7 - Qui es-tu ?
Minerva ouvrit les yeux et regarda rapidement son environnement. Elle était seule dans une petite pièce dont le seul accès était fermé pas des barreaux. À peine avait-elle eu le temps de reprendre ses esprits que son agresseur, certainement celui qui l'avait emmenée puis enfermée ici sortit de l'ombre. Minerva ne pouvait pas reconnaître la personne ni même déterminer son sexe. Le grand manteau noir à capuche qu'elle portait ne laissait apparaître aucune forme. Puis, sans un mot, l'inconnu disparut, comme volatilisé sous les yeux de la Sirène. Elle regretta de ne pas avoir au moins essayé d'utiliser encore sa voix sur cette personne, car elle ne la revit pas. Pendant des jours, elle resta enfermée. La nourriture apparaissait directement dans sa cellule ainsi qu'un récipient dans lequel elle faisait ses besoins. Ce dernier réapparaissait propre régulièrement et ne disparaissait qu'une fois rempli.
Un matin, un cri la sortit de son sommeil. Elle entendit des bruits de pas, des objets se fracassant sur le sol, puis une porte s'ouvrant violemment. Les sons qui suivirent ressemblaient à quelque chose ou quelqu'un qui tombe en roulant dans des escaliers. Ce fut en effet un corps qui arriva en bas, juste devant la cellule de la Sirène. Un corps sans tête autour duquel une mare de sang foncé commença à se former. Elle reconnu les motifs de son manteau. C'était celui que portait son ravisseur. Une autre personne arriva face à Minerva. Elle ne l'avait pas entendue venir et eut un mouvement de recul. Se retrouver encore face à quelqu'un vêtu d'un grand manteau à capuche commençait à l'agacer. Cette fois-ci, l'inconnu dévoila son visage. Minerva regarda fixement la femme qui se tenait face à elle, de l'autre côté des barreaux. Elle avait l'impression de se voir dans un miroir. Les mêmes traits de visage, des yeux verts identiques, une teinte de peau similaire et les mêmes longs cheveux noirs. La tresse que portait la magicienne fascina la Sirène pendant quelques instants.
"Qui es-tu ? Demanda enfin Minerva.
- Celle qui est à l'origine de la situation dans laquelle tu te trouves, de ce que tes semblables traversent et qui pourtant ne pouvait pas t'ignorer et t'abandonner ici.
- À l'origine ... Attends, tu es une magicienne, c'est toi qui as retiré les voix des autres Sirènes ?
- Oui. Dit la magicienne et détournant le regard.
- Mais pourquoi ? Et moi, je peux encore parler et chanter, comment ça se fait ?
- Les raisons qui m'ont motivée étaient purement égoïstes. Les voix des Sirènes contre un simple bout de papier me rendant ma liberté et ma crédibilité. Quant à toi ... Tu es l'élément de surprise que je n'avais pas prévu. Je n'ai pas décidé de t'épargner, mon sort n'a juste pas eu d'effet sur toi.
-Je... Euh... Et tu vas me dire que j'ai des pouvoirs et qu'on est des sœurs cachées ou quelque chose comme ça ?
- Haha, des sœurs non, je suis en quelle que sorte, ta mère."
Minerva se tut regardait son interlocutrice en fonçant les sourcils.
"Tu es le fruit de l'union d'une magicienne humaine et d'une Sirène. Une union impossible naturellement. Je ... C'est un sort qui t'a créé. Mais je pensais que ça avait échoué. J'ignorais que tu existais et que tu étais en bonne santé."
La magicienne s'approcha et ses mains passèrent les barreaux lentement, comme pour l'enlacer, mais Minerva recula.
"Je peux t'emmener loin d'ici. T'enseigner la magie ! On pourrait être bien toutes les deux et ...
- Stop ! C'est pas ça que je veux ! Je ne veux pas de ta magie, ni quoi que ce soit que tu penses être bon pour moi. Je veux que tout redevienne comme avant ! Que les Sirènes retrouvent leurs voix !
- Je comprends ... On peut y arriver. Toute seule, je suis incapable de contrer mon propre sort. Mais avec toi, si comme je le crois, tu possèdes des affinités assez prononcées pour la magie, je peux t'utiliser comme catalyseur pour augmenter ma puissance. Mais ce n'est pas sans risque.
- Peu importe ! Si c'est la seule solution, c'est même pas la peine d'y réfléchir, on fonce !
- Donne-moi ta main.
Quand leurs peaux se touchèrent, les deux femmes se volatilisèrent en un instant.
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