7- Et si on parlait d'émotions ?

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Candyce fait défiler son power point.

—Avant la pause vous avez fait savoir l’ambiance dans laquelle vous vous trouviez par rapport au message auquel vous étiez lié. On va un peu creuser le sujet des émotions. Elles ont un impact sur nos choix, sur notre vie en fait. Mais souvent on ne les comprend pas. On les confond aussi avec les sentiments.

—Pardon, mais c’est quoi la déférence entre les deux ? demande Irène recroquevillée.

Pourquoi a-t-elle une position de victime ? Pourquoi est-elle comme elle est ? Je ressens de la crainte en elle, ne parviens pas à déterminer ce qui la construit. Enfin, ça fait à peine une journée que je la connais.

Connaitre ?

Voilà un mot un peu fort. Que sais-je d’elle ?

Candyce agite le doigt.

—Ça c’est une bonne question. Parce qu’il y a une différence. Les sentiments font vivre d’innombrable émotions, à contrario, les émotions génèrent les sentiments. Je donne un exemple tout bête. Vous avez peur le noir. La peur est une émotion. Elle va engendrer un sentiment qui sera l’insécurité. En premier lieu, on va voir qu’elles sont les émotions et les besoins qui s’y rattachent. Combien y’en a-t-il selon vous ?

Elle scrute l’assemblée, s’arrête sur moi. Le fait est que je la regarde lui donne le droit de m’interroger. Je réfléchie un instant.

—Beaucoup.

—Un chiffre ?

—Dix ?

—Non… c’est moins. On pense toujours qu’il y a plus qu’il n’y a, pour la simple raison que l’on confond souvent émotions et sentiments. On se rassure. On l’a tous pensé, moi la première.

Eronne lève le doigt.

—Il y en a six : la peur, la joie, la colère, la tristesse, le dégoût et la surprise

—Oh ! exactement. Il n’y en a pas plus. Merci Eronne. J’ai l’impression que tu connais le sujet.

—Un peu, j’ai déjà pu faire des ateliers de ce genre, mais je suis là aussi pour apprendre. Je n’en dirais pas trop, dit-il sur un ton détaché.

—Ok, pas de soucis, on est là pour partager et s’apprendre. Bon, je reviens aux émotions face à leur besoin. Pourquoi, on est triste ? Pourquoi, on est joyeux ? Il faut savoir que les besoins liés aux émotions avant d’être pensé. On n’est pas conscient qu’ils sont là qu’on ils sortent. Parfois, ils nous surprennent. Ce dont on va parler peut vous être utile face à vous-même et face aux émotions des autres.

Elle appuie sur la télécommande, une nouvelle image s’affiche sur le tableau.

Je commence à décrocher un peu. La fatigue.

J’écoute, ne regarde plus. En fait, mon regard se dirige encore sur Eronne. Ça me saoul un peu. Il semble attentif et pourtant loin de tout. À quoi pense-t-il ? Pourquoi je m’en préoccupe ? Qui est cet homme pour moi ? Un simple inconnu rencontré ce matin. Et qu’est-ce qu’un inconnu pour moi ? Un être créé dans le mystère. Je suis curieux. Juste curieux.

Je m’en convaincs tant bien que mal, jusqu’à entendre la voix de Candyce me rappeler à elle.

­—Léandre, peux-tu nous donner un exemple, une situation que tu auras vécue. Une émotion, des sentiments, et nous dire ce que tu attendais.

Je délasse mon regard du blond qui se tourne vers moi mécaniquement, et je cherche.

—C’était l’année dernière, j’ai reçu un refus pour un texte qui me tenait à cœur. Il n’y avait pas d’explication. J’ai senti de la tristesse, puis de la colère. J’étais déçu, j’avais envie de tout cassé, je ne comprenais pas.

—Qu’est-ce que tu aurais voulu à ce moment-là ?

—Des réponses, du réconfort. J’aurais voulu qu’on me dise ce qu’il n’allait pas.

—Ok. C’est bien. La tristesse et la colère sont les émotions. Le reste sont des sentiments. Ce qui est bien chez toi, c’est que tu es conscient de ce que tu veux.

—Ouais. Ou pas. C’est frustrant parfois. Parce que ça ne vient pas tout seul.

Candyce agite la tête de compréhension. Elle repart dans son bla-bla, j’ai à nouveau quitté la salle. Mon esprit vagabonde dans un ailleurs. Eronne pose une situation, Gontran y répond. Leur bouche se mue sans que leur mot me parvienne. J’ai envie de rentrer. Ça ne m’intéresse plus. Il n’y a pas assez d’exercice pour s’exprimer.

La fin de journée se termine. Il est 18 heures pétantes. Candyce rappelle qu’il faudra prendre un peu de temps pour le travail commun. Je vois Gisèle, Eronne et Gontran discutaient de façon animée, sans chercher à savoir de quoi ils parlent. Sheila et Irène s’éclipsent. Corentin les talonne. Je suis le suivant à tirer la porte laissant les trois derniers derrières. Eronne me suit du regard. Son masque retiré, je peux admirer son visage où une fine barbe mange sa mâchoire carrée. On dirait qu’il veut me retenir rien que par la pensée. J’ai envie de lui donner cette chance, mais suis trop fatiguer. J’veux juste rentrer et retrouver Léontine et Larson.

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