J’entre dans la grande pièce de contrôles d’un pas rapide, décidé à en finir avec ce duel qui dure depuis plus de trois ans. Je sais ce que va être mon prochain coup, le dernier, celui qui le mettra à terre pour de bon.

Bel est déjà là, splendide dans sa noirceur, immense dans sa colère. Une colère qui flamboie dans ses yeux lorsqu’il les pose sur moi. Une colère qui me fait dire que je ne vais même pas avoir besoin de jouer ce dernier coup.

Ses longs cheveux noirs volent autour de sa tête, sa puissance est immense aujourd’hui, renforcée par sa défaite. Une vague de chaleur me percute de plein fouet, une onde brulante de pouvoir qui m’enveloppe entièrement.

Je souris ironiquement en absorbant ce pouvoir dont je me délecte avant de le lui renvoyer puissance dix. Le souffle glacé de ma riposte le percute en plein torse et le fait vaciller. Ses yeux s’éteignent alors qu’il baisse la tête.

— Ca va, tu as gagné, je rends les armes.

— Et que me vaut cette soudaine reddition mon cher frère ? Hier soir, tu semblais bien sûr de ta victoire.

Bel se lève de son siège et se dirige vers la sortie. Arrivé à la porte, il se retourne.

— Regarde, et constate. Je ne m’humilierai pas en te donnant en plus une explication de ta victoire.

Je le regarde sortir, le sourire aux lèvres. Bel doit déjà penser à notre prochain affrontement. Je me tourne vers les écrans de contrôle, des milliards d’écrans, qui ne cessent de se multiplier au fil du temps. Deux, parfois plus, se mélangent, quand les êtres qui sont de l’autre côté se croisent, se rencontrent, se mêlent les uns aux autres. Quand l’un de ces écrans disparait, une multitude d’autres naissent. Ils ne font en fait que se multiplier depuis des millénaires. Je repère en un coup d’œil celui qui m’intéresse, l’amène d’une pensée devant mes yeux.

Elle est là, allongée nue dans sa chambre. Son front luit de sueur, elle sourit. Sa tête est posée sur le torse de son compagnon endormi, nu et luisant de sueur lui aussi.

En un instant, je repère la source de ma victoire. Une bague, toute nouvelle, une bague de fiançailles.

Je tourne la tête vers la gauche pour voir Cup se tordre de rire, hilare du tour qu’il a joué à Bel. C’est donc lui qui a porté le dernier coup, un coup de maitre.

Je me retourne vers l’écran et souris tendrement devant ce corps alangui. Je lui envoie une pensée, son sourire s’élargit dans son sommeil, elle fera de beaux rêves cette nuit.

A ma droite, Mic se lève. Il passe à côté de moi en souriant, pose la main sur mon épaule.

- Bien joué mon frère, belle victoire.

Je fais moi aussi demi-tour et sors de la pièce pour reprendre d’autres activités, plus générales. Elle va me manquer, même si je sais que je reviendrai souvent la voir, pour veiller sur elle.