Amicalement pro
Arnaud apprécie beaucoup son équipe. Fred, l’« ancien », a apporté un gâteau au chocolat et du cidre pour fêter ses quarante-deux ans. Une ambiance détendue règne dans la petite entreprise, ce qui ne nuit pas du tout à la qualité des prestations. Il y a une solidarité entre les personnes, un respect des connaissances et des expériences de chacun, un respect des êtres aussi. Arnaud se sent fier, sans aucun orgueil, juste heureux.
— Salut Arnaud ! Ça vous dirait une part de gâteau au chocolat ? C’est moi qui l’ai préparé ! Super bon, garanti !
— Merci, Fred ! C’est sympa mais je dois passer des coups de fil. Tu fêtes quelque chose ?
— Mon anniv ! 42 balais ! Je ne suis plus tout à fait dans les jeunes… Chaque année, ça me désespère un peu plus…
— Je te souhaite un joyeux anniversaire, bien sûr que tu es jeune ! Profite de la vie maintenant, la santé, la famille, le travail, tes potes, la musique… Et merci pour le gâteau !
Le sourire encore sur les lèvres, il s’éloigne et croise Amélie, la stagiaire, un mouchoir sur les yeux. Il aperçoit son regard embué, devine un sanglot…
— Mademoiselle…
— Oui, bonjour Monsieur… réussit-elle à balbutier.
— Que se passe-t-il ?
— C’est mon p’tit frère, il a eu un accident de moto cette nuit…
— Il est blessé ?
— Gravement… murmure-t-elle entre deux soupirs… Il est dans le coma.
— Je suis vraiment désolé. Vous voudriez aller le voir ?
— Mes parents m’appelleront s’il y a du nouveau.
— Si vous avez besoin de temps pendant la journée, il n’y a pas de problème. Prévenez juste Agnès avant de partir. Je suis sûr qu’il va s’en sortir. Bon courage.
— Merci beaucoup.
Il se souvient lui aussi d’une période difficile après un accident de la route quand il était enfant. Son père était resté longtemps à l’hôpital. Finalement, on se rend compte que les événements inhabituels renforcent les liens. Mais ça, on le sait après. Ne pas oublier de mettre au courant Agnès et prendre des nouvelles de la jeune Amélie. Dur pour elle…
Il arrive dans son bureau, dans son intimité sobre et paisible. C’est un garçon très sociable, entouré, avide de contacts, éloquent, chaleureux, démonstratif... Mais de temps en temps il a besoin de silence et d’un instant de solitude. Son smartphone ne le quitte jamais. Il jette un coup d’oeil aux actualités et aux réseaux sociaux, surtout les professionnels. Pas de nouveau message.
— Allô ! Je suis bien à la chocolaterie ?
— Oui, bonjour Monsieur, qui demandez-vous ?
— Je voudrais parler au Directeur, s’il vous plaît.
— Monsieur Caron est disponible. C’est de la part de qui ?
— Arnaud Brun-Lévêque, architecte d’intérieur, votre voisin…
— Très bien, je vous mets en relation… Bonne journée, Monsieur Brun-Lévêque !
Après un échange cordial et nourri, rendez-vous est pris.
Le téléphone, en vibrant, affiche « Pol-Henri Verdier ».
— Bonjour Pol-Henri ! Comment vas-tu ?
— Salut Arnaud ! Pas mal, et toi ?
— J’ai appris que tes parents ont des soucis de santé… C’est grave ou ça s’arrange ?
— Trop tôt pour le dire… Maman a fait un AVC, mais elle est bien prise en charge et n’a quasiment pas de séquelles. Mon père est dans la même maison de retraite que ta mère…
— Oui, c’est elle qui m’a donné des nouvelles…
— Ah ! D’accord ! En principe ils rentreront tous les deux à la maison dans une dizaine de jours… mais ça change tous les jours…
— Bon, c’est quand même rassurant… On se voit bien la semaine prochaine ?
— Je t’appelais aussi pour ça, je préfère qu’on reporte de deux, trois semaines.
— Aucun problème ! Je vais demander à mon assistante de trouver une autre date. Tu auras l’esprit plus tranquille !
— Merci ! Je crois que toi aussi tu viendras aux Papillons blancs ?
— Exact ! Tout se sait décidément !
— Alors à bientôt !
— Le bonjour à tes parents ! Ciao !
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