Lieu commun n°20 : L'argent ne fait pas le bonheur mais il y contribue.

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C'est la banque. C'est la cour des comptes, le gardien de ton larfeuille, le petit copain libidineux de ta carte de retrait et de ton carnet de chèques. C'est la paire de sentinelles qui veille sur ta fortune, tes avoirs et tes comptes suisses. C'est l'ardoise à gommer et les crédits sur trente ans, les rêves à financer et les pourliches à réduire. C'est le cœur à gauche et le bon sens à droite, la balle au centre et le cul entre deux chaises musicales.


C'est l'impératif du ventre, du sucre et de la mangeaille, la faim qui chante et la soif qui hurle. C'est le luxe d'un lit et d'une couvrante épaisse, un sachet de thé pour huit tasses et un café que l'on allonge jusqu'à boire de l'eau noire. C'est la cigarette éteinte et rallumée, le tabac récupéré dans les cendriers des nantis, l'assiette volée dans une poubelle, les pages des quotidiens étalées à même la peau pour pallier l'absence de pull et de cache-nez. C'est le chapeau de papier et la maison en carton, le recyclage hypocrite de tout ce qui se jette et un ascétisme sous contrôle comme prix de consolation.


Résignation, lâcheté, soumission et mort subite.


La poussière te colle au corps. La vase te guette et le désert flatte tes plus bas instincts. Tu rêvais d'une tanière aux dorures hollywoodiennes. Tu y aurais planté des fleurs exotiques et des arbres de dessin animé, agrémenté ton jardin de statues de buis taillées par de plus doués que toi, et ton garage aurait abrité des carrosses rutilants, repérés par tes soins dans les pages des magazines, dans tes séries favorites, dans tes jouets d'enfant.


Tu vis l'illusion d'un autre.


Tu aurais souhaité vivre le rêve du prince et de la princesse, dans leur château de pain d'épice aux parois qui croustillent, au toit qui fond dans la bouche, piscine de champagne et gazon en pâte d'amande. Tu te voyais courir à perdre haleine dans de vastes chambres au plafond haut comme un colosse antique, avec des fresques importées de Neverland, de Xanadu et des Montagnes hallucinées. Tu imaginais l'opulence comme un havre de paix, le refuge nécessaire, l'adhésion au réel.


Tu l'obtiendras peut-être mais les chances sont contre toi. Et je ne te souhaite rien d'aussi triste.


Je ne te souhaite rien.

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