– Hé ? Tu ne manges pas ?

Je regarde le plateau que me tends l’une de mes camarades de cellule. Je tourne la tête dégoutée.

– Je n’ai pas faim.

– Tu sais ont ne mange déjà pas beaucoup ici, alors je te le demande une deuxième et dernière fois avant qu’on se partage ce qu’il y a dans ton assiette. Est ce que tu manges ?

Je fais non de la tête et je vois un large sourire se dessiner sur son visage. Le malheur des uns fait au moins le bonheur des autres…

Où est Doc ? Que fais t’il ? Est t’il retourné aux grottes ? Je me recroqueville sur moi-même en position fœtale. Le prix à payer est trop grand, le tribut trop lourd à porter. Les jours passent avec une lenteur pesante, Hayden ne réapparait pas.

– Pourquoi tu es ici ?

Je sors de ma rêverie.

– De quoi ?

La vieille femme lève les yeux au ciel, excédée.

–Je t’ai demandée pourquoi tu es là !

– Ho…et bien c’est une longue histoire…

Je vois ses yeux pétiller de joie et l’espace d’un instant je crois voir un enfant auquel on va raconter un compte au moment du couché.

– Les filles, les filles ! Venez voir Séléné va nous raconter une histoire !

– Heu, ce n’est pas ce que j’ai dis…

Je laisse ma phrase en suspend. Les autres femmes viennent s’asseoir à nos cotés. Dans leur regard je peux y lire toute l’impatience et la soif d’en savoir davantage.

– Bon d’accord…

Je leur raconte mon histoire, depuis le début. Je leur parle de GP-2, je leur parle de Monsieur Harnois, je leur parle du Clan, je leur parle de tous les endroits que j’ai vus et les personnes que j’y ai rencontrés. Elles boivent chacune des paroles qui sortent de ma bouche. Parfois l’une d’entre elle me coupe la parole pour poser une question et les autres lui lance un regard courroucé. L’espace d’un moment je e sens fière de leur permettre de s’évader un pu de cette prison.

Les heures passent devenant des jours. Je m’inquiète beaucoup et je suis même angoissée. Mon petit frère me manque et je me fais du soucie pour Doc.

Un matin, les soldats viennent me chercher. J’obéie docilement à l’ordre de me présenter à la porte et de poser mes mains de part et d’autre de celle ci. Quand les menottes magnétiques se referment sur mes poignets je me sens plus que jamais prisonnière. On me tiens au joue jusqu’au mur du fond, j’attends que la seringue transperce ma peau avant de m‘effondrer dans le jaillissement de douleur.

Lorsque je me réveille je suis seule. Je reconnais sans peine la pièce ou j’ai revue Hayden il y a déjà plusieurs jours. Je sursaute lorsque ce dernier entre dans la pièce, fou de rage. Il se dirige droit sur moi, les yeux lançant des éclairs. Lorsque sa main se lève, je n’ai pas le temps de tourner la tête que déjà elle s’abat sur ma joue. La gifle fut tellement violente que je vois des étoiles danser devant mes yeux.

– Comment as tu fais !

J’ouvre la bouche pour répondre qu’il me saisie déjà par les épaules pour me secouer.

– Si tu ne répond pas je jure de t’arracher la langue ! Comment as tu fais pour les prévenir !

Mon cœur explose dans ma poitrine. Je comprends immédiatement de quoi il parle : le Clan. Ils ne sont plus aux grottes, ils se sont enfuis, sauvés.

Entre deux secousses je parviens à articuler :

– Je n’y suis pour rien…

Il s’arrête.

– Tu ne réussiras pas à me faire croire qu’ils ont filés sans que personne ne les ai avertis ! Comment les as tu contacté ! Par des soldats ? Comment as tu fais passer ton message ? Qui est ce traitre !

– Tu deviens complètement parano ! Je sais que tu n’accordes que peu de crédit à l’intelligence des Exclus et du Clan en général. Mais ils ne sont pas stupides.

– Ou qu’ils soient Séléné, je les retrouverai et je leur ferais payer tes erreurs, ils te détesteront, ils te haïrons et même ton nom leur donnera des haut de cœur.

– Ils me haïssent déjà rassure toi.

Ces mots prononcés tout bas me font mal…parce qu’ils sont vrais. Je leur ai fais du mal, j’ai fais du mal à tout ceux auquel je tenais.

– Dans quelques jours ton procès aura lieu, et nous savons ce qu’il en sera.

Je ne pensais pas que cela aurait lieu si tôt…

– Tu finiras comme ce bon vieux Harmony. Quelle joie ce fut pour moi de le voir à la place qui lui revenait de droit.

Au dedans de moi quelque chose meurt. Emma m’avait prévenu, mais je ne pensais pas que les choses seraient si rapides pour lui. Qui sait peut être n’a t’il même pas eu de procès. J’imagine la pauvre Eden, enfermée dans un institut, à se demander si Rick pense toujours à elle, attendant qu’il vienne la délivrer. Mais il ne viendra jamais…

– Tu n’es qu’une coquille vide. Tu n’as plus ni âme ni cœur. Tu n’es qu’une enveloppe charnelle dénuée de sentiments. Comment peux tu être tombé aussi bas jusqu'à te délecter de la mort d’un homme.

Ses lèvres s’étirent dans un large sourire. Il s’approche et vient me susurrer à l’oreille.

– Mais Séléné, c’est toi qui m’as rendu ainsi, je suis ton œuvre.

Assise en tailleur sur le solde la cellule je me demande si Hayden a raison. C’est de part ma faute qu’il est devenu ce qu’il est. Mais chacun est responsable de ses choix n’est ce pas ? Pourtant une partie de moi se sens coupable des agissements de ce monstre qu’il est devenu.

J’attends mon procès, pourtant rien de tout cela ne me semble réel. Je parle peu, voir pas du tout avec les autres femmes de la cellule. Je les intéressais pour leur raconter mon histoire, mais une fois leur curiosité assouvie que reste t’il ? Je me balance frénétiquement d’avant en arrière, pour calmer cette angoisse dans ma poitrine. Je dors beaucoup, trop en réalité. Mais la tristesse me fait somnoler. Seule les sortie à la douche et les maigres repas rompent la monotonie de la journée. Elles se ressemblent toutes et j’ai cessé de les compter. Le repas d’aujourd’hui a un gout étrange, presque chimique. Les bouchées laissent une sensation amère sur ma langue.

– Séléné, merci de te présenter à la porte.

Machinalement j’avance jusqu'à la porte. Ils n’ont pas besoin de me demander de placer les mains de part et d’autre que je le fais déjà. Puis tout s’enchaine, les menottes, le couloir la piqure.