Mehdi
Les pneus d’un 4x4 crissèrent sur le sable blond du côté de la piste. Trois hommes à bord, l’un scruta la maison, tandis que les deux autres auscultaient les alentours, la route, les dunes.
─ Tout semble calme, on y va. Tu restes au volant, toi !
Le ton du combattant en noir ne permettait aucune contestation, le chauffeur obtempéra tandis que s’éloignaient ses deux compères vers une masure basse, pauvre et misérable. Il se demandait pourquoi ce bled perdu dans le désert, qui pouvait être cet ennemi de l’islam recherché par ceux qu’il avait amenés par ici ? Trop de questions, pas de réponses. Lassé, il alluma une cigarette et attendit. Les deux miliciens revinrent rapidement, mécontents.
─ Démarre ! On retourne à Alep.
L’homme sur la banquette arrière cacha au sol les deux kalachnikovs, accompagnatrices dans leur visite de la maison. L’occupant du siège passager laissa éclater sa rage.
─ Il fallait s’en douter, il a pris le large et sans doute depuis longtemps. Maintenant, nous devons faire vite pour le retrouver avant qu’il entre en Europe, sinon, ce sera plus difficile de le neutraliser.
Fonçant en direction de la grande ville du nord, ils traversèrent des lieux de combats abandonnés aux tempêtes du désert et à la solitude. Une carcasse renversée d’engin blindé gisait au bord du chemin, tandis qu’un canon de 155 attendait d’hypothétiques servants pour le dégager du sable amené par de successifs simouns. Un peu plus loin, dans le manteau beige ondulé, un char calciné, défoncé par une roquette pourrissait doucement à côté d’un 4x4 intact, les portes ouvertes. Le véhicule des hommes en noir poursuivit sa course folle vers Alep. Sur le siège arrière, l’un du trio resta perplexe sur ce qu’il venait de voir. « Le désert avale tout, broie tout, digère tout. Victorieux ou battus, il nous aura aussi, nous sommes tous issus du désert et nous y retournerons, quoiqu’il advienne, béni soit Allah, ainsi soit sa volonté ! »
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