2 - Magie
La nuit était tombée il y a quelques heures. L'activité près du port était incroyablement réduite par rapport au vacarme qui y régnait au beau milieu de la journée. Seul quelques marins restés sur les quais et sur les ponts de frégates ou de Galions à contempler la pleine lune et les constellations furent témoins de ce qui arriva ce soir-là. Ils ne purent comprendre de quoi il s'agissait, mais ils virent tous un éclat lumineux au large semblable à une étoile. Ce dernier grossit à vue l'œil pour prendre plusieurs fois la taille de la lune dans leur champ de vision. La lumière s'intensifia au point d'en devenir aveuglante puis disparut aussitôt. Alors que les spectateurs se demandaient encore s'ils étaient en plein rêve, leur attention se porta sur autre chose. Cette fois-ci, ils savaient tous ce que c'était, une petite embarcation approchait des embarcadères et des bateaux aux voiles repliées. Une personne, debout, immobile était présente sur la barque. Quand ils constatèrent qu'en plus de ne pas posséder de mât ni de voiles, le petit bateau n'était même pas propulsé par des rames, les marins présents sur le quai vers lequel se dirigeait le nouveau venu s'en allèrent. Ils s'éloignaient d'un pas rapide en jetant régulièrement des regards derrière eux. Avec le grand manteau à capuche que portait l'inconnu, il était impossible de le reconnaître. Même après qu'il ait posé un pied à terre, personne n'osa s'approcher et il traversa le port en direction d'un grand bâtiment surplombant les autres, sous les regards pesants, à la fois curieux et apeurés de ceux qui s'imaginaient déjà devenir célèbres en transformant ces évènements en une nouvelle légende de marins.
La porte s'ouvrit immédiatement après l'avoir frappée sèchement du poing à deux reprises.
"Vous avez fait vite, je n'attendais pas votre retour avant plusieurs heures. Dit l'homme qui avait ouvert la porte.
- Il ne faut pas des heures pour lancer un sort, monsieur Vally. Lui rétorqua la magicienne en retirant son grand manteau à capuche en même temps qu'elle avançait pour atteindre le fauteuil le plus proche pour s'y asseoir.
- Vous avez réussi ? Votre magie à fonctionnée ? Demanda l'homme au gros ventre et aux poils grisonnants.
- Bien sûr que ça a marché ! Lui répondit-elle en le fixant de ses yeux verts et en caressant d'une main sa longue tresse noire.
- Je tiens juste à m'assurer que votre part du contrat est respectée. Je me demande quand même toujours si tuer ses maudites créatures n'aurait pas été plus simple.
Cette fois-ci, elle le foudroya du regard.
- Je vous l'ai déjà expliqué, peu importe à quel point vous détestez les Sirènes, il était hors de question pour moi de leur ôter la vie ! Les priver de leurs voix, c'est déjà beaucoup leur prendre. Si vous vouliez un génocide, il fallait faire appel à quelqu'un d'autre.
- Sauf que personne n'aurait accepté. En tout ca pas pour un prix que je peux payer. Votre sort à un effet permanant ?
- Oui. Vos gens vous acclameront pour voir rendu leur prédateur vulnérable, mais avant que vous ne répandiez la nouvelle dans toute votre cité, parlons de votre partie du contrat.
- Comme convenu, j'ai fait jouer mes contacts et voici votre précieux document.
- Tout est effacé ?
- Tout ! Vous n'avez jamais tué personne, plus d'avis de recherche sur votre tête, vous n'êtes plus hors-la-loi. Il se pourrait même que vos amis les magiciens vous considèrent à nouveau comme ..."
- Vous êtes conscient qu'elles comprendront vite et que vous serez les premiers soupçonnés ? Le coupa-t-elle. Elles pourraient même réagir violemment.
- Je sais, mais sans leurs chants, nous ne serons plus impuissants face à ces monstres.
Il n'eut pas le temps d'ajouter quoi que ce soit. La magicienne s'était déjà volatilisée après avoir effectué un geste rapide et bref de la main.
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