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Ronnie

J’ai à peine les mots pour dire combien le chausseur de dame me tire vers ses ténèbres. Dans ce chapitre, j’en apprends plus sur son pouvoir démoniaque. Tu n'en as pas fait un personnage détestable malgré ses pulsions meurtrières, et c'est très bien. En conséquence, il est facile de ressentir de l'empathie pour lui. Je ne sais pas l’expliquer, il est vraisemblablement touchant et haïssable. Tu me donne envie d’entrer encore et encore dans sa tête.

Eronne doit être la seule personne à l’heure qu’il est, pouvant me donner l’envie de sourire. Il installe dans mon cœur d’auteur un véritable plaisir, une sensation de dépassement. Peut-être ne suis-je pas aussi perdu que la situation veut bien me le faire croire.

L.Méandre

Je veux bien te donner le scalpel pour éplucher son cerveau. Moi, ça ne me dérange pas. Et si tu veux partir d’une ou deux suggestions, je prends avec plaisir. J’ai envie que le chausseur existe, qu’il soit plausible dans l’esprit du lecteur. Si tu savais combien, j’ai le désire profond de marquer les âmes avec ce personnage. C’en devient parfois irrationnel. Pourquoi, je veux tant qu’il sorte des pages ?

J’envoie le message, passe vite sur ma playlist, décide d’écouter Indochine, change d’avis en un mouvement de seconde et clique sur Advice de Lee Taemin. Je suis fan de sa voix. Il y a quelque chose de tendre ; une souffrance à peine dévoilée. On dirait qu’il nous susurre la vie en chanson. Bélynda trouve bizarre que je sois fan d’un chanteur et plus encore d’un groupe de garçons : Shinee. Selon elle, je devrais préférer des groupes de filles. Au début de notre relation, elle m’a bien fait douter de ce penchant, mais j’ai fini par l’ignorer. J’écoute de la musique, je ne la regarde pas. Et si je la regarde, c’est par simple envie d’inspiration. Les clips vidéo sont bourrés d’images qui appellent le brodeur d’histoires en moi.

Je ferme les yeux un instant. Ariel dénoue ses bras et disparait. Iel reviendra quand je retomberai dans le gouffre de mes terreurs.

Taemin termine de chanter. J’ouvre les yeux. Un nouveau Song débute. Je ne connais pas le groupe. Des nouveaux ? J’ai un peu perdu le compte depuis un moment. Stray Kids. J’connais pas, mais la musique actionne quelque chose. Du rap ? J’ai envie de bouger, de sauter à pied joins, mais je reste sur ma chaise et matte le clip, observe les images défiler. Je look le titre : God’s menu. Y’a du groove, des tenues canons. Un passage dans une cuisine, puis rediriger vers une course de bagnoles. Le rythme s’adoucit, puis revient en force. Du coup, j’arrête la vidéo, fixe l’image. Je regarde l’un des chanteurs. Il est fin, avec une bouille de gamin, pourtant il vient de me choquer. Je remets la vidéo en route, écoute son passage, puis le remet en boucle. Sa voix ! Si basse, si sombre, si épatante. Elle ne va tout simplement pas avec son aspect, malgré tout, elle est là. Elle accapare mon esprit, la dilue dans une fine incompréhension et me bascule sur un fil envoûtant.

Incrédule, je viens cliquer sur plus de vidéos, les écoutes, les unes après les autres, et reste estomaqué face au gars à la voix de basse profonde. Une dinguerie qui me rappelle que l’apparence ne fait pas une personne.

Intrigué et pour le moins curieux, je fais une vite recherche sur le groupe et sur le chanteur. Lee Félix. Je souris, pense à la publicité avec le chat, puis reviens sur les commentaires.

Le Song des Stray Kids vient composer avec le mouvement de mon doigt sur le clavier.

Sur scribay, je remarque que j’ai un message en attente. Je clique dessus, c’est Eronne.

Ronnie

Salut, j’ai vu qu’on pouvait échanger comme ça aussi. Je viens de lire ton commentaire et j’avais envie de te répondre. Je ne trouve pas ça irrationnel de vouloir voire sortir des pages son personnage. Ça prouve que tu y tiens et que tu en veux plus pour lui. Bien que je t’avoue, le chausseur de dame en ville, ce n’est pas trop le kiff. On ne va pas se mentir, on risque d’être mal barré s’il sort des pages.

L.Méandre

C’est vrai, qu’on serait mal barré. Un sorcier dans un monde de non-sorcier. Il pourrait devenir le roi du monde. En plus il peut entrer dans notre tête et faire ce qu’il veut avec nos rêves. Il manipule à la perfection. En tout cas, j’te remercie d’être revenu lire. J’ai pas encore lu tous tes commentaires

Ronnie

Tu as le temps de les lire. Je ne vais pas te cacher que je commence avec un sacré coup de cœur pour le personnage de Léon, le petit ami de la prochaine victime. Il m’inspire de la sympathie et je trouve horrible qu’il s’attache à une femme qui le brutalise et l’humilie comme ça. Mais je comprends aussi qu’Emma a un problème avec elle-même et que c’est plus compliqué qu’une simple hystérie. En fait, tes persos ont tous un problème, aucun d’eux n’est lisse, pas même la jeune fille dont le chausseur se prend d’affection. Tu les tortures, t’es carrément cruel avec eux.

L. Méandre

Dans ce récit, je suis la vie, et la vie n’est pas qu’un long fleuve tranquille, elle démolie plus souvent qu’elle embellie. J’aime avoir ce pouvoir, j’ai l’impression d’être un dieu. Il m’arrive de penser que je serai dans la capacité de changer ma vie en l’écrivant. Devenir l’auteur de ma vie et écrire l’avenir. »

Ronnie

Serait-ce raisonnable d’écrire sa vie ? On saurait tout avant de l’avoir vécu ? Je ne suis pas sûr que j’apprécierais le concept.

L.Méandre

Dans un livre, on ne raconte pas tout, on part de l’essentiel et on prend une direction. Ici se serait la même chose. Je noterais simplement ce que j’attends pour la suite, sans pour autant expliquer à la lettre tout le cheminement. Il n’y aura que des dates avec des accomplissements, des discussions entre amis sans la première rencontre. Il y aura un baiser avec l’amour de ma vie, sans les prémices de la relation. ».

Ronnie

Des genres de scénettes ? Un peu comme des idées jetées sur le papier. »

L.Méandre

Exactement ! Pas besoin d’écrire un roman sur notre propre vie, juste prendre un sujet qui nous tient à l’âme et le mettre en pratique sur une période de notre existence. Comme ça, on restera encore surpris par les petits trucs en plus tout en sachant qu’on arrivera à se qu’on veut. C’est un peu différent que de tout planifier à la minute près. J’aimerai avoir ce pouvoir.

Ronnie

Ça serait cool. Et qu’est-ce que tu marquerais dans un premier temps ?

L.Méandre

En tout premier… être indépendant financièrement.

Ronnie

Romance-le-moi, voyons. Je veux bien devenir le premier lecteur de ton histoire. Et assister à ton éveille de magicien-auteur.

L.Méandre

Toi aussi, t’es du genre poète dans l’âme. Ok.

Le mois de février était déjà bien entamé, quand j’épinglai une nouvelle annonce sur le tableau en liège de l’épicerie du quartier. Ma mère me regardait du coin de l’œil. Je voyais dans l’éclat de son regard couleur malachite, combien elle espérait que je trouve un emploi.

Dans ma chambre, je fixai mon calendrier et le mois de mars qui approchait. J’écrivais toujours, sans relâche, avec la sensation qu’on m’enverrait bientôt un contrat d’édition à signer, et que dans la foulé, je trouverai un job. Je songeai à la saison chaude et me disais qu’il y avait une possibilité pour que toute ma vie change bénéfiquement. Plus de problème d’argent, plus de soumission, simplement la récolte de la chance et une communauté de lecteur grandissant.

Je passai les pages du calendrier et m’arrêtai sur le mois d’octobre. Ce mois sera le plus grandiose. La sortie du Chausseur de Dame et un succès fulgurant, inattendu.

Je passe à novembre, et je me vois tendre mon visa et un billet pour l’Angleterre. Je me suis nettement amélioré depuis le début de l’année, et comme je suis sécurisé financièrement, j’ai décidé de faire un petit stage linguistique.

Je repartirai là-bas en janvier et jusqu’en février 2023.

Cette année, les cadeaux de Noël seront beaux. Mon cadeau sera les amis que je me serais fait tout au long de l’année, mes romans édités, mes lecteurs, et ma prise de conscience.

Ronnie

Wahou ! T’es plutôt bon. Cette année risque d’être chargé. Quelle est ta prise de conscience ?

L.Méandre

Je ne suis pas encore sûr. Je te le dirais quand j’y serai. Et toi, tu veux essayer. J’ai envie de savoir ce que tu aimerais prévoir. Joue aussi.

Ronnie

Pourquoi pas ! Après tout, ça pourrait au moins mettre à plat ce que j’attends de la vie.

En face de la bibliothèque de Maddy, son projet de maison d’édition me revient à l’esprit. Et si je me lançais avec elle. À deux, se sera plus simple. Elle a fait les études pour et sa femme aussi. Ça prendra peut-être du temps, mais on pourrait y arriver avec la force de nos rêves de collégiens.

Décembre sonne, j’ai trouvé un emploi dans un magasin de BD, et demain la maison d’édition ouvre ses portes. Ce matin, j’ai mis la première annonce pour la soumission de manuscrit.

J’ai fait un crochet sur scribay et aies fait passer le message à Léandre. Il nous a envoyé son dernier manuscrit, celui que j’ai déjà lu. Sa plume me plait, plaira-t-elle à Maddy ?

Mars, le premier roman des éditions Maderon est lancé.

L .Méandre

Est-ce que c’est l’un des miens ?

Ronnie

Non, ton roman sortira en juillet 2023. Un FF plein de tendresse et un sujet dur que tu arriveras à distiller dans l’œuvre.

L.Méandre

Oh ! t’as lu « le gouffre aux papillons », toi. Je les mis sur pause. Je ne sais pas si j’arriverai à le terminer. Mais pour 2023, ça pourrait se faire. Je prends note.

On continue à délirer sur la vie qui nous conviendrait le mieux, et quand, je décide de partir me coucher, je me dis que ça pourrait être une vérité. Rien ne semble si opposer. Si c’est fait, pas après pas, et dans la bonne humeur, pourquoi ça ne fonctionnerait pas ? J’y crois. Au fond de moi, je sais que je suis né pour être écrivain. Je me vois bien aider les gens grâce à mes bouquins en fait, et pourquoi pas devenir mon propre patron.

Je me projette encore une fois dans un avenir brodé pour me plaire. Je tiens dans mes mains un ouvrage à la couverture soignés, il y a du jaspage sur les pages ; un roman Deluxe, une édition limitée avec mon nom inscrit dessus. Je me tourne vers un miroir, j’ai les cheveux et la barbe blancs, une bague à mon annulaire. Un homme se penche sur moi. Il parle anglais. Je ne vois pas son visage, mais je sais qu’il vient de m’appeler « darling ».

Je ferme les yeux en secouant la tête. Ça va mieux moi. Pourquoi je voudrais qu’un type m’appelle chérie ?

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