Le bureau du chef était une pièce assez vaste. A droite en biais, un grand bureau passablement en pagaille, à gauche une petite table de conférence avec six chaises autour. Derrière le bureau des rayonnages pleins de dossiers.

Steve était assis sur le coin du plan de travail. Il discutait avec Erin debout devant lui. Comme elle lui masquait la porte il se pencha pour voir quel était cette visite.

  — Christa ! Quelle surprise !

  — J’avais promis de passer un de ces jours. Jai croisé Carlos à la Voie Lactée, et du coup je l’ai ramené dans ma voiture. Salut Erin !

La mercenaire s’était retournée d’un bloc en entendant Steve prononcer le nom de la visiteuse. Ils lui firent chacun une bise sur la joue. Steve proposa de s’asseoir autour de la table de conférence. Christa s’installa coté mur, Steve dos à la pièce. Erin hésita, et finalement attrapa une chaise en bout de table. Steve fronça les sourcils en la regardant, mais elle lui jeta un regard de défi.

  — Bon, alors les guerriers on prépare la prochaine ?

Steve répondit en souriant :

  — Oui, la prochaine expédition de sauvetage… Ben c'est évident : il nous faudra bien récupérer Melle Kalemberg dans le guêpier où elle ne manquera pas de se fourrer.

Christa leva les mains paumes ouvertes.

  — Pax ! J’ai été insolente, j’ai eu la réponse que je méritais. Je vous présente mes excuses.

  — Tu sais très bien que rien ne venant de toi ne pourrait nous vexer.

C’était Erin qui avait relancé.

  — Tu es trop indulgente. Je n’ai pas envie de t’obliger à venir me border dans un lit d’hôpital une troisième fois.

  — Il y en a qui viennent te border, il y en a d’autres qui risquent leur vie.

Steve était visiblement assez irrité. Erin lui répondit sur le même ton :

  — Que veux-tu ! Certains sont adroits, d’autres pas.

Christa remarqua quand même que le ton était aigre-doux entre les deux mercenaires, mais elle ne comprenait pas pourquoi. Au début, elle avait cru à une petite plaisanterie entre eux, mais force était de constater qu'il y avait une vrai agressivité latente. Elle essaya de changer de sujet, pour rompre ce climat étouffant auquel elle ne s'attendait pas.

  — Vous savez, j'ai été très déconcertée par la bataille sur l'astéroïde. Ça a été tellement vite, pas de place pour la moindre erreur. Tu étais vraiment impressionnante Erin dans ta combinaison de combat.

  — Je ne voudrais pas que tu gardes de moi que cette image, flatteuse certes, mais réductrice. Je ne suis pas qu'une combattante, je suis aussi une femme, avec ses faiblesses, ses sentiments...

Christa regarda la mercenaire avec surprise. Steve était vert de rage. Il intervint maladroitement.

  — Tu vas nous faire pleurer. Tu es bien plus crédible dans l'action que dans la guimauve.

Christa fut stupéfaite par la vulgarité de la réflexion et du mépris sous-jacent. Jamais Steve ne lui était apparu sous ce jour là. Elle ne savait plus quoi dire. Erin, très remontée, répondit vertement :

  — Tu es mal placé pour me reprocher ça. Visiblement ta virilité te sers plus au combat que dans une chambre.

Christa sentit que la discussion était en train de déraper et que ,si elle continuait comme cela, ils étaient capables d'en venir aux mains. Elle eut une idée pour détourner la colère de Steve.

  — Et si vous me faisiez visiter votre camp retranché Steve ?

  — Bonne idée. Suivez-moi.

Il avait bondit sur ses pieds et lança au passage un regard provocateur à Erin.

  — Je te laisse le dossier Pinker’s. Étudie-le, on en reparlera tout à l’heure.

Erin, blême de rage, les regarda partir.

Steve fit traverser le bâtiment à Christa, en lui expliquant le rôle les différentes pièces, avant l'emmener dans la cour.

  — Le bâtiment principal abrite au rez de chaussée les bureaux ainsi qu’une petite cantine, en fait une cuisine et une salle à manger pour dix personnes. Si tout le monde est présent, il faut faire deux services. Au premier étage, j’ai un petit appartement, et au deuxième il y a deux dortoirs. Au sous-sol, nous avons une partie de notre matériel, celui qui n’est pas dangereux. Les armes et les explosifs sont à l’abri dans le bunker semi-enterré, à droite de notre bâtiment. Je pense qu’il est l’un des plus sécurisés de la planète, ceux de l'armée compris. Nous voici devant le champ de tir. Mettez ce casque pour protéger vos oreilles.

Il fit une démonstration de tir avec diverses armes que lui avait apporté un de ses hommes. Puis il entreprit d’en faire essayer une à Christa. Le pistolet laser n’était pas dur à tenir mais la précision du tir n’était pas là. Pour un test avec un pistolet de calibre moyen il se plaça dans le dos de sa visiteuse et l’entourant de ses bras l’aida à pointer l’arme en la conseillant pour viser la cible. Le recul surprit Christa. Déséquilibrée, elle s’appuya contre sa poitrine, un peu plus que nécessaire lui sembla-t-il, ce dont il ne se plaignit pas. Puis ils revinrent vers le bâtiment.

  — Je veux vous faire les honneurs de mon appartement, ce serra plus sympathique que mon bureau comme décors pour prendre un verre.

  — Hum, mettre les pieds dans une garçonnière, je ne crois pas qu’une femme bien élevée puisse accepter.

  — Je ne crois pas qu’une femme bien élevée entrerait dans un repaire de mercenaires.

  — Attention Steve, vous êtes en train de dire que je ne suis pas une femme bien élevée ! Cela dit, et en dehors de votre jugement sur mon éducation, c'est vrai. En quelque sorte le pire est fait. D'autant plus, que j'ai déjà pris un jeune et beau mercenaire en stop, un mercenaire qui, à vous en croire, s'est construit une solide réputation auprès des femmes. Alors va pour la garçonnière.

L’appartement était simple. L’entrée donnait directement sur le séjour. A droite en entrant la chambre, au fond la cuisine et vraisemblablement entre les deux la salle d’eau.

Christa s’était assise sur le canapé. Steve ouvrit le bar et remplit deux verres. Il revint vers la jeune femme et lui en tendit un avant de s’asseoir à coté d’elle. Il leva le sien et il trinquèrent. Ils restèrent quelques instants ainsi sans rien dire puis Christa posa sa main sur l’avant bras de Steve. Il la regarda dans les yeux, elle soutint son regard. Alors il posa son verre sur la petite table, débarrassa la jeune femme du sien et se pencha doucement pour l’embrasser. Elle lui pris les avant-bras pour l’empêcher d’avoir les mains trop baladeuses, tout en répondant à son baiser. Il releva la tête et s’apprêta à dire quelque chose, mais elle lui coupa son élan en posant un doigt sur sa bouche. Il sourit et saisit sa main pour la couvrir de baisers puis il l’entoura son invitée de ses bras puissants et ils s’embrassèrent à nouveau.

Quand il se redressa, il glissa un bras sous les cuisses, l’autre dans le dos de la jeune femme, et il se mit debout tout en la soulevant comme une plume. Elle s’accrocha à son cou, souriante. Il se dirigea vers la chambre, et la déposa avec délicatesse au milieu du grand lit. Elle laissa aller sa tête sur le traversin et l’observa. Il se pencha sur elle pour l’embrasser à nouveau alors que ses mains tentaient d’explorer ce corps dont il rêvait depuis si longtemps. Il défit les boutons de son chemisier. Enfin, ceux qui restaient, car Christa en avait déjà fait sauter deux pour agrandir son décolleté un peu avant, sur le canapé. Dessous, elle portait un bandeau à mémoire de forme, qui se moulait automatiquement sur ses seins, et qui remplaçait depuis longtemps les antiques soutien-gorges.

Elle déclencha elle-même son ouverture, et il écarta délicatement le tissu intelligent, pour découvrir sa poitrine. Sa main s’attarda sur les courbes douces, le pouce et l’index finissant par se refermer sur le téton en érection. Christa lui fit les gros yeux, mais ne tenta en rien de se soustraire à son investigation. Il se pencha pour déposer un baiser sur ces merveilleux petits monts, puis sa langue devint plus insistante, explorant la peau grenue des aréoles et entourant d’un soin particulier les audacieux petits cylindres durcis. Christa ferma les yeux et laissa échapper un long soupir, tout en caressant les épaules et le haut du dos de son compagnon. Sa bouche continua son exploration vers le bas, s’arrêtant sur le nombril, tandis que ses mains dégrafaient le pantalon. Christa se cambra pour l’aider à le lui enlever. Il revint à la charge, caressant du bout des lèvres son ventre. Il tira délicatement sur la culotte et la jeune femme se cambra à nouveau pour lui permettre de la faire glisser sous ses fesses. Le tissu avait à peine commencé à glisser vers le bas qu’il enfouit son visage dans le bas-ventre découvert. Christa repensa à la mine, alors que, par la force des choses, il avait déjà sa tête au même endroit. Elle fut prise d’un fou rire, et du coup n’arriva pas à tenir la position cambrée suffisamment longtemps, pour que Steve la débarrasse du dernier petit bout de tissu protégeant encore son intimité. Surpris, il releva la tête et lui adressa un regard interrogateur.

  — Je t’ai chatouillée ?

  — Non, ce n’est pas ça. Je repense à ce que je t’ai dit dans la mine de Tampiro : Monsieur Maroco vous exagérez…

Elle ne put terminer sa phrase, tellement elle riait. Steve rampa sur le lit jusqu’à ce que leurs deux visages soient proches. Il la regarda avec une grande douceur.

  — Je ne sais pas comment tu fais, mais je crois que ce qui aurait dû être le pire souvenir de ma vie, risque fort de devenir l'un de mes plus chéri.

  — La première fois où tu as pu approcher les portes du Paradis.

Elle était gentiment moqueuse. En fait, elle se sentait si bien ici, dans ce lit, dans les bras de Steve. Elle avait envie de rire, de chanter… Il se pencha et lui déposa un baiser délicat sur les lèvres. Pour le coup elle redevint sérieuse et, lui passant les bras autour du cou, elle l’attira sur elle dans un long baiser passionné. Elle sentait ses mains sur ses seins, elle se cambra et se rendit compte de son niveau d’excitation. Elle gloussa et, d’un geste précis, lui ouvrit sa chemise. Elle glissa ses mains entre le tissu et la peau, frottant doucement sa toison.

  — Tu ne t’épiles pas ? J’aime bien…

Il se débarrassa de son pantalon et glissa à nouveau au niveau de la taille de la jeune femme. Elle le laissa finir de la déshabiller. Ses lèvres parcouraient son bas ventre et l’intérieur de ses cuisses qu’elle écarta un peu plus. Elle sentit sa langue s’insinuer en elle. Elle ferma les yeux et froissa nerveusement les draps, se cramponnant à eux. Elle gémit et le supplia :

  — Doucement…

Il remonta progressivement son corps en un pointillé de petits baisers. Elle l’accueillit à nouveau dans ses bras. Elle promena ses mains sur son torse musclé, et descendit plus bas, glissa sur ses abdominaux durs comme l’acier, puis, plus bas encore, elle entoura de ses doigts son sexe dressé et le branla doucement. Pas pour l’exciter, il n’en avait nullement besoin, mais pour le plaisir de le posséder, d’en apprécier la raideur, de se dire que c’était à cause d’elle qu’il était ainsi. Pendant ce temps, il la caressait d'un doigt expert. Son corps fut parcouru d’un frisson presque douloureux.

« Viens » murmura-t-elle. Elle le guida en elle. Il la pénétra doucement et fit quelques va et viens courts et lents avant de s’enfoncer au plus profond de son corps. Elle replia les genoux et bascula son bassin pour mieux l’accueillir.

Christa sortit de la salle de bain en coup de vent. Elle était toujours nue. Elle récupéra ses vêtements épars et entrepris de se rhabiller.

  — J’ai faim. !

  — Pas de problème je t‘emmène en ville. On prend ma voiture devant l’entrée principale.

  — D’accord mais je passe prendre mes affaires dans la mienne derrière le bâtiment. Fait chauffer la mécanique je te rejoins tout de suite.

Elle dévala quatre à quatre l’escalier. En débouchant dans la cour, elle marqua un temps d’arrêt, éblouie par le soleil. Elle allait se diriger vers son véhicule lorsqu’elle aperçut Erin. Elle bifurqua dans sa direction. La guerrière semblait d’humeur maussade, mais Christa était trop sur un petit nuage pour s’en apercevoir.

  — Erin, je suis contente de te revoir.

L’autre s’arrêta mais ne montra aucun enthousiasme à entamer la conversation.

  — Je voulais te remercier pour tout ce que tu as fait pour moi.

  — De quoi parles tu ?

  — Chaque fois que j’ai été dans le pétrin tu t’es trouvée là pour me secourir…

  — Ne confond pas, c’est Steve qui était « motivé ».

  — Oui, bien sûr. Mais chaque fois, à mon réveil, c’est toi qui était à mon chevet. Et tu as toujours été très gentille avec moi. Je ne l’oublierai jamais. Et je te suis reconnaissante aussi de la franchise dont tu as fait preuve au sujet de Steve et toi …

Erin haussa les épaules, mal à l’aise. Christa s’approcha d’elle et la prit dans ses bras.

  — Merci pour tout. Tu es une chic fille.

Elle repartit vers sa voiture laissant la mercenaire plantée là au milieu de la cour.

Quand elle rejoignit Steve, celui-ci commençait à s’impatienter.

  — Qu’est-ce que tu faisais ? J’étais à deux doigts d’organiser une expédition de secours.

Christa éclata de rire.

  — J’ai croisé Erin. Ça tombait bien, je voulais la remercier pour tout ce qu’elle avait fait pour moi.

  — Ah bon ? De quoi s’agit-il ?

  — Et bien, à chaque fois que j’ai été en danger elle était là...

  — C’est son métier, je la paie pour ça. -Grommela Steve -

  — Je sais. Mais à chaque fois que je me suis retrouvée dans une chambre d’hôpital, elle était à mon chevet. Et ça c’était aussi son boulot ?

  — Elle est capable de prendre des initiatives.

Steve n’aimait pas trop la direction que prenait la conversation. Christa se méprit sur sa gène. En souriant, elle posa sa main sur son avant-bras .

  — Tu sais, elle m’a tout raconté…

  — Raconté quoi ?

Steve se sentait la gorge sèche.

  — Et bien…que vous aviez couché ensemble par exemple.

Steve rougit.

  — Ce n’est pas ce que tu crois….

Christa riait franchement.

  — Je le sais bien. Elle m’a tout expliqué après l’explosion dans la mine. Je ne suis pas jalouse de ton passé. Après tout moi aussi j’ai vécu. Tu as du t’en rendre compte aujourd’hui - Ajouta-t-elle d’un air coquin.

Steve avait de la peine à trouver les mots.

  — Heu.. et bien…Elle t’a dit…

  — Qu’elle n’était pas amoureuse de toi. Et j’ajoute que je l’aime bien et que je ne suis pas jalouse d’elle. D’ailleurs je l’ai embrassée…

  — Tu l’as embrassée ?

  — Enfin…j’aurais bien voulu lui claquer une bise, mais elle est trop grande, ou alors c’est moi qui suis trop petite. Et comme je n’avais pas d’escabeau sous la main, je me suis contentée de la serrer dans mes bras.

  — Et elle a dit quoi ?

  — Heu…rien. Elle avait l’air plutôt surprise.

Steve lâcha un gros soupir et démarra sa voiture.

  — Tu m’étonnes qu’elle ait eu l’air surprise.

  — Tu sais, je suis si heureuse que je voudrais que tout le monde autour de moi soit heureux aussi. Je voudrais partager ma joie avec chaque personne que je croise…

  — Holà ! Doucement ! Tu n’es peut-être pas jalouse, mais moi si.

Christa se retourna brusquement vers lui, le menaçant de son index.

  — Attention Steve. Deux choses à ne pas oublier. Tout d’abord, quels que soient les sentiments que nous avons l’un pour l’autre, je ne suis pas ta propriété. D’autre part, ce n’est pas parce que j’apprécie Erin que je ne suis pas jalouse. Je prendrais très mal le fait que tu engages une nouvelle fille dans ton équipe, même chauve et bossue.

  — Tu n’es pas logique : tu commences à me dire que je n’ai pas le droit d’être jaloux, parce que tu n’es pas ma propriété, et ensuite tu t’arroges le droit d’être jalouse de ton coté.

Christa secoua la tête d’un air navré.

  — Ah Steve, tu sais merveilleusement faire l’amour, mais au niveau de la psychologie féminine tu es nul. Je sens que je vais avoir du travail avec toi.

  — Moi aussi.

Il poussa un nouveau soupir mais au fond il était soulagé. Quant à la psychologie féminine il en connaissait une autre qui avait aussi des progrès à faire. Quoique, dans ce cas particulier, ce n’était peut-être pas utile.