XXIX- Du plus bel éclat 1/2
Je fus réveillé le lendemain par le son des cors de guerre. Chaque section de l'armée avait le sien et le son qu'il faisait donner un ordre ou signalait au commandement un état. Dans le cas présent, c'était le réveil des troupes. A droite comme à gauche, le son des cors précédait une activité frénétique. Aujourd'hui était jour de bataille. Un messager était parti dans la soirée de hier avec l'acte de guerre, sa mission était de le donner au camp adverse. Telle était le déroulement légitime de la guerre. Le message est revenu quelques temps plus tard, au moment où je sortais de la tente du forgeron. J'ai assisté à la fête que ses camarades lui firent parce que rien ne garantissait qu'il reviendrait. Nombre de ses messagers ne reviennent pas en un seul morceau, habituellement. Ses chances de survie à ce messager était équivalente à zéro, il était allé en Enfer. Mais il est vivant. Et en ce nouveau jour, je le voyais arborer fièrement les couleurs d'Œ et aller et venir en portant la bannière.
Après avoir pris mon petit déjeuner seul dans un mess où toutes les places étaient prises, je suis retourné voir le forgeron. Silencieusement il m'aida à mettre chacune des parties de mon armure. Une fois celle-ci complétement mise, j'ôtai le heaume en me disant que je le mettrai plus tard. En me regardant fin prêt, le forgeron s'agenouilla devant moi. Puis il se redressa en me disant qu'il ne craignait plus rien quant à l'avenir de la Terre d'È. Je le remerciai en balbutiant quelques mots puis je sortis.
"Arn, m'intercepta le Chevalier Rollon, te voilà paré à faire trembler nos ennemis !
- Je l'espère.
- Avant cela, tu vas te montrer aux troupes et les remplir de courage et d'espoir !
- Hein ?! Je fis tout à fait surpris et terrorisé à l'idée.
- Viens avec moi."
Et je remontais l'allée allant vers la tente des Chevalier en marchant à côté du Chevalier Rollon. Le Chevalier Nonn apparu à notre niveau et nous emboîta le pas. Puis ce fut au tour de Harlan qui se mit à gauche, puis les Chevalier Acar, Bergam et Antib.
Devant la tente des Chevaliers il y avait un espace large et dégagé sur une bonne vingtaine de mètres de largeur. Ce matin toute l'armée attendait en faisant face à la tente bleue. Mon père était devant l'armée en compagnie du Chevalier Arl qui avait monté son cheval, la jambe toujours dans un bandage qu'il tentait de cacher sous un veste bleue descendante.
L'armée devant laquelle nous nous arrêtâmes était constitué de cinq section rangée en colonne. Le Capitaine de section était devant ses hommes et à côté de lui le sonneur de cor et le porte-drapeau. Aujourd'hui il n'y avait qu'un drapeau, celui d'Œ, mais j'ai observé devant certaine tente des armoiries que j'avais découvert sur mes galons d'écuyer. Celles du Royaume d'Arl par exemple avait un fond azur identique à la couleur de la tente derrière moi, sur laquelle trônait une couronne de lauriers blancs. Les armoiries du Royaume de Dann était un mât et une voile de navire d'un bleu clair sur un fond étonnamment blanc. Celles du Royaume de Bergam semblaient représenter les murs d'une ville sur un fond noir, celles du Royaume d'Antib sont très colorés avec le symbole du Soleil jaune sur un fond rouge et enfin les couleurs d'Acar sont vertes avec un arbre en symbole qui à le tronc et les branches marrons et les feuilles blanches.
Quand tout le monde avait pris sa place, chaque Chevalier, Acar, Bergam, Nonn et Antib ainsi que Harlan, s'était positionné devant une section, les cors résonnèrent longuement, après quoi les soldats crièrent "Hurrah ! Hurrah !". Quand le silence revînt le Chevalier Rollon, tout sourire, prit la parole :
"La bataille est proche ! La fin de la guerre aussi ! Demain vous retrouverez toutes et tous vos familles, vos enfants, vos proches ! Pourquoi suis-je si sûr de moi ?! Parce que nous avons aujourd'hui l'envoyé des Gardiens avec nous ! Parce que le pacte n'est pas rompu et nous ne nous dirigeons pas vers la fin ! C'est le début d'une nouvelle ère !"
Il dit cela en terminant par lever le poing, c'était le signal pour que les vivats reprennent une deuxième fois.
Puis le Chevalier Rollon me fit signe de m'approcher et de prendre la parole... Un vent de stress me prit et je sentis la panique revenir comme hier soir... Un regard vers mon père à droite me fit me calmer. J'entendais de nouveau ses paroles "Tu incarnes le héros dont la Terre d'È a besoin". Je calmai ma respiration, je me concentrais et j'avançais. Le Chevalier Rollon me chuchota "Dit quelque chose d'encourageant". Nouveau stress et je voyais passer devant moi toutes les paroles que je pouvais dire, les lettres, les mots, les phrases tournaient autour de moi lorsque je choisis des paroles. Je ne sais pas d'où elles me proviennent, je pensais les avoir entendues une fois sortie de la bouche de quelqu'un d'autres :
"A... je toussotais une fois parce que j'ai commencé avec une voix trop aigu. Et je repris : A la Guerre ! A la liberté !"
Et les hurrahs montèrent avant même que j'ai l'idée de trouver d'autres mots. Les cris avaient une force vive et les cors résonnèrent en écho. Le Chevalier Rollon était content de moi. Les autres criaient avec leurs troupes.
Par la suite les colonnes filèrent en dehors du camp pour se positionner sur le champ de bataille. Le Chevalier Arl rejoignait la sixième section de l'armée constitué de cavaliers. Face aux lignes en formation, celles de nos ennemis étaient prête. Le noir était leur couleur fétiche, du noir de leur armure jusqu'à celui de leur regard.
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