Captive

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Je me réveille en sursaut comme sortant d’un cauchemar, une sirène hurlante à mes oreilles. Alors que je me redresse subitement, ma tête heurte le « plafond », plafond que je juge bien trop bas à mon gout. En effet ce dernier arrive à peine à quelques dizaines de centimètre de mon nez, juste de quoi me retourner. Je me recule et mon dos vient se poser sur le mur, le froid mordant de l’acier me fait aussitôt regretter mon geste. Mes muscles sont encore raides, suite à l’utilisation abusive du taser. Je penses à Hélios, est t’il en danger ? Ou bien attends t’il mon retour ?

– Hé toi la nouvelle tu te bouge oui ou non ?

Je baisse les yeux pour croiser le regard d’une femme, la soixantaine bien sonnée, les cheveux gris filasse tombant sur des épaules décharnées.

– Alors ? Ils n’ouvriront pas la porte tant qu’on n’est pas toutes contre le mur.

Je me dépêche de sauter de la couchette sur laquelle j’étais allongée. A l’atterrissage mes genoux fléchissent et je tombe à genoux. J’entends le grognement agacé de la sorcière, car c’est vraiment ce à quoi elle ressemble. Me saisissant fermement par le bras, je suis étonnée de la force qu’elle possède, elle me relève sans aucun ménagement et m’aligne à coté d’elle, dos au mur glacé de la cellule. Nous faisons face à une grande baie vitrée, derrière elle, des hommes armés.

– K0-8, présente toi à la porte.

Cela fait bien longtemps qu’on ne m’a pas appelé par ce matricule. Je décide de ne pas bouger, je ne suis pas un cobaye auquel on donne un numéro, je suis Séléné.

– Je répète, K0-8 merci de te présenter à la porte.

Trois autres visages se tournent vers moi comme un seul corps.

– Hé, je crois que c’est toi qu’on appel, me souffle la vieille femme.

Je réponds haut et fort, pour que tout le monde l’entende :

– Non, je ne m’appelle pas K0-8 mais Séléné. Aussi j’attends qu’on m’appelle par mon prénom.

Malgré leur masque, je les vois échanger des regards dubitatifs, la posture jadis affirmée devenue hésitante. Puis après un long moment la voix grésillante reprend :

– Séléné, merci de te présenter à la porte.

J’avance de quelques pas, les mains dans le dos.

– Les mains de part et d’autre de la porte s’il te plait.

Je m’exécute calmement. Pourtant mon cœur bat à tout rompre dans ma poitrine et un vague sentiment de nausée me soulève l’estomac.

Alors que la porte glisse sur dans le mur sans aucun bruit, les soldats me mettent en joug. L’un d’entre eux place autour de mes poignets des menottes magnétiques, les mêmes que celles de l’agent Saskia lors de mon évasion.

Alors que nous marchons dans le long corridor, j’observe les cellules voisines par les grande baies vitrées. Je croise des regards vide et dénués d’émotions, comme si leur corps n’était plus que des coquilles vide, des enveloppes charnelles sans âmes. De l’autre coté du couloir une grande vitre, qui part du sol au plafond et d’un bout a l’autre, laissant voir le vide en contrebas. Nous sommes hauts, bien trop haut et je ne peux m’empêcher d’avoir le vertige. J’essuie mes mains moites sur la combinaison blanche que je porte.

Nous arrivons devant un mur, un mur sans porte. Soudainement je sens une aiguille perforer la peau de mon cou. J’ai à peine le temps de me débattre que déjà je sens le liquide brulant se répandre en moi. J’ai l’impression qu’un brasier s’est emparé de mon corps, qui le consument de l’intérieur. Plus rien n’existe que cette douleur, jusqu'à ce qu’elle s’évanouisse complètement me laissant dans l’inconscience.

Je me réveille lentement, encore toute engourdie. Mes yeux peinent à faire une mise au point correcte sur ce qui m’entour.

– Quelle surprise…

A cette voix je me redresse tout à fait sur ma chaise.

– Laissez nous s’il vous plaît.

Devant moi Hayden se tient parfaitement droit dans un superbe uniforme à galons. Je devrais me réjouir de le voir mais cela m’est impossible. Pourtant une partie de moi espère encore, l’espoir qu’il soit toujours cet homme avec lequel je me suis fiancée autrefois.

– Hé bien ? Tu ne dis rien ? Je t’ai connue plus loquace.

Je suis en position de faiblesse, attachée à ma chaise, enfermée dans une pièce, elle même dans une sorte de prison de verre et d’acier.

Je le vois s’approcher doucement de moi. J’aperçois une bague au bout d’une chaine à son cou. Une bague sertis d’un bout de verre, ma bague de fiançailles que je lui ai rendue. Mon cœur se sert à sa simple vue.

– Ils m’ont dis que tu étais morte…

Sa voix frôle le murmure, susurrée à mon oreille. De sa main il caresse mon visage. J’ai envie qu’il m’embrasse, que tout redevienne comme avant comme lorsque nous étions aux grottes. Il se penche vers moi, jusqu'à ce que nos lèvres ne se trouvent qu’à quelques centimètres l’une de l’autre. Je ferme les yeux.

Tandis qu’il éclate de rire, une larme quitte son lie pour venir glisser sur ma joue. Mon espoir vole en éclat.

– Regarde toi, tu es pathétique !

Il se pince l’arrête du nez comme si un mal de tête commençait à le faire souffrir.

– Si bien entrainée au combat pourtant. Je savais que tu n’aurais aucune chance. J’ai suivie tes moindres faits et gestes depuis le moment ou tu es passée par la ville silencieuse. Une personne de la bas nous a contacté, il faut dire que la récompense sur ta tête était grande.

Je me souviens du regard de cet homme, celui qui, contrairement aux autres, a levé les yeux sur moi. Est ce lui ? Où est ce quelqu’un d’autre ? Je ne manifeste aucun ressenti, ni aucune colère contre eux. Ces gens, plongés dans la misère la plus total y ont vue là une opportunité de vivre quelques mois de plus avant de nouveau mourir de faim.

– Mes soldats étaient bien trop nombreux et pris en tenaille come vous l’étiez vous n’aviez aucune chance. Mais je sais que cette technique ne fonctionnera pas pour les grottes.

Je lève à nouveau les yeux sur lui, la panique monte en moi.

– Laisse les, tu sais qu’ils n’ont rien fait !

Ma voix est éraillée et gronde comme le tonner. Il s’accroupis devant moi et prend mon menton entre son pouce et son index pour me fixer dans les yeux.

– Petite chose insignifiante que tu es. Penses tu que je vais me satisfaire de toi ? Ho non, je vais tout les faire exécuter, tout ceux de ton espèce.

– Pourquoi ? Qu’est-ce que nous t’avons faits pour mériter une telle chose ?

– Ce que vous avez fait ? Je ne pensais pas qu’ils aient raison au début. Je pensais qu’ils se trompaient sur votre compte, à vous les Exclus. Mais vous êtes la pire des races qui puisse exister.

Ses mots me touchent en plein cœur. Je ne peux pas accepter que Hayden soit devenu l’un des leurs, c’est impossible, pas lui.

– Pourquoi dis tu ça ?

Son rire raisonne et ricoche sur les murs de la pièce.

– Par ce que je te haï Séléné. Personne ne m’a fais souffrir autant que tu l’as fais. Je t’ai tout donné, j’ai tout quitté pour toi. Je me suis mis en travers de ma famille. Je t’ai sauvé la vie ! Et après avoir accepté ma demande en mariage que fais tu ? Tu t’enfuis en ne laissant derrière toi qu’une lettre et la bague que j’avais fais pour toi. Tu ne veux pas de moi ? Tu ne seras à personne et toi et ta race de dégénéré seront exterminés.

Soudainement j’y pense !

– Qu’as tu fais de Doc…?

Son rire froid et sarcastique raisonne dans toute la pièce.

– Ils l’on laissé filés, trop concentré sur toi. Mais rassure toi, nous le retrouverons et quand il sera là, il regrettera d’avoir été mis au monde…

J’étouffe, j’ai beau respirer j’ai l’impression que l’air que j’inspire ne soulage pas cette sensation.

– Tout est de ma faute. Hayden je t’en supplie pardonne moi. J’ai entrepris ce voyage pour te retrouver et te dire à quel point je regrette. Mais je me rends compte que mes excuses ne sont pas à hauteur de ce que tu ressens. Hayden…qu’est ce que je peux faire pour réparer mes tors ?

– C’est trop tard Séléné. Rien de ce que tu pourras dire ou faire ne changera quoi que ce soit.

Il tourne les talons et quitte la pièce, me laissant seule avec mes remords.

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