Chapitre 14.1 - La parade

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Poste de Police Sud,

Samedi 15 octobre 1843,

-S-

Le temps passait lentement en prison. Le silence sourd qui régnait était entrecoupé par moment de gouttes qui suintaient du plafond, de couinement de rat ou de bruit de bottes des différents geôliers.

Un médecin était venu au beau milieu de la nuit comme l'avait ordonné la chef de la garde républicaine. Le diagnostic ne fut pas aussi lourd que Simbad le présageait car rien ne semblait cassé. Cependant, mais si un léger déboitement avait été décelé, la clé de bras qui fut nécessaire afin de remettre le bras en place, fut atroce. Simbad maudit ces monstres mais également Ethna car le docteur lui affirma qu'une manipulation immédiate aurait été moins douloureux.

Pour couronner le tout, trois semaines de repos lui avait été prescrites, trois semaines sans se servir de ses bras. Heureusement que ses pouvoirs n'en avaient pas besoin. Mais heureusement surtout que certains onguents de l'Académie permettait de réduire ce temps de convalescence.

Après ça, ils furent laissés seuls dans le noir de leur cage, avec deux planches de bois, un seau et une légère ouverture qui montait jusque dans la cour du fortin ! Malgré la tranquillité que leur avait laissé la garde, Simbad eut beaucoup de mal à s'endormir.

Couché sur le banc de sa cellule, il voyait la silhouette de Mira, assise sur sa couche, la tête tournée vers la porte où la faible lueur d'une lanterne éclairait la pièce. Jusqu'au moment où le sommeil s'empara de lui, il regarda sa posture rigide, ses yeux faiblement éclairés d'une noirceur comme il ne l'avait jamais vu.

Puis doucement les traits de la jeune fille se troublèrent, caché par un voile noire qui obscurcissait petit à petit vision. Il eut à peine l'impression d'avoir fermé les yeux qu'un bruit violent provint de l'étage du dessus. Comme si quelqu'un avait jeté violemment un objet sur le sol.

Simbad ouvrit instantanément les yeux doucement découvrant la pièce baigné d'un léger rayon de soleil en provenance des fenêtres. De toutes évidences, il avait dormi bien plus que quelques minutes. En tournant la tête, il aperçut Mira assise sa tête posée contre le mur, ses yeux fatigués rivés sur lui. Quand elle s'aperçut qu'il la regardait, un léger sourire s'esquissa sur son visage.

Elle semblait fatiguée, comme si elle avait passé la nuit à veiller.

Simbad se releva à l'aide de sa main encore valide. Son autre bras était devenu sensible au moindre effleurement, un simple regard sur son épaule lui montra une couleur digne des plus belles tentures du palais sénatorial.

- Bonjour Mira ! Déclara doucement Simbad après avoir jeté un bref regard à la pièce.

- Salut... répondit-t-elle doucement.

- Comment vous portez vous ?

- Ça va... mais c'est à toi qu'il faudrait demander.

- Ca peut aller ! Vous savez, j'en ai vu d'autres, plaisanta-il avant de faire un mouvement un peu trop brusque.

Mira lâcha un petit rire discret devant le petit gémissement aigu du professeur, chose que Simbad remarqua aussitôt.

- Mais, il est possible de vous voir sourire, déclara ironiquement l'elfe.

- Ne t'y habitue pas trop, plaisanta-t-elle doucement, les yeux plissés de fatigue.

Le silence retomba. Simbad posa sa tête contre le mur puis contempla les grains de poussières qui planaient dans les halos de lumière.

- Merci... Lâcha Mira. Pour hier soir. Si tu n'étais pas intervenu...

- Grundal m'aurait tué s'il vous était arrivé quelque chose !

- Tss... Tu peux me tutoyer tu sais, je ne suis pas une « lady », ni une vieille dame.

Un autre bruit résonna, cette fois-ci à l'étage où ils se trouvaient. Simbad regarda la porte des cellules, il avait l'intime impression que cela se rapprochait.

- Comment en es tu venu à travailler avec lui d'ailleurs ? demanda-t-elle.

- Avec qui, Grundal ?

Mira acquiesça.

- Je connais l'Archimage personnellement, du coup le commanditaire à juger bon de me mettre sur l'enquête comme consultant. Et puis je rends service à...

C'est alors qu'une voix furieuse tonna de la pièce voisine. Une voix de femme...

Soudain, la porte claqua des geôles claqua dans un bruit assourdissant. A la grande surprise de Simbad, il s'agissait de Kyoshi, maquillée et habillée d'une tenue traditionnelle, fleurie et d'un rouge pourpre du plus bel effet. Deux gardes du corps lui collaient les talons, suivit d'Ethna et du geôlier.

- Vous ne pouvez pas interférer dans l'arrestation de ces criminels Gouverneure ! Ils sont suspectés de...

- Je n'ai que faire de vos soupçons, Maréchale ! la coupa Kyoshi. C'est moi, et moi seule qui les ai envoyés dans le quartier du Musée hier soir pour des raisons qui ne concernent que le conseil restreint ! Je vous ordonne donc de les libérer sur le champ !

- Je ne suis pas en droit d'accéder à votre requête Gouverneure, répondit Ethna d'un ton sec.

- Ah bon ? s'indigna Kyoshi l'air menaçante.

La gouverneure s'avança vers la cellule de Simbad et Mira, malgré les menaces de la maréchale.

- Vous là ! interpella-t-elle en s'adressant au geôlier. Si vous ne voulez pas terminer au fond du Terrier, ouvrez-moi cette porte ! SUR LE CHAMP !

- Et moi, je vous donne l'ordre de rester où vous êtes, répliqua la maréchale.

L'homme resta immobile, tremblotant tout en regardant tour à tour les deux femmes. Elles avaient autant le droit de le commander et dans l'état actuel, désobéir à l'une d'entre elles signifiait son renvoi immédiat.

- Vous n'avez aucun droit ici Gouverneure ! Si vous voulez les libérer, il va falloir que le conseil me fournisse une preuve de ce que vous avancez !

Kyoshi devint rouge de colère. D'un mouvement de tête, elle fit sortir ses gardes du corps de leur torpeur. Les deux vinrent tout à tour démonter les portes des cellules où Simbad et Mira se trouvaient. Après un lourd fracas dues aux gonds qui sautaient un à un, ils posèrent la porte aux pieds du geôliers avant de se replacer derrière leur maitresse.

Kyoshi s'approcha des cellules maintenant ouverte, regarda froidement Simbad et Mira, puis leur fit signe de sortir de là.

- Je suis Gouverneure de la république, Ethna ! dit-elle en se retournant. Si j'apprends, à nouveau, que vous avez mis un de mes agents en prison, pour n'importe quel motif que ce soit... Vous pourrez dire adieu à vos privilèges.

Elle vint se poster nez à nez avec la maréchale qui restait à l'entrée dans une posture militaire. Son air toujours fier et pas le moins du monde impressionné par le tour de force qui avait été opéré sous ses yeux.

- Me suis-je bien faite comprendre ? Reprit-Kyoshi d'un ton mordant.

- Vous avez été parfaitement claire Gouverneure. Répliqua calmement Ethna.

- Vous m'en voyez ravie...

Kyoshi ne demanda pas son reste puis sortit de la pièce suivit de ses hommes. La maréchale resta immobile, le regard impassible pendant que Simbad et Mira quittait la pièce à leur tour. La voleuse profita de son immunité précaire pour défier la du regard la haute fonctionnaire de la république.

Simbad ne pouvait s'empêcher de penser à quoi pouvait penser Ethna à ce moment-là. Personne ne pouvait le savoir, mais on pouvait aisément deviner que tout cela ne lui avait pas plu.

[à suivre...]

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