4.12

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Parler d'agitation, de rumeur, d'animation paraîtrait un peu juste à tout observateur. Et même si l'expression devait sembler triviale aux gens de bonne éducation, il faut quand même admettre qu'il s'agit d'un vrai bordel, genre bien massif.
Les fortes portes en rondins volent en éclats, arrachées par plusieurs chars attelés, et tout de suite après, un flot continu de types dépenaillés et braillards font irruption, bouleversant tout sur leur passage.

Ils sont pieds nus, habillés de hardes tâchées de sang et de poussières brunâtres. Ils n'ont pas grande allure, certes, mais ils ont tous une arme à la main. Cimeterres, dagues en tous genres, pieux de bois, voire de simples bâtons mal dégrossis, tout leur est bon, pourvus qu'ils puissent faire mal à ceux qu'ils menacent. En l'occurrence, les romains restés dans l'enceinte. Ceux-là pensaient peut-être se la couler douce pendant l'absence de leurs officiers, mais ils en sont vite pour leurs frais.

Les arrivants leur tombent dessus et les massacrent sans coup férir. C'est un indescriptible chaos. Le sang se répand comme une averse, les cris de ceux qu'on immolent se perdent dans l'air, sans cesse remplacés par de nouvelles souffrances. Des têtes, des mains, des bras tombent, sectionnés avec méthode par les va-nus-pieds qui hurlent comme des fous furieux, les yeux exorbités, la bave aux lèvres.

Raymond assiste à tout ça sans rien comprendre, sauf qu'ils risquent d'y passer, eux aussi. Pour le moment, les efforts des assaillants se concentrent surtout sur les soldats. Ceux-là ne sont déjà plus nombreux. L'effet de surprise est total et les malheureux légionnaires ne peuvent rien faire. Ils sont submergés par les autres qui ne leur laissent pas l'occasion de se ressaisir. Aussi, au terme de quelques épisodes, sanguinaires à souhait, le dernier romain rend l'âme dans un gargouillis atroce, la gorge tranchée.

Une immense clameur s'élève bientôt, marquant la fin des combats, ou plutôt, du massacre.

Puis, un calme étrange s'installe. Les vilains tueurs se reposent pour la plupart, pendant que les autres se chargent de vider les poches des morts, fouillent les tentes, regroupent les rares chevaux encore présents, puis regroupent le tout près des portes de sortie.

Raymond commence à se dire qu'ils vont peut-être bénéficier d'un petit coup de chance inespéré quand, malheureusement, un affreux s'aperçoit qu'il y a encore du monde à éviscérer.

  • René...je crois que tu peux faire ta prière, marmonne le vieillard entre ses dents.
  • Ouais, je pense qu'il est temps.
  • N'empêche, si je pouvais trouver une simple pierre pour le rendre un peu pensif, le glandu qui arrive, ça me soulagerait les regrets !
  • Jette-lui une poignée de sable dans les yeux, au moins tu pourras dire à ton créateur que tu auras fait avec les moyens du bord ?

Le méchant en question arrive à l'entrée de la geôle. Il a une sale trogne, la peau brûlée par le soleil, une joue striée d'une grande cicatrice, le tout sous une tignasse noire comme du pétrole. Il considère les malheureux entassés dans la prison pourrie, l'air méfiant.

Puis, il remarque René et Raymond qui n'en mènent pas large, tout au fond de la batisse.
Alors, un large sourire lui déforme la face.
Puis, sans les quitter du regard, il siffle à plusieurs reprises pour avertir ses chefs.

A suivre...

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