XXXI- De la Porte de l'Enfer et de la magie 2/2
"Si quelqu'un à une idée, qu'il nous la présente." S'exclama le Chevalier Rollon devant la Porte de l'Enfer.
Nous venions de traverser les ruines de la forteresse dans la Vallée Profane après avoir observé les corps de toutes les Bêtes de l'Enfer partir en poussière noire sous le petit vent qui nous poussait par derrière. Des vingt faux Chevaliers, des Ops et des Orures, il n'en restait rien.
La Porte, quant à elle, ne semblait plus s'agiter de flammes. Sa surface liquide immobile reflétait parfaitement nos corps et nos postures pensives. Devant elle, personne ne savait quoi faire. Elle avait une forme ovale mesurant quatre ou cinq mètres de haut et la moitié moins en largeur.
"Si on détruit les pierres et que tout s'écroule, vous pensez que cela marchera ? Proposa Harlan sans y croire. Mon père hocha la tête négativement.
- D'une part les pierres ne viennent pas de notre monde et sont indestructibles, d'autre part elles garantissent que la Porte ne grandisse pas. Je pense donc qu'il ne faut pas y toucher
- Comment être certain de cela ? Demanda le Chevalier Arl qui boitait en s'approchant des pierres.
- Tyr a développé ces idées. Jusqu'à présent ces certitudes se sont avérées." Le Chevalier Arl tendit sa main dans l'objectif de vérifier ces paroles mais à la dernière seconde il se ravisa et préféra toucher les pierres uniquement de son regard
Et nous retournions dans un silence troublant. La Porte ne s'agitait vraiment plus de sorte que j'ai commencé à penser qu'elle était éteinte. Oui, puisque nous n'avons assisté à aucune apparition de Bête de l'Enfer depuis que nous sommes devant et qu'il semblerait que toutes celles qui avait passé la Porte soit réduite en miette. Cela n'était pas le signe de son extinction ?
Avant de présenter ma réflexion au groupe je voulais m'assurer que ma pensée n'était pas une idiotie. D'autres questions me vinrent à l'esprit et la première me parut tellement sensée que j'osa la poser :
"Qu'est-ce qu'il se passera si on touche la surface de la Porte ? Le silence après mes paroles fut pesant, alors je développai : Je veux dire, peut-on faire le chemin inverse et aller en Enfer ? Avec mon pouvoir j'y vais et je casse la gueule à tout le monde là-bas.
- J'aime la façon de penser de ce garçon ! Dit Finn avec amusement.
- Mais c'est pure folie... reprit mon père. Personne ne sait ce qui se passera, ce qu'il y a de l'autre côté et surtout si ton pouvoir restera en toi en Enfer.
- Hmm... c'est bête." Je fis dépiter.
Et le silence reprit sa place. Le Chevalier Arl qui était resté près de la Porte fit le tour de celle-ci clopin-clopant. Et il haussa les épaules quand on le vit reparaitre à gauche.
Devant l'impuissance visible due à notre méconnaissance, une idée nouvelle germa en moi et je posais la question suivante :
"Quelqu'un a déjà tenté d'entrer en contact avec les Bêtes de l'Enfer ? De la même manière, cette première question ouvrit un silence gênant. Je veux dire, on sait que certaines peuvent parler dans notre langue. Donc le dialogue peut se faire, on peut échanger avec diplomatie... parler, discuter, se connaître mieux quoi. Non, rien ?
- Si. Fit doucement le Chevalier Rollon. Il se tourna vers mon père par la suite. Mais ceux qui l'ont fait sont devenus dangereux.
- Comment cela ?
- Ceux sont des magiciens noirs. Reprit mon père. Ils vénèrent l'Enfer et ils sont peut-être derrière l'apparition de cette Porte et peut-être de toutes les précédentes. Ils sont mauvais, oui.
- Donc... ils sont entrés en communication avec l'Enfer mais ont coupés tous liens avec le reste des humains de la Terre d'È. Je fis par déduction.
- En quelque sorte.
- Il faudra que vous me présentiez !
- J'oserai dire, fit mon père, que c'est prévu. Finn commença à rire à cet instant précis.
- Que de rebondissement ! Que de rebondissement !
- Je relève surtout qu'il y a encore beaucoup de choses que l'on ne me dit pas. Je terminai la discussion là-dessus en me retournant. Ne bougez pas, je reviens."
Tout content de pouvoir faire cela, je me propulsai en l'air d'un bond. Je sautai par-dessus les montagnes de la Vallée, en observant sans y prêter attention une ombre se dirigeant vers mes compagnons. Mon objectif était de voir si l'Oraco était encore là et heureuse chose, il l'était !
J'atterri à proximité de sa carcasse et du capitaine en pleine réflexion devant elle.
"Mon salut Capitaine.
- Mon salut... vous tombez bien... hmmm, si j'ose dire. Parce que je ne vois pas ce que je peux faire de ça. Et il pointa l'Oraco. Je voudrais bien découper ses os comme dans la légende et en faire des flèches. Mais j'avoue que je ne sais pas comment faire.
- Laissez tomber, je vous en débarrasse." Je fis en souriant.
Dès cet instant le corps de l'Oraco se souleva en l'air. Je fis de même. Puis nous nous dirigions vers la Porte de l'Enfer en remontant le chemin que je venais de faire.
Arrivée à une petite centaine de mètres de la Porte, toujours en l'air, je donnai une propulsion au corps de l'Oraco en direction de cette dernière. En même temps je criais à mes compagnons de faire attention et de reculer. Le corps de l'Oraco fila dans les airs la tête la première et les ailes toujours refermées sur son corps. Dans un grand fracas et avec des sons de craquement d'os et de pierres qu'on ne put entendre qu'ici, le corps de l'Oraco brisa la Porte en mille morceaux. Les pierres éclatées s'éparpillèrent sous et autour du point d'impact du monstre.
En un instant la Porte de l'Enfer fut détruite. Tout fier de moi je retouchai terre près du Chevalier Rollon et de mon père.
"Mais qu'est-ce que tu as fait ?! Me cria dessus ce dernier.
- J'ai fait confiance à l'instinct de Harlan. Chacun suit ses modèles. Je lui ai juste donné les moyens qu'il ne pouvait avoir. Le Chevalier Rollon observa les lieux où se trouvaient anciennement l'origine de tous les maux et il soupira.
- En soi, je crois bien que c'est réglé." Finit-il par dire.
Chacun des Chevaliers me firent la fête, Harlan me serra la main au risque de la broyer et Finn me fit une accolade en riant.
Mais un trouble-fête arriva près de nous et prit la parole :
"Que venez-vous de faire ?! L'Enfer ne permettra pas cette injure !"
Et nous nous retournions tous vers cette nouvelle personne. Il avait une longue cape cachant une bonne partie de son corps mais Harlan le reconnut :
"C'est l'espion de l'auberge !"
A cette exclamation, cet "espion" pointa sa main droite et fit claquer ses doigts. Un instant plus tard nous avions quitté la Vallée Profane pour se retrouver dans une salle entourée de murs de pierres, de voûtes et de fenêtres brisées.
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