20- Projet de groupe
Je commence à peindre et à articuler la boîte afin qu’elle prenne le cachet d’une malle à souvenir. J’y colle un fermoir, une sorte de plaque en fer et une lanière que j’ai récupéré sur un vieux sac de ma mère. En laissant la boîte sur le côté pour qu’elle sèche, je recule afin de voir le rendu quand je rentre dans quelqu’un.
Deux mains se posent sur ma taille. Une voix s’annonce.
— Tu n’es pas du genre à chômer quand on te donne un travail à faire. C’est super beau. Plus particulièrement l’effet vieille malle usé et la lanière qui donne un plus.
— J’aime travailler avec mes doigts, donc c’est plus un amusement qu’une corvée.
— Oui, tu aimes faire beaucoup de chose avec tes doigts. Ça, j’avais saisi.
Eronne part d’un rire mat, puis me relâche afin d’examiner l’intérieur de la « malle » en carton.
— Ah, ouais ! Tu as fait le compartiment et tout, et tout.
— Pas seulement. J’ai peint les couvertures aussi.
— Et t’as même fait des angles. Putain, tu as fait ça en combien de temps ?
— Je dirais en un peu moins de quinze minutes. Peindre, coller, ça ne prend pas vingt ans, surtout quand on sait ce qu’on fait.
— Et sinon, tes chevilles vont bien ?
— Elles n’ont pas gonflées, si ça peut te rassurer.
— Ok. Il y’a quoi d’autre à faire ?
— Bah, en attendant que ça sèche, rien en particulier, enfin, si tu veux rajouter des trucs, genre coller des rubans ou des pignes de pins, y’a ce qu’il faut dans les sacs. Après, il faudra deux personnes pour écrire sur les feuilles et venir gratter les détails. Mais en soi, on a encore demain. On a bien rattrapé notre temps.
— Tu as bien rattraper notre temps.
— Ça va, hier, on était plusieurs sur le projet.
La porte s’ouvre sur Gontran et ses éclats de voix. Si tu somnoles un peu le matin, mets un Gontran à côté de toi et t’es certain d’émerger en totalité. Je n’pourrais jamais bossé avec un gars comme lui, toujours à faire du bruit. Enfin, de toute façon, je n’aime pas travailler en équipe. Je préfère être seul et concentré.
Il passe à côté de nous. Sa main ventile. Sa bouche forme un immense sourire qu’il ne semble jamais quitter son visage. C’est à se demander s’il sait faire la gueule ?
En jetant un œil au projet commun, il est tout en émotion.
— Oh, là, là, mais c’est magnifique. C’est une petite merveille. Mais, vous avez fait un super travaille tous les deux. Bravo. Bravo.
Il se met à applaudir si bruyamment, que le gars dans son bureau, nous regarde presque de travers.
— Merci, Gontran, mais baisse le son, un peu. Ils bossent, pas sûr qu’ils apprécient.
Eronne semble savoir comment prendre Gontran. Il le calme direct avec bienveillance. Pas sûr que j’aurais pu avoir la patience d’en faire de même.
On va tous les trois, d’un même pas dans la salle de classe où nous attends Candyce, se matin, elle est arrivée quelque seconde après que Gérard, son collègue, m’ait ouvert.
Le défilé commence. Gisèle a encore les bras chargé, Clarice lui donne une enveloppe avec des perles à l’intérieurs pour participer à l’œuvre commune. Sheila et Irène donnent leurs paragraphes, et tout le monde reprend sa place et son calme.
— Bon, aujourd’hui et demain, on va se concentrer sur les entretiens et ce qu’un recruteur attend de vous. Avant qu’on commence, je vais vous faire passer une feuille et vous allez noter, les questions qui vous dérange le plus lors d’un entretien, ok ?
On remut tous la tête d’un commun accord et nous plongeons tour à tour dans le feuillet que Candyce nous distribue.
J’en coche deux. Puis en note un troisième, avant que les dix minutes passent et que l’animatrice me pointe du doigt.
— Léandre, tu as dit vouloir passer en premier hier. Toujours partant ?
— Pourquoi, je ne le serai plus ?
— Je ne sais pas. Le stress.
— Stress ou pas stress, je préfère passer en premier comme ça s’est fait.
— Ah, oui, t’es comme ça toi. Tu te jettes dans le bain, plus vite arrivé, plus vite finit. Je comprends. Ok. On va te laisser cinq minutes pour te préparer et nous, on va aller dans une autre salle. Tu me donnes tes questions.
Je les lui tends et observe chacun quitter la pièce. Pas un pas deux. Je retire mon sweat-shirt et laisse à découvert ma chemise à carreaux vert.
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