'accomplisse...
— Mon cœur a déjà été brisé une fois ma dame...
Il déposait quelques baisers dans le cou de la jeune femme qui frissonnait.
— S'il se brise une fois de plus, peu m'importe...
— Mon roi, je ne veux pas...
— C'est ce que disent vos lèvres, mais votre corps n'est pas de cet avis.
Il avait totalement raison. Jaelith avait l'impression de fondre entre les mains de cet homme. Chaque caresse lui procurait un plaisir dont elle ne soupçonnait même pas l'existence. Leurs lèvres s'étaient à nouveau rejointes, et leurs langues se mélangeaient. Doucement, Freyki et Jaelith se relevèrent, sans se détacher l'un de l'autre, et les mains brûlantes de l'homme à la cicatrice se faufilèrent sous la tunique légère de la jeune femme et il la serra contre lui.
Elle ne se reconnaissait plus. Était-ce vraiment elle à cet instant qui tentait de retirer la tunique de son souverain ? Leurs lèvres se séparèrent un instant, Freyki arrachant presque sa tunique pour la jeter au sol, dévoilant à la jeune femme un corps musclé et couvert de larges cicatrices. Jaelith en fut surprise, mais elle se rappela qu'il n'était pas le genre de roi à se tourner les pouces ou à rester tranquille pendant que ses hommes partaient se battre. Il lui avait montré à plusieurs reprises qu'il aimait combattre à leurs côtés.
Le roi loup repris les lèvres de son amante, tout en délassant lentement sa tunique légère. Elle pensait que c'était un véritable supplice, et plusieurs minutes s'étaient écoulées lorsqu'il parvint enfin à lui retirer. Freyki recula pour mieux contempler celle qu'il désirait ardemment depuis longtemps.
Jaelith haletait, perdu dans ce tourbillon de sentiments dont elle ne savait pas comment s'extraire. Elle avait l'impression qu'on lui avait jeté un sort qu'elle était incapable de définir. Il l'attira à elle et plongea au creux de son cou, descendant lentement vers la poitrine de la jeune femme. Leurs désir fut bientôt trop puissant pour être contenu, et elle s'allongea, suppliant son souverain en silence. Ils enlevèrent les derniers vêtements qu'ils portaient, puis au moment où il la pénétra, elle le serra contre elle si fort qu'il crut qu'elle allait l'étouffer.
Jaelith ne pensait pas que se lier à quelqu'un puisse être aussi douloureux, au début. Leur étreinte dura un long moment, puis lorsque Freyki fut vidé par sa jouissance et roula sur le côté, son amante s'était blottit contre lui. Épuisés, mais comblés, ils s'endormirent rapidement.
***
Freyki se leva à l'aube. Sans faire de bruits, il se lava rapidement à la petite salle d'eau et s'habilla. Jaelith dormait encore lorsqu'il sortit de la chambre. Il s'en voulait de partir comme un voleur, mais ne pouvait pas rester plus longtemps ici. Il avait des choses à faire et était retourné au donjon, avec regret. Il aurait voulu rester à ses côté, l'étreindre à nouveau et l'embrasser. L'occasion se représenterait rapidement, pensait-il.
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