14- Premier commentaire
Dans ce chapitre, les noms sont ceux que l'on eut trouver sur messenger, facebook ou scribay...
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La soirée va être longue.
Après une douche bouillante, je retouche mon cv au mieux et cherche une annonce sur le site de pôle emploi. J’envoie le tout à Candyce qui me répond. Elle ne dort pas encore à 00h23. Chapeau, elle aussi bosse dure. Ça me fait un peu plaisir de savoir qu’une personne s’investisse de cette façon pour m’aider. Bon, je ne suis pas le seul, mais c’est chouette. Ça réconforte.
Rapidement, j’écris un brouillon de la lettre de présentation. En vrai, je copie sur un modèle, trop fatiguer pour réfléchir.
Quinze minutes plus tard, je retranscris sur mon texte en cours le dialogue écrit ce matin dans le bus. Je me relis, me prends dans l’histoire et continue jusqu’à une heure du matin.
J’arrête, tout, retire ma clé USB, la range dans le tiroir, quand je me souviens que je ne suis pas passé sur mon profit de scribay.
Je regarde si j’ai des annotations, reste un poil choqué du nombre que je lis. Deux-cents annotations en vingt-quatre heure. Il s’est passé quoi ? C’est rarissime. Combien de lecteurs se sont intéressés à mes textes ? Pourquoi si soudainement ?
Je suis un mélange de joie et d’appréhension en me tortillant sur ma chaise.
Il se trouve que les lecteurs ne sont qu’une personne et qu’elle a lu sept chapitres de mon récit en court de réécriture.
Eronne.
La vache ! Il est dû genre rapide. Je n’aurais pas pensé qu’il vienne vraiment lire. Genre, je le pensais juste courtois.
Le premier commentaire est encourageant.
Ronnie
Le moins qu'on puisse dire c'est que c'est très bien écrit et vivant. Je ne sais pas pourquoi j'ai l'impression d'être déjà passé sur cette histoire et de ne l'avoir pas lue. Je ne sais pas si c'est le cas ni d'où me vient cette impression étrange. En tout cas, ton personnage m’inspire. Peux-tu me dire si le paragraphe en italique au début et ce que pense le personnage alors qu’il a déjà vécu les actions et tout ce qui va suivre dans les prochains chapitres ?
Je lui réponds :
L. Méandre
T’es un rapide. Tu aurais pu lire un chapitre, ç’aurait été tout aussi sympas de ta part. Et oui, le paragraphe en début est bien ce que pense le personnage après que l’histoire ce soit déroulée.
Je passe à la suite. À cette heure, Eronne doit dormir, je n’attends pas un nouveau message avant le matin.
Ronnie
Tant de cruauté, et si bien décrite. Je ne te pensais pas si sombre. Je me demande si je ne vois pas autre chose derrière ton personnage. Est-il le seul à vouloir tuer ?
L. Méandre
Se trouvera dans un récit la marque de l’auteur. Qui ne met pas un peu de lui dans ses textes ? Oui, j’ai déjà voulu tuer mille personnes, peut-être plus, c’est pour ça que je créais des gars comme Donkan. Il peut exécuter tout ce qu’il veut. Je peux être le cruel, le bourreau et à la fois, la créature, la victime. Merci pour ton message. Je continue du coup… Encore cinq chapitres… impatient de lire tes commentaires.
La gourde portée à mes lèvres, je m’abreuve d’une infusion de camomille. C’est supposé m’aider à dormir. Pourtant il est bientôt deux heures du mat et j’ai encore les yeux écarquillés. Mais ça, c’est l’excitation d’avoir un lecteur, et qui commente, et qui annote.
Ronnie
J'ai bien aimé ce chapitre ambiance au coin du feu qui nous pose le cadre à travers les yeux des deux personnages. La jeune fille me plait. Elle a un quelque de touchant et d’innocent, pourtant, elle a une grande maturité malgré son visage juvénile. Puis-je croire que le chausseur de dame va s’attaquer à elle ? J’en ai pas envie.
L.Méandre
Créer une ambiance n’est pas particulièrement difficile. Enfin, me concernant. Moi, j’ai un problème avec l’action. Dans mes textes et dans ma vie. Un récit est souvent révélateur de celui qui l’écrit. Pour le reste, je te laisse continué, même si c’est déjà fait.
Je fais défiler quelques annotations, il me suggère de nouvelle tournure de phrase qui claque. Je me sens écouté, enfin… lu. Mais comme c’est un peu pareil, je ne chipote pas.
Ronnie
On retrouve la jeune fille dans ce chapitre qui lui est dédié. Elle me paraît vraiment sympathique, pleine de questions et vive d’esprit dans un certain sens. Elle a des rêves utopiques, mais elle sait qu’ils ne sont pas réalisables. J’aime la fin quand elle rencontre le chausseur de dame. Il est impressionnant et pleins d’ambiguïtés. C’est tout à fait un personnage auquel je pourrai m’attacher pour les mauvaises raisons. L’aimer et le haïr à la fois. Je me demande même si je ne devrais pas avoir pitié de lui ? »
L. Méandre
Donkan est une personne ambiguë. Il est perdu et terrible. Je l’aime plus que n’importe lequel de mes personnages, et y’en a pas mal ( pas dans l’œuvre, mais dans toutes celles que j’ai pu créer. Il m’a impacté. Il m’a ouvert à quelque chose d’étrangement rassurant…
Oui. Il m’a fait comprendre que j’avais une page à tourner avec une vie antérieure encore accrochée à mon présent. Si le chausseur de dame est édité un jour, alors je saurai que la porte du temps se fermera et que le pont, vers des jours heureux sera enfin construit et solide.
Ronnie
Alors, ce chapitre me plait vraiment beaucoup. On voit les fêlures du chausseur de dame. J’ai eu limite envie de lui tendre mes bras. Ah ! Ce genre de personnage est dangereux. On veut les aimer alors qu’on ne devrait pas. La frustration. »
L.Méandre
Je sais. J’ai le même problème que toi avec lui. Je l’aime déraisonnablement. En fait, j’adore les personnages comme le chausseur de dame. Je suis fasciné par Hannibal Lecteur, par Lestate, par Dracula, Créature… et j’en passe. Ils ont tous des fêlures qui les rendent humains. Je suis peut-être trop empathique.
Au fond, les personnages qui montrent plus que la surface me fascine. Tel un stalker, j’aime m’introduire dans leur tête, observer chaque bribe de leur vie. Je suis une fouine attendrie par sociopathe, psychopathe et créature de l’Enfer. Prenons les livre bibliques, mon personnage préféré reste Lucifer.
Ils ont du relief.
C’est dans ces moments-là, où je me demande si je ne suis pas moi-même une créature. Je tue pas mal de gens derrière mon écran. Je fais souffrir, parfois de la pire des manières. Est-ce un plaisir humain de créer de la souffrance ou est-ce dû à une maladie particulière ? Je crois que c’est un mélange de plein de chose. En soi, je m’en cogne le coquillard.
Je passe sur deux autres histoires qu’un autre lecteur à lu. Un Girl’s Love, une sorte de Yuri avec des images écrites. Pour le dire d’une façon plus simple, j’écris des FF. Bélynda trouve ça bizarre. Elle dit que je suis un pervers. Je réponds en général : « parce que c’est de la perversion le fait que deux femmes s’aiment ? ». Ses réactions me donnent envie de lui arracher la langue, tellement elles sont inappropriées. Ce n’est pas comme si j’écrivais des livres érotiques. Et même si c’était le cas, ce n’est pas sale pour autant. L’amour entre deux femmes est plutôt beau. Enfin, c’est comme tout. Les couples restent tous pareil. Ils s’engueulent, se réconcilient, font des trucs qu’eux seuls comprennent…
Julo78 semble avoir kiffer le dernier chapitre mis en ligne. Ça me va. Je peux aller pioncer en paix.
J’éteins tout, me glisse sous la couette en prenant une position peu commune pour passer mes jambes entres Léontine et Larson. Ils ne bougent pas d’un poil. Je pose ma tête sur la moitié d’oreiller. Larson colle son museau sur ma bouche. Ses paupières papillonnent. Il a dû sentir mon odeur. Il ne bouge pas pour autant.
Mon lit une place me parait de plus en plus étroit, pourtant il me convient mille fois plus que par le passé. La chaleur qu’absorbe la couverture est rempli d’amour… Mes deux squatter font mon bonheur.
Mes matins sont moins mornes lorsque Léontine se hisse jusque dans mes bras et commence à me laver le visage. Je me lève en riant. Il y’a rien de plus vrai que des enfants-chiens qui vous aiment avec une telle démesure que la vie semble plus belle.
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