23- Week-end

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Un bon film d’action comme je les aime. Pas d’histoire d’amour qui vient ralentir le rythme, pas de cul, pas de niaiserie. Je suis dans mon élément, accueille les bastonnades avec mon rire de saumon pas cuit.

— C’était bien, mais sans plus. J’en ai marre des films qui se ressemblent.

Bélynda glisse sa main dans la mienne. Elle est presque aussi grande que la mienne.

— C’est sûr qui y’a mieux. Mais ça passe. Y’a pire aussi.

— C’est avec ce genre de discours, qu’on finit par faire de la merde ou du sur-vue. Ras-le-bol de payer un abonnement pour qu’on se matte la même chose d’une semaine à l’autre.

— Pourquoi tu râles ? ça va servir à quoi ?

— À me détendre !

Je soupire. Bélynda et ses concepts bizarres.

— On mange chez moi, ce soir ?

— Ça dépend. Tu comptes me faire chier ou pas ? Genre, on va juste manger, ou tu vas me demander un broutage de minou ? Non, parce que je ne suis toujours pas opérationnel.

Je préfère annoncer la couleur avant qu’elle me casse les bourgeons avec son besoin de faire l’amour.

— Promis, juste pour manger.

C’est ce qu’elle dit, et je finis souvent entre ses jambes à lui donner du plaisir en me disant que ce n’est qu’un mauvais moment à passer. Peut-être que le jour où je n’aurais plus à me soucier de ma sécurité financière, je saurais ressentir ce qu’elle ressent pour moi. Peut-être aurais-je moi aussi se besoin de chair et de pénétration.

*

Comme prévu avant de dîner, madame Bélynda me demande ce pourquoi je ne suis pas apte. Elle me fait du rentre dedans, boude, râle. Si je veux retrouver un semblant de tranquillité, je sais qu’il faudra passer par le lit.

Après un énième : « Mais tu ne veux jamais, pense un peu à moi ! », je cède avec l’impression que je serai toujours prisonnier de cette situation. J’essaie de me dire que je le fais pour une bonne cause, mais je ne peux pas m’empêcher de me sentir mal au fond de moi. Vais-je toujours donner ce que je veux garder ?

Elle commence à se dandiner. Dans son ses yeux, je vois qu’elle est déçue que je doive encore me forcer.

Je la jette sur le lit comme un sac à patate. Pas une. Pas deux, je retire sa culotte, soupir et débute le travail.

Espérons que ce ne soit pas trop long !

Après avoir terminé, je me redresse, file dans la salle de bain, ouvre le robinet et lave ma bouche. Mon double a une mine de chien battu, je lui lance un demi sourire qui ne se reflète pas dans mon regard.

Dans l’encadrement de la porte, Bélynda.

— Et si je te faisais une petite fellation ?

Mon visage se crispe alors que je la fixe. A son expression, je sais que j’en ai trop dévoiler.

— Contente-toi de jouir quand je suis là-dessous. Moi, je sais utiliser ma main, je n’ai pas besoin de ta bouche.

Je lui ébouriffe les cheveux pour atténuer ma réaction et pars dans le salon où les nouilles gonflent. Je fais abstraction de mon malaise. Le mal est passé, je vais pouvoir dévorer mon repas. Quand l’émission à la télévision sera terminée, je rentrerai chez moi et je pourrais faire ce qu’il me plait : écrire. J’oublierai ce moment dans la chambre, jusqu’à ce que Bélynda revienne à la charge et que je tente de me défiler par tous les moyens, jusqu’à l’instant où je ne pourrai plus dire non sans mettre notre couple en danger… J’ai même envie de dire, sans me mettre en danger. Bélynda reste ma sécurité pour l’avenir. Je suis capable de m’adapter à ses besoins plus qu’aux miens.

— Mais jusqu’à quand, Léandre ?

La voix d’Ariel souffle dans mon esprit.

— Je ne sais pas.

— Il faudra apprendre à marcher seul un de ses jours.

— Montre-moi le chemin, donne-moi les opportunités de partir.

— Ouvre-les yeux. Tu les as toutes en mains mais tu te butes à croire qu’en un simple claquement de doigts tout te tombera dans la bouche.

*

Aséria m’a laissé douze commentaires, en mode ronchonne.

Aséria. L

Trois ans que je te lis et c’est aujourd’hui que tu me fais un truc de ouf ! Y’a pas photo, ce texte-là, je l’aime d’amour. Pourquoi c’est que maintenant que tu le sors ? T’as dit que ça faisait quatre ans qu’il dormait dans le tiroir. T’en à d’autres des comme ça ? Non, parce que je suis une grande fan du Boy’s Love, enfin de la romance gay. Tu vois le genre. Enfin, tu le vois bien dans mes romans. Je crois que tu as percuté. Trois chapitres et je sens déjà que je vais faire ma grande folle. Tiens-toi prêt ! Ça va être pire que d’habitude, là tu viens de taper dans ma catégorie.


Aséria est une lectrice-autrice dont la trilogie m’a fait vibrer à tel point que je lui ai demandé d’écrire une nouvelle reprenant la vie de couple de deux personnages. Elle se tâte encore, mais je sens que si je la pousse, elle va accepter. Un jour, j’aimerais la rencontrer. Je sais qu’on pourrait devienir des potes-barges.Genre, t'inventer des mondes à chaque devant chaque façade.  

L. Méandre

J’avais testé le genre, sans être convaincu. Je gère mieux les FF, du coup, c’est le seul que j’ai écrit version MM.

Deux minutes après mon message, la sonnerie de Messenger retentit.


Aséria

Je vais te le dire avec tout le sérieux que j’ai : Fais dans le MM, tu déchires ! J’aime bien tes FF et tes grands malades du ciboulot, mais là, tu tiens un truc. J’ai vraiment ressenti une alchimie entre moi et le texte. Il y avait un truc qui se dégageait. Paul et Mike sont à des années lumières de comprendre l’autre et pourtant chaque situation les ramène à l’autre. Ils n’arrêtent pas de se croiser. Qu’ils finissent ensemble ou pas, n’a pas d’importance, c’est leur lien qui me tue.

Tu peux mettre un chapitre par jour, ça ne me gênera pas.


Je sens la désinvolture de la phrase de fin.


Léandre

Bah, dis donc ! ça t’a fait bonne impression. Je ne me doutais pas que tu aimerais à ce point. Je ne sais pas si je mettrai un chapitre par jour, mais je veux bien en mettre un tous les trois jours.

Aséria

Et tu comptes écrit un autre texte comme celui-là, un jour ?


Pas du tout incitante la fille. D’ailleurs, j’ai toujours pensé qu’elle était une femme, mais elle ne me l’a jamais clairement dit. Il n’y a aucune photo d’elle sur ses différents réseaux sociaux.


Léandre

Je ne sais pas. Je dis : pourquoi pas. Faut-il encore que j’aie l’inspiration. Celui-là est venu tout seul dans ma tête. J’me suis dit pourquoi pas et j’ai écrits. J’avoue mettre inspirer un peu de tes textes. Je voulais tester. Mais, je ne suis pas sûr que ça soit mon dada.

Aséria

Si ça te fait sortir des trucs aussi puissants et touchant d’être inspiré par mes textes, n’hésite pas à les lire et les relire. Ça me fera plus d’avis et je pourrais peut-être lire plus d’œuvre comme celle que tu nous as pondu. Si tu veux de l’aide, moi, je te prodiguerai des conseils sans soucis. Demain, je t’envoie une liste avec tous les homoromances que j’ai lu. Après, tu sais, c’est comme tes FF, il suffit juste que le couple soit composé de deux gars, et tu racontes leur story, fini et tout le monde est content. En l’occurrence ; moi. Puis ça peut t’ouvrir à un nouveau genre, de nouveaux sujets à aborder. Quand ma fille m’a fait lire ses premières histoires entre garçons, au début je me suis braqué, puis après j’ai apprécié et maintenant, je suis aussi gaga qu’elle.


Léandre

On verra. Je te tiendrais au courant de toute façon.


D’Aséria, je connais quelques bribes. Je sais qu’elle était hospitalisée l’été dernier, et que c’est pour cela qu’elle n’avait pas répondu à mes messages et à la lettre que je lui avais envoyés. Je l’avais envoyé à un magasin de Tartine vers Marseille, comme le premier roman que je lui avais envoyé. C’est une correspondance légère, sans intrusion, on discute, montre un peu qui nous sommes, sans pour autant nous dévoiler. Peut-être l’ai-je déjà croisé ? Peut-être que nos regards se sont figés dans celui de l’autre et que nous avons poursuivi notre route ?

Je crois qu’au fond, je me fiche bien de savoir qui elle est. J’ai juste besoin d’elle comme soutien. Une personne qui sait ce que j’endure et pourquoi écrire me fait me sentir bien. Je me marre bien avec elle et souvent, elle m’offre de bons conseils. Un jour, je ne doute pas qu’on se verra au détour d’un salon du livre et qu’on se mettra à discuter comme deux vieux potes.

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